Pêcher le calamar blanc l’été ? Et pourquoi pas !

La pêche permet, l’espace d’un moment, que ce soit seul ou entre amis, de s’évader de son quotidien pour se retrouver au bord de l’eau afin de passer un moment unique à chaque session. En effet, même si l’homme pratique cet art depuis des centaines voire des milliers d’années, il restera toujours une part de mystère et d’aventure qui sera propre à chaque sortie. Parmi les espèces que l’on peut cibler, il y a le calamar, présent dans tous les océans du monde ainsi que dans la plupart des mers. Même si la pratique de cette pêche est sûrement une des plus pratiquées au monde, il reste des parts d’ombre quant à la recherche et à la capture du calamar blanc. Où vit-il durant l’été ? Comment le localiser ? De nos jours, les nouvelles technologies ont permis aux pêcheurs de perfectionner leur pêche afin d’arriver, même durant les périodes dites “creuses”, de cibler le calamar blanc. Nous allons essayer de voir comment.

TROUVER LE BON POST, UNE PART DE CHANCE MAIS PAS QUE…

La première des choses, bien avant de pêcher, est d’essayer d’imaginer où trouver les calamars durant la période estivale. Quelques astuces sont à prendre en compte. Dans un premier temps, il faut déjà tenter sur les zones où on a l’habitude de les pêcher l’hiver. Même si la probabilité est faible, un décalage dans la saison où une zone riche en poisson fourrage peut sédentariser les calamars ; il faudra donc ne pas négliger cette option. La deuxième réflexion à avoir est de les chercher plus en profondeur. En effet, avec l’augmentation de la température de l’eau et l’arrivée de prédateurs l’été dans les zones “peu profondes”, le calamar migre instinctivement dans des zones plus profondes. Si on a l’habitude de les pêcher entre 30 à 50 mètres de fond en hiver, décaler sa zone de pêche dans les 60 à 90 mètres aux alentours est une bonne option. Il est donc très important d’étudier sa zone de pêche avec les cartographies qui sont mises à disposition, soit directement avec le combiné sondeur / GPS, soit sur internet. Il existe pour cela plusieurs sources mettant à disposition les cartographies marines que l’on peut étudier de chez soi. Les plus utilisées sont bien sûr les cartes du SHOM que l’on peut consulter directement sur leur site à l’adresse suivante : https://data.shom.fr

On pourra alors mieux comprendre notre zone de pêche en fonction des différentes cartes mises à disposition et nous renseignant sur les lignes de fonds et la sédimentologie, ou bien encore les vues aériennes obtenues à partir de technologies LiDAR. Cette ressource est aussi très intéressante pour toutes les autres pêches que l’on peut pratiquer.

Navionics met également à disposition ces cartes pour toutes les zones dans le monde. On pourra aussi bien les consulter sur son téléphone que sur un ordinateur (https://webapp.navionics.com).

Les bordures de fosses sont aussi des zones à prospecter. Bien que l’on ait l’habitude de pêcher les calamars rouges dans ces zones très profondes, les calamars blancs apprécient également cette zone pour chasser. Le tombant du plateau continental entre 100 et 130 mètres de fond sera donc une zone à considérer pour tenter de localiser les calamars blancs.

Il y a une dernière astuce que j’ai pu apprendre de mes sorties de pêche en mer, c’est que tout moment de pêche est bon à retenir. En effet, il m’est arrivé, en été, lors de parties de pêche au leurre, mais aussi au jig ou au leurre souple d’attraper accidentellement des calamars blancs. Il s’est avéré que ces prises accidentelles ne l’étaient pas tant que ça, car, en retournant sur ces zones de pêche avec le matériel adéquat, c’était finalement bien une zone de chasse aussi bien pour les sévereaux et maquereaux que les calamars blancs.

LA TECHNOLOGIE, UNE AIDE PRÉCIEUSE

On a pu voir que les différents outils mis à notre disposition tels que les carto­graphies étaient un atout indispensable pour localiser les calamars, mais il ne faut pas également négliger le sondeur. La pêche des calamars se divise en 95 % de prospection et 5 % de pêche. Il faudra alors, suivant notre budget, mettre tous les moyens nécessaires pour les trouver et, surtout, bien les utiliser. Sur les pêches de traque, il peut arriver de passer de longues minutes voire des heures sans pêcher pour, au final, ne pêcher que quelques minutes, mais bien pêcher. Une fois vos zones de pêche sélection­nées, il va falloir maintenant vérifier si les calamars sont présents ou non. Plutôt que de faire de longues dérives infructueuses, nous allons utiliser notre sondeur pour, dans un premier temps, localiser les proies des calamars, que ce soit des sardines ou autres anchois. Pour ce faire, on va prospecter notre zone de pêche en maintenant le moteur à une vitesse comprise entre 3 et 5 nœuds. Le sondeur sera alors utilisé en fréquence basse, c’est-à-dire autour de 50 KHz. Pourquoi ? Lorsque l’on arrive sur notre zone, on ne sait pas encore s’il y a la présence de proies ou non. Sans proie, il est très rare de trouver des prédateurs tels que les calamars. Même si certaines sondes permettent d’utiliser des sondes à haute fréquence avec un cône large, dans 99 % de cas, le cône de prospection de notre sondeur sera plus important en 50 KHz plutôt qu’en 200 KHz. Je vous conseille de vous reporter aux caractéristiques de votre sonde sur Internet pour vérifier cela. Si on prend pour exemple une sonde Humminbird 50/200 KHz, lorsque l’on travaille en fréquence basse, autour des 50 KHz, notre cône de prospection aura un angle d’environ 70°, contre 20° pour une fréquence de 200 KHz. On comprendra donc que pour prospecter rapidement, l’utilisation d’un cône plus large sera plus efficace qu’un cône plus étroit et donc l’utilisation de notre sondeur en fréquence basse plutôt que haute. On va donc chercher à l’aide du sondeur des boules de poissons sur la partie basse de la couche d’eau. Si on pêche dans 70 mètres de fond et que l’on marque des poissons entre 55 et 65 mètres de fond, le coin sera intéressant à inspecter.

