Pêche du Tenya du bord… et pourquoi pas !

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Depuis quelques années, le tenya est devenu une technique incontournable lorsque l’on pêche en bateau. Pourtant, du bord, elle est très peu répandue, voire quasi inexploitée. Étant un pêcheur qui ne parie que sur la polyvalence des leurres artificiels, j’ai très vite changé d’avis face à l’efficacité des appâts naturels ! Il faut dire aussi que la pêche en surfcasting m’a toujours donné envie… C’était l’occasion ! Et c’est ce qui m’a poussé à combiner les deux techniques : d’un côté, le tenya qui fait office de leurre permettant d’aller chercher le poisson, voire attiser son agressivité grâce à ses filaments, et, d’un autre, l’appât, qui lui apporte une touche olfactive et rend l’ensemble vivant, très proche d’une proie naturelle.

CHOISIR SON SPOT / DÉFINIR UNE ZONE DE PÊCHE

Lorsqu’on débute le tenya du bord, avant toute chose, il faut trouver les spots “pêchables”. L’idéal étant, pour définir une zone, de faire un repérage à marée basse afin de découvrir les zones entièrement sablo-vaseuses et, si possible, avec du relief. Une fois recouvertes par la marée montante, ces excavations abritent d’importantes quantités d’espèces. La recherche de fonds peu rocheux permet de pêcher sans se soucier d’une éventuelle accroche, il est tout à fait possible de pêcher dans la roche, mais il est plus judicieux de faire ses armes pour commencer sur des fonds sableux. Les digues sont aussi de très bonnes zones puisque le poisson se tient en bordure, il est donc très facile à trouver. Les zones portuaires, quant à elles, lorsque la pêche y est tolérée, peuvent être intéressantes à prospecter en verticale le long des bordures. Les lumières notamment, présentes le long des quais, attirent pas mal de poissons en saison estivale.

LE CHOIX DU MATÉRIEL

Toute canne est utilisable pour cette technique en “lancer ramener” et d’autres, “spéciales tenya”, seront quant à elles plus adaptées à la pêche en verticale du bord. Pour cette pratique, j’utilise principalement 3 modèles de cannes différentes. En lancer-ramener, j’opte pour une Légalis, canne ultra light en 2,34 mètres, ayant une puissance comprise entre 1 et 10 grammes pour les pêches finesses quand le poisson se tient près du bord. Une autre, la Légalis Tenya, qui est spécialement conçue pour cette pêche, est idéale pour les pêches verticales le long des berges en zones portuaires. Elle m’est d’ailleurs très utile également en kayak. Et enfin, une troisième plus longue, la Légalis Seabass en 3,34 mètres, qui me permet d’effectuer des lancers sur de longues distances quand le poisson se tient loin du bord. Concernant ces deux dernières cannes, le grammage est compris entre 10 et 42 grammes. Ayant un œil attentif sur mes dépenses, surtout en cette période particulière, je préfère opter pour des cannes à petit prix. Cela me permet de posséder plusieurs cannes complémentaires. Un budget de 200 € pour 3 cannes (sans moulinet) me semble judicieux pour commencer. Je privilégie toujours des scions avec une action médium lorsque l’on pêche avec cette technique. Les actions fast et ultra fast peuvent être utilisées, mais attention de ne pas ferrer à la moindre touche, car une fois l’esche retirée violemment de la gueule, le poisson prend peur et se rend compte de la supercherie avant de fuir.

Au niveau moulinet, pour les pêches light, je me suis équipé de modèles en taille 2 500 (Legalis & Prorex LT). Leur légèreté, associé au faible ratio de récupération proposé, est idéal pour ramener son tenya le plus lentement possible. Concernant les pêches plus lointaines, j’opte plutôt pour un Daïwa BG 3 000, qui offre une meilleure contenance de fil. Pour ce qui est du fluoro, j’affectionne tout particulièrement le Topknot Leader de chez Yo-Zuri qui a pour spécificité de résister fortement à l’abrasion. Je préconise d’ailleurs des diamètres importants car le corps de ligne doit permettre de ne pas casser dans les obstacles si l’on pique un joli poisson, surtout sur des fonds sableux avec une forte présence de coquillages.

Ici une gamba eschée sur un Deep Explorer prêt à l’emploi. Les sparidés les apprécient particulièrement.

LE PLUS IMPORTANT… LE TENYA !

