À bien y réfléchir, il n’est pas si évident de trouver une destination de pêche exotique pour laquelle nous pouvons, à la fois assouvir notre passion et imaginer la partager en famille ! Souhaitant associer la recherche de poissons trophées au plaisir soucieux de combler notre petite “tribu”, le Costa Rica est apparu alors comme une évidence !
Parmi les nombreux atouts naturels qu’offre cette destination au climat tropical (abritant 6 % de la biodiversité de la planète), le Costa Rica bénéficie d’une météo particulièrement adaptée pour des sorties de pêche familiale. En effet, aussi surprenant que cela puisse paraître, il n’y a jamais de vent, tout particulièrement sur Golfito, côté Pacifique. Cela grâce notamment à la plus haute chaîne de montagnes du sud de l’Amérique Centrale, la Cordillère de Talamanca qui culmine à plus de 3 820 mètres, s’étendant du sud de la vallée centrale du Costa Rica au Panama, arrêtant naturel-lement tous les alizés et offrant alors, durant toute la saison de pêche, une mer d’huile et donc une grande sécurité. Quelle autre destination peut prétendre à une telle singularité pour nous, pêcheurs ? Vous pouvez sortir tous les jours sans jamais avoir à regarder les prévisions météo ! Pour peu que votre choix se porte alors sur un séjour au centre de pêche “Costa Rica Pêche Passion”, dirigé de mains de maîtres depuis plus de quatorze ans par Bernadette et Yves Harlepp, alors là, vous n’êtes pas loin d’atteindre le Graal.
Costa Rica Pêche Passion
Il y a quatre ans, nous avions réalisé une émission spéciale justement consacrée à ce centre de pêche (Côt&Pêche N°37), et il nous tardait de retrouver ces paysages luxuriants de nos souvenirs, mais en vacances cette fois-ci ! Bernadette et Yves avaient pris soin, préalablement, de nous prévenir que le centre avait évolué depuis ces dernières années, mais nous n’avions pas mesuré à quel point… et quelle surprise dès notre arrivée !
Avec l’engouement pour le centre en particulier, et pour le tourisme en général (qui a augmenté de plus de 50 % en cinq ans), Bernadette et Yves ont donc décidé d’investir dans un immense et somptueux hôtel au bord du golf Dulce, “Le Pez Gallo”, pour notre plus grand bonheur. Ce domaine, avec son accueil, ses vingt-neuf chambres, ses deux piscines et ses deux restaurants, leur offre un nouvel outil indispensable au développement de leur société en pleine expansion. Il est évident que l’éco-tourisme prend désormais une place importante au Costa Rica avec une faune et une flore incroyables. D’ailleurs, à peine posés les pieds sur ces terres, nous sommes comme interpellés par des chants, des cris, ou encore des sifflements de toutes sortes, juste à côté de nous. Nous pouvons observer les premiers colibris qui butinent les superbes orchidées fraîchement plantées, et juste au-dessus de nos têtes de merveilleux aras multicolores alors qu’au loin nous entendons les cris sourds des singes hurleurs, le tout sous une chaleur tropicale approchant les 40°. Quel dépaysement ! Plus aucun doute à ce moment-là : nous savons que nous avons fait le bon choix.