Deuxième étape, une fois les poissons fourrages localisés, il faudra alors passer son sondeur en haute fréquence afin d’être plus précis sur la détection. Le calamar possède une densité faible du fait de sa morphologie et ne possède pas de vessie natatoire qui ressort plus marquée au sondeur comme sur les poissons. Afin d’être le plus efficace possible, on pourra zoomer sur la partie basse de son sondeur et augmenter sa sensibilité, quitte à saturer la partie haute du sondeur qui ne nous intéresse pas. Le fait d’augmenter la sensibilité va permettre de faire apparaître des éléments qu’on n’aurait pas forcément vu si on garde un écran trop “propre”. Les calamars se caractérisent par des traits le plus souvent horizontaux sous ou sur les abords des boules de poissons fourrages.

Vous l’avez compris, le sondeur et son utilisation dans de bonnes conditions, sont primordiaux dans cette pêche. Il ne faut pas hésiter à jouer sur les fréquences d’affichage et la sensibilité suivant la profondeur de pêche pour ne pas passer au travers d’une détection.

Maintenant que nous savons localiser les poissons fourrages et les calamars, il va falloir les pêcher.

LA TECHNIQUE, DIFFÉRENTE DE CELLE DE L’HIVER ?

En soi, la technique de pêche en elle-même au niveau montage canne-turlutte reste similaire à celle utilisée lorsque l’on pêche en tataki l’hiver. On utilisera un train de turluttes composé de 3 à 5 turluttes en fonction des goûts de chacun. Les turluttes seront espacées de 40 cm avec une plombée terminale. Pour confectionner les montages, un fluorocarbone de 30/100e sera suffisant et une tresse fine de PE1.2 sera parfaite afin de ne pas être trop gêné par une dérive trop importante dans des fonds de 50 mètres ou plus. Ce qui différera, sera la plombée, pour 2 raisons. La première : on va pêcher plus profond et, de ce fait, il faudra pêcher plus lourd. Un plomb de 100 grammes minimum et pouvant aller jusqu’à 140 grammes ne sera pas de trop. En second lieu, la densité de calamars étant moindre qu’en hiver, il faudra pouvoir atteindre le fond plus rapidement pour être sûr de pêcher dans la boule de mange où sont les calamars qu’on aura marqués au sondeur. Une fois le fond touché, il faudra attendre quelques secondes que la dérive retende la ligne. C’est souvent à ce moment-là que la capture se fait. S’il n’y a pas de touche, ne pas hésiter à faire 2/3 animations très amples et à reposer son plomb au fond. Si au bout de 20/30 secondes il n’y a pas de touche, cela ne sert à rien d’insister plus. Il fau­dra repartir dans la phase de traque avec le sondeur et chercher à nouveau de la vie qui pourrait attirer les calamars. C’est une pêche qui demande une grande mobilité tant que l’on n’aura pas trouvé les calamars. En revanche, une fois trouvés, il faudra bien insister sur la zone et ne pas oublier de la marquer.

Tout comme les pêches hivernales, il ne faudra pas hésiter à changer de turluttes régulièrement. J’ai pu constater que les turluttes “flashys” fonctionnaient très bien à cette période, en particulier les roses et les blanches. Du fait de l’utilisation de plusieurs turluttes, il sera possible de mixer parmi les coloris que l’on peut trouver sur le marché afin de trouver la bonne couleur du moment. La fin de saison hivernale permet souvent d’attraper des calamars plus gros qu’en début de saison. On a également pu remarquer qu’en été, il est possible de tomber sur des calamars blancs de très grosse taille. Pour les inciter à attaquer les turluttes, l’utilisation d’oppaï fonctionne aussi très bien, mais il ne faut pas avoir peur d’utiliser également des turluttes de 70 voire 90 mm même en tataki.