 Le plus important reste le choix du grammage et du modèle de tenya à uti­liser. Il en existe désormais une multitude sur le marché et il y en a pour tous les goûts ! Étant testeur pour la société Flashmer, j’ai eu l’occasion d’essayer différents échantillons de la marque Explorer Tackle qui propose 4 modèles très spécifiques : les sparas, les deeps, les breams et les shallows que j’utilise principalement. La gamme des shallow se décompose en deux parties, d’un côté les Explorer shallow, ayant un panel de grammage allant de 10 à 50 grammes, dotés d’hameçons très robustes, ce qui fait d’eux des produits incontournables sur ce marché. Les Rock shallow, quant à eux, commencent à 5 grammes pour le plus léger et 10 grammes pour le plus lourd. À noter qu’un grammage intermédiaire de 7 grammes est également disponible. La particularité est qu’ils possèdent des hameçons principaux plus petits et que leurs profils plats permettent d’effectuer une descente planante ainsi qu’une glisse plus favorable sur les différents reliefs du fond, garantissant ainsi une récupération plus fluide et sans accrochage. Cette caractéristique améliore le contact avec le tenya et augmente la sensibilité des touches. Le choix des couleurs se fera essentiellement en fonction du poisson recherché. Les coloris coque et phospho gris sont très efficaces sur les poissons plats qui, étant extrêmement curieux de nature, affectionnent les couleurs flashy. Pêchant aussi sur des tombants compris entre 15 et 20 mètres de profondeur, j’aime recharger les modèles phospho grâce, notamment, à la lampe U.V. Cela ajoute un atout complémentaire au montage surtout quand on recherche le flet ou la plie.

Sur les zones où la pression de pêche est forte, j’utilise des modèles discrets comme les coloris huîtres permettant de camoufler le tenya lorsqu’il s’enfonce légèrement dans le sable. L’idée étant de rendre l’ensemble plus naturel sur le fond (arénicole, gamba, …).

CHOIX DES ESCHES

Pour trouver l’appât idéal, je me fie essentiellement à la faune présente sur le spot. Pêchant uniquement sur des fonds sableux, j’alterne alors entre arénicole, vers de sable et chair de coquillage. Lorsque les lancers doivent être appuyés, je ligature l’ensemble en partant de l’hameçon principal jusqu’à l’assist hook, en prenant soin de ne pas ligaturer les filaments, ils sont très importants puisqu’ils donnent vie à l’ensemble.

Les lamelles de calamars ou la chair de maquereaux fonctionnent très bien à certaines périodes de l’année, et plus particulièrement en période automnale/hivernale. Les effluves dégagés sont fortement attractifs et la chair tient très bien sur l’hameçon. Trop habitué à pêcher au leurre, il m’est arrivé d’oublier les esches à la maison… Je pensais  alors que ma session était tombée à l’eau, mais, au final, après un quart d’heure de recherche, je me suis constitué un stock d’une vingtaine de coques en grattant simplement le sable non loin de la plage. Une de mes plus belles parties de pêche !!! Attention néanmoins à bien respecter la maille de prélèvement.

Il me semble important de s’adapter à l’environnement où l’on pêche, nous mettons toutes les chances de notre côté en procédant de cette façon. Il est impératif de proposer aux futures prises un appât qui leur est familier, surtout, certains jours, quand le poisson est tatillon.

TECHNIQUES et ANIMATIONS

Deux approches s’offrent à vous. “Le tenya light” et le “tenya lourd”. Ma technique préférée reste le tenya light pratiqué avec une petite canne rockfishing, elle est très vite devenue une de mes techniques favorites et les sensations procurées sont excellentes ! Les modèles qui s’y prêtent le mieux sont les Rock Shallow en 5 et 7 grammes. La technique est plutôt simple… Prendre contact avec le fond et faire sautiller très légèrement le tenya avec des petits coups de scion, toujours canne haute en gardant bien contact avec le fond. Les touches sont facilement perceptibles et très fréquentes. Il faut prendre conscience qu’avec un tenya il faut ferrer lorsque le poisson fait un poids lourd, et non pas à la touche ! Dès que l’on sent un poisson chatouiller l’esche, il ne faut pas hésiter à faire une légère pose, voire rendre la main, et dès qu’il engame – on peut le sentir exercer une force sur le scion –, c’est généralement le moment opportun pour ferrer.