Si possible, pour un programme familial comme le nôtre, nous vous recommandons de prévoir au moins 15 jours sur place. Ce qui vous permet d’imaginer, par exemple, une semaine de pêche (entre pêche côtière et pêche hauturière), complétée par une semaine de découverte dans la jungle sauvage du Costa Rica, et autre dépaysement en plein cœur de la somptueuse réserve du Corcovado. Habituée à gérer ce type de demande, Bernadette se charge de tout et sait, bien au-delà, dépasser toutes les exigences…
La pêche côtière
Après l’incontournable soirée d’accueil du centre, nous commençons notre séjour par une première journée de pêche côtière à bord de “Pesca Pasion 3”. Parmi les cinq bateaux désormais disponibles, ce Fishing américain est équipé de deux moteurs de 140 cv, d’un vaste vivier et de tout le matériel nécessaire aux multiples techniques que nous tenterons de pratiquer ce jour. Nous sommes ravis de retrouver à son bord, Irving, l’un des meilleurs capitaines de la région, secondé par John, son adjudant. Pour avoir déjà observé le profession-nalisme de ces équipages, nous savons que nous pouvons profiter de notre séjour en toute sérénité. Ils disposent tous du diplôme de “zafarrancho”, c’est-à-dire qu’ils sont formés pour la sécurité du navire et des passagers, avec la maîtrise des premiers secours, la gestion des incendies, etc. Ils sont à la disposition complète des pêcheurs, ou en assistance lors d’un combat, par exemple, avec un gros poisson. Il est même parfois compliqué de décrocher ses propres poissons tellement ils sont aux petits soins, et ce pour toute notre famille. Comme à son habitude, la mer est d’huile. C’est toujours un moment plaisant lorsque les températures du matin sont encore très agréables. Les pélicans nous accompagnent le long de ces magnifiques côtes sauvages, où nous partons à la recherche des bancs de sardines qui nous serviront de vifs. Le but est d’en capturer une bonne centaine avant de rejoindre les hotspots du capitaine, et nous en profitons pour organiser une petite compétition afin de savoir qui en pêchera le plus. Les variétés d’espèces dans ces eaux du Pacifique sont extrêmement nombreuses, et nous pouvons pratiquer quasiment toutes les techniques de pêche aux leurres, à l’exception peut-être des leurres souples qui se font systématiquement découper par les balistes notamment. Cependant, nous avons déjà enregistré de très belles attaques en traction, entre deux eaux. Bien sûr, l’une des techniques phare de ces destinations exotiques reste inévitablement la pêche de surface au popper, avec son lot d’émotions et de souvenirs inoubliables par son côté visuel.
Selon les postes ou la méfiance des prédateurs du jour, les pêches aux stickbaits peuvent être également une bonne alternative. Cette technique permet de peigner des zones juste sous la surface, voire un petit peu plus profondes, afin de décider nos partenaires de jeu.
Pour des prospections plus “creuses”, pourquoi pas en grande profondeur à plus de 200 mètres, ce sera alors au jig de prendre le relais, voire les slow jig offrant un planant à la descente plutôt redoutable.
Cette journée marque aussi un grand moment pour notre jeune fils Valentin, qui a l’immense plaisir de capturer, avec un casting jig de 20 grammes, un autre de ces poissons mythiques et sportifs que nous recherchons tous. Alors qu’il enchaîne les prises de petites carangues entre deux eaux, voilà que son moulinet s’emballe, l’empêchant même de fermer son pick-up ! Ayant repris son contrôle, il met une bonne vingtaine de minutes avant que nous puissions voir et déterminer qu’il s’agit effectivement d’une splendide carpe rouge de plus de 10 kg ! Quelle fierté à bord ! Nous voyons ses yeux qui brillent, chargés de larmes de joie, alors que nous essayons de retenir les nôtres. Ces moments de partage restent des souvenirs indélébiles pour toute la famille, et certainement pour lui, la transmission définitive de notre virus. D’autres techniques beaucoup moins physiques, mais tout aussi efficaces, telle que la pêche à la traîne ou au vif, permettent au reste du clan de combattre quelques-unes des nombreuses espèces peuplant les eaux du Costa Rica.
Autant une partie de pêche en famille en France peut devenir longue, voire ennuyeuse pour certains, autant là, nous ne voyons pas la journée passer. Ce sont d’ailleurs les enfants eux-mêmes qui demandent à y retourner, et on les comprend : entre les nombreuses variétés et la beauté des espèces que nous pouvons capturer – comme le poisson coq, la carpe rouge, la carangue (plus de 30 espèces différentes), la sériole, la coryphène, le barracuda, le snook, le thazard – les inoubliables rencontres avec les tortues marines et les bancs de dauphins que nous croisons régulièrement ou encore d’autres cétacés comme les baleines, les majestueux vols de aras et de pélicans, les chevaux qui galopent sur les plages désertes, tout cela avec la jungle en toile de fond…
Bien loin de la monotonie, la contemplation de cette vie marine et terrestre fait partie intégrante de cette extra-ordinaire journée de pêche.
La pêche hauturière
Parmi les prestations proposées par le centre, les sessions hauturières restent également des journées incontournables. Cette pêche “d’opportunités” vous permet de combattre toutes sortes d’espèces qui vous réservent des surprises et des souvenirs inoubliables.