L’USAGE DU MOTEUR ÉLECTRIQUE, UN PLUS

Comme nous le voyons depuis le début de ce reportage, la pêche du calamar blanc en saison estivale est une pêche de prospection, où l’on se trouve tout le temps en recherche et en mouvement, et donc nécessitant un moyen de propulsion. Depuis maintenant plusieurs années, de plus en plus de pêcheurs sont équipés de moteurs électriques sur leur bateau, leur permettant de passer outre un mouillage lors de la pêche, mais pas que…

Une fois les premiers poissons fourrages localisés, il est tout à fait possible d’utiliser son moteur électrique à la place de son moteur thermique pour continuer sa pêche et à se déplacer à faible allure sur sa zone de pêche. Nous allons voir les avantages d’utiliser cette aide. Le premier intérêt est de pouvoir se déplacer à faible allure ce qui, sur certains bateaux, est impossible avec un moteur classique. En utilisant votre moteur électrique comme moyen de déplacement, vous allez pouvoir continuer à sonder tout en ayant une rapidité d’exécution en pêche non négligeable. Comme nous l’avons vu, le plus dur reste la détection des calamars. Alors, le plus énervant n’est-il pas de ne pas arriver à descendre sa ligne dedans ? À l’aide du moteur électrique, vous pourrez vous déplacer. Ainsi, vous serez déjà à l’arrière du bateau, canne en main pickup ouvert prêt à descendre dessus dès que vous commencerez à détecter du poisson, enfin si vous en détectez. Ces quelques secondes que vous gagnerez vous permettront d’être plus efficace en pêche et de ne pas manquer votre cible. Autre possibilité, ancrer virtuellement votre bateau lors d’une prise. Quoi de plus désagréable que de ne plus arriver à trouver les calamars après une prise. Si vous utilisez le mode ancrage de votre moteur, vous pourrez arriver à attraper 2/3 calamars de plus qu’en dérive. Autre fonctionnalité aussi disponible sur certains moteurs électriques comme les Minnkota associés à un équipement Humminbird, la fonction “backtrack”, soit “retour en arrière”. Cette fonction va vous permettre de reprendre votre dérive à l’envers et ainsi repasser sur le banc de calamars que vous aurez dépassé à cause du courant. Cette fonction est un gros plus pour cette pêche.

Ce qu’il ne faut pas oublier non plus, ce sont les économies que vous ferez à ce moment-là. En effet, durant votre pêche au moteur électrique, votre moteur thermique ne sera pas allumé. De ce fait, vous consommerez moins à la fin de la journée de pêche, vous n’ajouterez pas des heures à votre moteur qui vont engendrer une révision. Également, le bruit, il n’y en aura pas : quoi de plus agréable que d’être au milieu de l’eau, au calme, sans le stress et le brouhaha de la ville au quotidien.

Quelques chiffres sur les portées des sondes

Nous allons prendre pour exemple, afin d’imager les angles de sonde, la sonde Airmar B164. En 200 KHz, l’angle de sonde est de 6°et, en 50 KHz, on sonde sur 22°. Sur 18 mètres, en utilisant la fréquence 50 KHz, le cercle de prospection au sol aura un diamètre de 6 mètres contre seulement 2 mètres en 200 KHz, soit 3 fois moins grand. Sur un fond de 72 mètres, on sondera un cercle de 28 mètres de diamètre en 50 KHz, contre seulement 8 mètres en 200 KHz. Le choix de fréquence est donc primordial en pêche. Certaines sondes peuvent cependant être HW (Hight Wide), c’est-à-dire en haute fréquence, mais avec un cône wide (large). Il est très important de se renseigner sur la sonde qui est installée ou que l’on va installer, en fonction des techniques de pêche et de la zone où l’on pratique.

L’éthanol, carburant du futur ?

Depuis maintenant plus d’un an, j’utilise l’éthanol sur mon bateau et ce sans souci. Il ne faut surtout pas regarder le coût à court terme mais à long terme. En effet, sur une sortie classique où je consomme environ 40/50 litres, je passe d’une consommation de 100 E d’essence à moitié moins en éthanol. Ma sortie me revient ainsi à 50 E d’éthanol pour une même distance parcourue. Un moyen de plus qui permet d’optimiser ces sorties en mer lorsque l’on sort régulièrement sur l’eau. Qui plus est, Marseille est le premier port bénéficiant maintenant d’une station éthanol pour la plaisance et une nouvelle station devrait ouvrir prochainement au Frioul. En plus d’être plus économique, ce carburant est plus écologique, ce qui est un atout compte-tenu du nombre de nouvelles règles qui nous sont imposées au fil des années. Les économies financières réalisées sur une année sont considérables, voire incroyables… Cette alternative m’a permis non seulement d’amortir très rapidement le coût de l’installation de notre boîtier éthanol, mais peut aussi contribuer, sur un plus long terme, à l’investissement d’outils désormais indispensables, comme, par exemple, un moteur électrique !

Pour tout renseignement, ou pour toute éventuelle installation de boîter éthanol, je vous conseille de consulter le site : https://ethabox.com/