Les “gros” grammages compris entre 15 et 30 grammes sont intéressants pour atteindre le poisson lorsqu’il se tient loin du bord, il ne faut pas avoir peur d’utiliser des tenyas surplombés. L’intérêt de cette technique est d’imiter une proie sortant du sable (arénicole, crevette, vers) soulevant ainsi des particules attractives sur le fond ne laissant pas indifférents les poissons plats notamment. De plus, lorsque le poisson engame et se retourne, il s’auto-­ferre sur l’assist hook avec la tension de la bannière, grâce au plomb qui fait contre-poids.

L’animation est très simple et moins technique que la première, il suffit juste de récupérer sans animer, en laissant le tenya racler le fond. La récupération se fait au moulinet, canne haute, sur quelques tours de manivelle, suivie d’une pose, afin de rendre le montage pêchant. Le mieux étant de jouer avec le relief du fond. Plus la récupération sera lente, plus le ressenti de la moindre touche sera perceptible.

La majeure partie des espèces attaquent, le plus souvent, lors de la phase de récupération. Il m’est même arrivé de piquer un rouget grondin après une pose d’une dizaine de secondes. Il n’est pas rare que les prédateurs suivent l’appât sur le fond et l’attaquent au moindre mouvement. les touches sont plutôt bien perceptibles même lorsque le tenya est posé au fond.

Le tenya du bord est une technique qu’il faut aborder de façon très lente, nous avons souvent tendance à pêcher trop rapidement. Lors de mes premières sessions, je me remettais sans cesse en question n’arrivant à mettre à l’épuisette que du bar. La volonté de toucher d’au­tres espèces me motivait énormément. Du coup, afin de mieux comprendre ce qu’il se passe sous l’eau et apprendre de mes erreurs, j’ai investi dans une caméra subaquatique et j’ai pu constater la richesse de cette zone, avec notamment des dizaines de carrelets et flets qui suivaient mon tenya. En effet, le soir, en rentrant de ma session de pêche, je n’ai pas manqué d’examiner les images sur mon pc, et j’ai très vite compris que les plats étaient des prédateurs très lents. Ils suivent leurs proies mais sont incapables d’une attaque éclair comme le ferait sieur labrax. L’embuscade étant une de leur technique d’alimentation, lors de mes sorties suivantes, j’ai pu adapter la vitesse de récupération et là… j’ai enchaîné les poissons plats, ce qui ne m’a pas empêché d’ailleurs de faire tout de même du bar et autre lieu.

COUP DE CŒUR : LE MULTI-ESPECES

Le tenya du bord me procure les mêmes sensations que lorsque j’étais enfant, quand le flotteur s’agitait de haut en bas pour au final sombrer dans les abysses de l’étang familial. Je me posais souvent la question “De quel poisson s’agirait-il ?”, le choix était vaste. Un gardon ? Serait-ce une tanche ou bien même une carpe ? Ce goût du mystère quant à lui, je le retrouve en mer, 20 ans plus tard ! J’ai même appris, grâce à cette technique, à m’intéresser de plus près à certaines espèces comme le flet et la plie peu recherchées par les leurristes. Présents pourtant en abondance toute l’année, ainsi que les rougets grondins qui sont de véritables merveilles de la nature, ce sont d’excellents camarades de jeu. À chaque prise, on en prend plein les yeux et quel plaisir de les voir repartir nageant et courant à la fois sur le sable, chose que l’on ne peut admirer en bateau ! Une fois la nuit tombée, dans les zones portuaires, les tacauds procurent quant à eux des festivals de touches lorsqu’ils sont présents sur zone. J’ai même eu la surprise d’attraper une seiche qui, envoûtée par les effluves de l’arénicole, est venue saisir le tenya à mes pieds. Cette technique est clairement un nouveau moyen de faire du poisson toute l’année, lorsque l’heure de la fermeture du carnassier en eau douce a sonné. J’ai même appris à apprécier de pêcher le gobie dans les ports avec les Rock shallow quand les autres espèces présentes boudent pendant les mois de janvier et février… 

La technique du tenya du bord est très récente pour ma part. Mes objectifs pour 2020 seront de toucher d’autres espèces comme la roussette en pêchant les digues de nuit, la dorade grise du bord, présente sur quelques endroits rocheux par chez moi, la raie ou l’émissole qui sont des prises occasionnelles en surfcasting… Juste pour avoir ce plaisir simple et incroyablement excitant de pêcher de nouvelles espèces !