Là encore, le calme de l’océan Pacifique nous permet de sortir en toute sécurité avec les yeux rivés sur l’horizon à la recherche d’une chasse, ou d’un éventuel DCP dérivant pouvant abriter différents prédateurs comme les thons ou les coryphènes. Nous sommes une nouvelle fois escortés par des centaines de dauphins, ainsi que toutes sortes d’oiseaux marins comme les fous de bassan, les goélands, les frégates, les puffins, les sternes, les pétrels et autres albatros. L’équipage à bord s’affaire à la préparation du matériel et à la disposition des lignes de traîne de façon méthodique afin d’éviter tout emmêlage. Cette technique demande une très grande connaissance et un méticuleux savoir-faire. Le Costa Rica, tout particulièrement au large de Golfito, est une destination phare pour de nombreux poissons pélagiques, notamment pour l’espadon voilier du Pacifique naturellement attiré par le “sardine run”, la migration des sardines durant le mois de février. Ces poissons, d’une beauté rare, attirent de nombreux pêcheurs, principalement des américains, à la recherche de cette espèce emblématique d’un poids moyen de 40 à 60 kilos, avec des trophées pouvant dépasser la centaine de kilos. Comme l’a précisé Pascal Jarret, notre expert en pêche exo habitué de cette destination (voir notre magazine spécial N°37), les marlins sont également très présents dans cette zone, principalement les marlins noirs, mais également quelques bleus et, plus rarement, les rayés. Leur taille reste modeste, en moyenne de 75 à 200 kilos, néanmoins, les “Granders”, pour ceux qui dépassent les 1 OOO livres, sont régulièrement piqués mais hélàs rarement gagnés. Pascal nous précise également que l’on peut rêver d’un “grand slam”, à savoir la capture le même jour d’un voilier et des trois espèces de marlin. Parmi les petits thons jaunes pêchés aux leurres dans les chasses, nous capturons plusieurs magnifiques espadons voilier durant notre séjour, ainsi que quelques coryphènes de toutes tailles. Tout le monde à bord a le plaisir de sortir son propre espadon voilier que nous immortalisons par de belles photos souvenirs. Bien évidemment, Irving et John manipulent soigneusement chacune des prises afin de les relâcher dans les meilleures conditions.
Une belle rencontre
Nos premières journées s’enchaînent et voilà que durant le traditionnel apéritif du soir, nous avons le plaisir de rencontrer de nouveaux pêcheurs, dont un couple de Français habitué des voyages de pêche exo, venu également en famille avec leurs deux enfants. Quand je vous disais que cette destination était idéale !
Dès notre première soirée, alors que Yves nous livre son inénarrable histoire de la cigale crocodile, nous sympathisons très rapidement avec ces Molois (habitant de La Môle), voisins du sud de la France. Nous avons hâte de les retrouver chaque soir, autour d’un bon rhum costaricien pour partager les impressions de nos journées sur l’eau et échanger nos différentes photos. Finalement, comme le centre dispose également d’un bateau très grand et spacieux, le “Pesca Pasion 5”, nous trouvons plus simple d’organiser notre dernière journée de pêche tous ensemble.
Ce magnifique bateau, de plus de douze mètres de long, équipé de deux moteurs de 300 cv pour celui-ci, nous permet d’embarquer huit pêcheurs à bord, en plus de son équipage. Comme à notre habitude, après avoir rempli le vivier de sardines bien vigoureuses, nous prenons la direction du très célèbre rocher de Matapalo afin de débuter cette excitante nouvelle partie de pêche. Sans trop rentrer dans les détails, nous alternons avec différentes techniques, dont principalement le popper à l’avant du bateau et la pêche aux vifs à l’arrière. À bord, les prises s’enchaînent dans un bon rythme, dont quelques doublés, et c’est un pur bonheur de voir nos enfants s’amuser et capturer toutes sortes de Pargo, dont les petites cuberas (carpe rouge) mais aussi, plus rare, une carpe noire, un petit requin de récif ou encore des poissons coqs de toutes tailles. Cette ultime journée de pêche côtière restera également un excellent souvenir pour nous tous.
En plein cœur de la jungle
Après cette première semaine consacrée principalement à la mer, à la pêche et à la découverte des côtes sauvages en bateau, nous souhaitons poursuivre notre séjour plutôt dans les terres, à la rencontre de la faune et de la flore tropicale. “Costa Rica Pêche Passion” propose depuis peu, à sa nouvelle clientèle touristique développée par l’hôtel Pez Gallo, différentes excursions (25 % du territoire est occupé par des parcs nationaux), trails dans la jungle, et autres randonnées à cheval. Comme à son habitude, Bernadette nous orchestre une semaine complètement dingue ! Ayant déjà tellement adoré la première partie de notre séjour, nous sommes loin d’imaginer que la suite deviendra aussi l’un de nos meilleurs souvenirs en famille.
