Daurades royales d’exception et du bord SVP !

Recherchée le plus souvent en bateau le long de nos magnifiques côtes françaises, la belle aux sourcils d’or est l’un de ces fameux poissons qui transcendent tout pêcheur. Et lorsqu’il s’agit d’avoir le bonheur de comprendre, de s’adapter et de capturer des spécimens de taille XXL, qui plus est du bord en surfcasting, alors là, nous ne sommes pas loin d’atteindre le Graal !!!

MIEUX CONNAÎTRE CETTE ESPÈCE

 Comme tout compétiteur et comme tout passionné de pêche de loisir en mer, nous recherchons en permanence à mieux connaître, mieux appréhender les différents milieux marins afin de tenter, et pourquoi pas parvenir, à cibler une espèce en particulier.

La daurade royale est l’un des poissons côtiers que l’on trouve bien souvent entre 2 à 50 mètres de profondeur. Sa livrée est gris argenté, son corps est de forme ovale avec une bande dorée sur le front qui lui vaut le surnom de “Belle aux sourcils d’or”.

La belle se nourrit principalement de crustacés : crevettes, crabes ou bien coquillages, ainsi que de quelques vers marins. Elle affectionne particulièrement les lagunes, ports, digues, épaves, étangs et autres fonds rocailleux. Terriblement méfiante et dotée d’une ouïe très développée, la daurade n’est pas facile à capturer. Elle nécessite une analyse approfondie des spots, de la discrétion, de la patience et de l’une des plus belles vertus du pêcheur, la persévérance.

De la famille des sparidés, la daurade est munie d’une puissante dentition, composée notamment de grosses molaires lui permettant de broyer les crabes et n’importe quels autres coquillages parmi les plus robustes.

La période de reproduction se situe d’octobre à décembre.

Extrêmement combative, on ne peut pas avoir de doute quand on a le bonheur de “piquer” une daurade royale. Elle ne se fatigue pas facilement et les affrontements sur les gros sujets finissent souvent par des combats perdus par le pêcheur non expérimenté.

LA MEILLEURE PÉRIODE POUR TRAQUER LA DAURADE

Début mai est l’une des périodes de l’année très attendue sur le bassin d’Arcachon. Si les conditions le permettent et que l’eau se réchauffe progressivement jusqu’aux premiers jours d’été, la daurade quitte petit à petit le plateau continental et il n’est pas rare de la trouver dans les entrées du bassin.

À l’arrivée des beaux jours, le poisson entre en activité alimentaire et reprend des forces en se nourrissant grassement. C’est le moment rêvé pour traquer les plus jolis spécimens. En ce qui me concerne, je trouve que les meilleurs mois de l’année sont les mois de mai, juin et septembre. Octobre fera aussi partie de mes périodes favorites si l’été indien s’installe comme cette année. À noter ici que juillet et août peuvent être également très prolifiques, mais la période estivale et les vacanciers rendent la pratique souvent difficile. Les touristes prenant le bassin en otage, sans parler des bateaux en surnombre, les jet-skis… avec en musique de fond, les baigneurs etc… Quelques pêcheurs arriveront à tirer leur épingle du jeu s’ils pêchent la nuit. Pour ma part, c’est une pêche que j’aime plutôt pratiquer de jour.

Début septembre, le calme revient progressivement sur le bassin et c’est une période que j’apprécie aussi particulièrement. Je dirais même que c’est la période idéale pour pêcher dans le calme et la sérénité.

LE CHOIX DU POSTE

Concernant les postes, la plage du Petit Nice est bien connue de tous les pêcheurs de surfcasting. Selon les endroits, il y a des profondeurs très importantes et il n’est pas nécessaire de lancer loin pour atteindre rapidement les 15 à 20 mètres de fond en fonction des hauteurs d’eau.

Les blockhaus de Gaillouneys, situés au sud de la dune du Pilat, donc au nord de la plage du Petit Nice, sont des endroits très intéressants également à prospecter.

Dans le passé, tous les blockhaus étaient posés sur le haut de la dune mais, avec le recul progressif de la côte – environ 150 mètres depuis 1950 –, ils se sont retrouvés sur la plage, puis sous l’eau. Ils sont désormais des récifs naturels où la faune et la flore peuvent se développer en toute sérénité. Il y a une bonne vingtaine d’unités, mais seulement cinq sont visibles à l’œil nu et font le bonheur des plongeurs et des pêcheurs, bien entendu !