Notre expédition commence par une traversée en “bateau taxi” du magnifique golfe Dulce, où nous rejoignons le port de Puerto Jiménez en un peu moins d’une heure. Nous partageons cette navigation avec les locaux, dont de jeunes écoliers, tous vêtus d’un uniforme scolaire avec un haut blanc, jupe bleu marine pour les filles et pantalon de la même couleur pour les garçons. Puis un 4X4 avec chauffeur nous attend pour une incroyable traversée de près de 2h sur les pistes, ponctuée de nombreuses haltes pour contempler notamment l’une des quatre variétés de singes protégées du Costa Rica : les singes hurleurs, les singes écureuils, les singes araignées et les singes capucins. Mais, là encore, nous sommes loin d’avoir tout vu…
Accueillis par un guide qui nous offre des noix de coco fraîches, coupées et préparées sur place, nous avons encore près d’une heure de marche dans la jungle pour rejoindre la somptueuse plage déserte Del Piro et notre éco-lodge réservé pour nos prochaines nuits. Tandis que nos bagages sont transportés en charrette, tractée par le paso du Costa Rica (race de cheval de selle originaire du pays), nous tentons de longer les cocotiers à l’abri du soleil, entourés d’une verdure luxuriante et de ses très nombreux mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles, insectes et araignées. Nous voilà enfin à destination, et quelle destination ! Nous découvrons notre chambre avec terrasse en plein cœur de la forêt, tout juste recouverte d’une épaisse moustiquaire, et surtout avec une vue imprenable sur le Pacifique.
Nous voulions de la nature, nous sommes servis. Tandis que nous sommes bercés par toutes sortes de chants d’oiseaux (plus de 930 espèces recensées), un écureuil vient même nous saluer pendant notre emménagement. Nous profitons alors d’une bonne douche d’eau de source disposée dans la partie extérieure de notre salle de bains, directement ouverte sur la nature. Puis, sans électricité ni wifi, mais seulement quelques bougies pour nous éclairer à la nuit tombée, nous dînons rapidement et nous ne tardons pas à plonger dans une bonne nuit de sommeil pour nous préparer à la randonnée de 17 km prévue dès le lendemain matin. Avec ses 27 parcs nationaux, le Costa Rica est une destination résolument tournée vers la protection de la nature. Plus de 300 000 espèces (dont 231 mammifères) ont été recensées (en grande partie des insectes) et chaque année, les scientifiques en découvrent de nouvelles. La densité animale est l’une des plus élevée au monde.
Nous voilà partis, direction le parc national du Corcovado, accompagnés de notre guide Catherine. Hormis les singes, on y trouve plus de cent espèces de chauve-souris, deux espèces de paresseux, six espèces de félins (jaguar, puma, ocelot, margay, jaguarundi et oncilla) mais ils sont difficiles à observer. On peut aussi apercevoir plusieurs espèces d’opossums, le coyote, le tapir, le tatou à neuf bandes, l’agouti, le porc-épic du Mexique, le paca, le renard gris, la martre à tête grise, la loutre à longue queue, le kinkajou, l’olingo, le coati à nez blanc, le raton laveur… À peine entrés dans la réserve, nous rencontrons un magnifique fourmilier, puis des dizaines de singes et des coatis jouant dans les arbres ou nous frôlant les pieds.
Le bonheur continue
Les journées qui suivent sont, elles aussi, plus mémorables les unes que les autres. Sandra et les enfants partent faire une demi-journée de cheval autour de Drake bay, entre les rivières où ils se baignent (les chevaux aussi d’ailleurs) et les longues promenades au galop sur la plage. Une autre fois, nous rejoignons en bateau l’île Caño pour faire du snorkeling, à la rencontre des tortues marines que nous pouvons presque toucher, parmi des centaines d’espèces de poissons tous plus beaux les uns que les autres. Sur le chemin du retour pour San José, nous faisons halte dans la province de Puntarenas, à Tarcoles, où Bernadette nous a réservé une ultime surprise : la rencontre des grands crocodiles !
Quel séjour intense et mémorable pour toute notre petite famille. Un immense merci à nos hôtes, et principalement à Bernadette et Yves Harlepp qui n’ont de souci que le seul bonheur de leurs clients. Je comprends mieux maintenant pourquoi vos amis reviennent année après année.