Le bas de la dune du Pilat est aussi un très bon endroit, malgré une moindre profondeur et donc un chenal plus difficile à atteindre. Ou encore le poste des fameux corps morts (mouillage)… La zone commence en bas de la corniche jusqu’au Moulleau. Les corps morts représentent un lieu de repos pour certains poissons, mais aussi une bonne zone d’alimentation car il y a beaucoup de moules accrochées aux cordages.

Mais le fief de la daurade royale en pleine saison est sans surprise la fausse de St Yves, située en face d’une chapelle. C’est le spot idéal pour les pêcheurs en bateau car il est difficilement accessible du bord, si ce n’est de la jetée. Ce lieu attire beaucoup trop de monde pour moi et je préfère pêcher les pieds dans le sable. Cette fosse est sans aucun doute la plus profonde du bassin. Il y a beaucoup d’épaves et même un avion qui s’est écrasé au large de la plage de Pereire dans les années 1969 et qui a été remorqué jusqu’à la fosse.

LES COEFFICIENTS ET LES MEILLEURS MOMENTS DE LA MARÉE

La morte-eau est idéale pour rechercher la daurade royale car on peut pêcher durant toute la marée. Qu’elle soit montante ou descendante, peu importe tant que le courant n’est pas trop important.

Je pêche la marée entière jusqu’à ce que le coefficient atteigne 60. Au-delà, la pêche n’est pas impossible, mais beaucoup plus dure. Le bassin se vide et se remplit au rythme des marées et sur les gros coefficients, il faut privilégier l’étale haute ou basse, peu importe. La période d’activité est donc beaucoup plus courte.

Comme dans beaucoup de pêches, le lever et le coucher du soleil sont naturellement des moments importants à privilégier pour espérer leurrer les gros sujets. Cependant, tout est possible à la pêche et je conçois que d’autres pêcheurs n’aient pas la même approche que moi. Il est bien entendu que je ne parle que de mon expérience, de mon ressenti personnel que je partage avec vous avec le plus grand des plaisirs.

LE MATÉRIEL UTILISÉ

Pour les cannes

J’affectionne particulièrement la Neox Mazeraty Dsc qui possède une résistance vraiment impressionnante tout en conservant une grande sensibilité et une détection de touche remarquable. Elle est équipée d’un porte moulinet Fuji, d’anneaux Low Rider en titane et d’une pointe hybride qui me permet d’envoyer à des distances de pêche importantes sans avoir à ligaturer les appâts. Je l’utilise dans toutes les conditions. Je pêche également avec la Neox Master qui est une canne tubulaire très puissante, fabriquée en super light module, munie d’anneaux Fuji K Torzite, ultra légère, ultra solide et capable d’envoyer des gros plombs de 220 grammes sans aucun problème. J’aime l’utiliser dans les zones encombrées où il faut extraire de jolis poissons le plus rapidement possible afin d’éviter la casse.

Par ailleurs, je pratique à l’aide d’une “bonne vieille pique” en alu de 1,5 mètre plantée bien droite et la canne bien accrochée à la pique. Il n’est pas rare en effet de voir des cannes sauter des piques sur des départs de gros poissons.

Le moulinet rempli de tresse ou de nylon ?

J’ai mis beaucoup de temps à comprendre mais, pour la pêche intra bassin, ce sera un moulinet rempli de tresse, sans aucune hésitation. Vous l’aurez bien compris, que cela soit autour des blockhaus ou au milieu des corps morts, il y a beaucoup de risques d’accrochage. Une tresse en 18 ou 22/100e fera l’affaire. D’autant qu’au niveau du combat, une fois le poisson piqué, il faudra l’extraire très rapidement de ces zones à risque pour finir plus tranquillement et sans précipitation dans les derniers mètres. Avec de la tresse, il n’y a aucune élasticité contrairement au nylon, c’est donc le compromis idéal pour ce genre de spot. Un autre point positif pour la tresse, c’est naturellement sa résonance qui offre également une grande sensibilité à la détection des touches. Les poissons les plus gros ne font pas toujours les plus grosses touches. À la première petite touche, je vous conseille d’ailleurs de prendre la canne en main pour pouvoir ferrer dès le départ du poisson. Afin de mieux me rendre compte de l’intérêt, il y a des sessions j’ai volontairement pêché avec deux cannes, l’une avec un moulinet rempli en tresse et l’autre avec le moulinet rempli en nylon. Bilan : toutes les touches ont été constatées sur la tresse, aucune touche visible sur le nylon et pourtant les appâts étaient bien mangés sur les deux cannes.

Concernant les bas de lignes, je raccorde ma tresse avec un arraché Kei Cast 25/57. Je coupe quelques mètres que je raccorde sur du 35/100e avec le nœud de raccord albright qui est bien connu de tous les pêcheurs. Grâce à cette technique, je ne perds plus de plombs ! Si le poisson prend le dessus, la casse se fera ainsi toujours au niveau de l’empile du traînard.

Question montages

J’utilise uniquement que le traînard wishbone fixe. Je n’affectionne pas les montages coulissants car il faut pouvoir bloquer la daurade et éviter qu’elle ne prenne le dessus. D’ailleurs, dans certains spots, le frein doit être bien serré. Pour la longueur du traînard, le minimum sera de 3 mètres et, selon la clarté de l’eau, je peux allonger jusqu’à 4,50 mètres.

Le fluorocarbone utilisé est le Yuki Seaguar Saiko Stiff. Ce monofilament est très résistant au nœud ainsi qu’à l’abrasion et aux UV. Je l’utilise en 28,5 et en 33/100e, voire en 37/100e pour le coup du soir. Grâce à sa structure moléculaire, ce fluorocarbone extrêmement léger possède en plus une incroyable douceur au toucher. Grâce à ces grandes qualités de résistance, beaucoup de pêcheurs, utilisateurs de cette gamme Yuki/Seaguar, ont pu descendre en diamètre de fil. Enfin, notez que son degré de réfraction est presque comme celui de la densité de l’eau, ce qui le rend donc quasiment invisible une fois immergé. Ces atouts sont très importants pour la pêche de la daurade royale qui est sûrement l’un des poissons les plus méfiants de nos côtes. Il sera donc primordial d’utiliser des fluorocarbones de très bonne qualité.

Pour les hameçons, j’utilise les CX05

Le choix des hameçons fait également partie du matériel à ne surtout pas négliger pour vos futures parties de pêche. Fabriqués au Japon avec les meilleurs composants et les dernières technologies, les hameçons Yuki sont pour moi l’arme parfaite pour les pêcheurs en mer et ce pour différentes techniques. L’affûtage de la pointe, réalisée chimiquement, augmente la capacité de pénétration, et leur fabrication en carbone offre une grande résistance. Avec sa forme ronde, le CX05 est l’hameçon passe partout de la gamme. Il sera parfait pour la pêche de la daurade, facile à monter grâce à son œillet et idéal pour les montages wishbone.

Finissons par les plombs

J’utilise le bon vieux pyramide (dit plomb portuguais), de 125 jusqu’à 250 grammes. J’aime que la ligne de pêche soit fixe, le traînard fera le travail….

LES APPÂTS POUR LA DAURADE EN AQUITAINE

Il y a bon nombre d’appâts pouvant permettre d’attraper de jolies daurades. La pistiche, le vers tube, le bibi, le ver américain ou encore l’arénicole… Pour ma part, je n’en utilise qu’un seul : le crabe vert. Facile à ramasser sur la partie nord du bassin à marée basse, il est souvent caché sous des herbiers ou des débris disposés sur les fonds sablo-vaseux.

Afin d’escher au mieux un crabe vert, je commence par lui couper les pattes arrière, droites et gauches. Je coupe aussi les pinces pour ne pas prendre le risque qu’elles abîment le fil du traînard. Je passe ensuite l’hameçon dans le trou des pattes arrière et je le fais ressortir par le dos. Pour optimiser votre pêche, il ne faudra pas hésiter à les changer toutes les vingt minutes.

La pêche au crabe sur le bassin est un choix personnel qui limite, certes, le nombre de touches, mais qui sélectionne aussi davantage les plus jolis poissons. De plus, nous ne sommes pas embêtés par les grisets souvent présents. Cependant, il n’est pas rare de faire de jolis sars au crabe, voire des bars ou des balistes.

Rien n’est rendu au hasard pour la pratique de la pêche en général et pour la recherche de la belle aux sourcils d’or en particulier. Toutes les clefs que nous acquerrons aux fils des années, que ce soit une meilleure connaissance de cette espèce, la période la plus favorable pour pratiquer cette pêche, le matériel, les appâts à utiliser, l’adaptation aux conditions météos ou encore aux différents postes de pêche… tout cela fera forcément la différence. C’est cet apprentissage, cette connaissance, qui rendent cette pratique en surfcasting aussi passionnante et qui feront que, vous aussi, vous arriverez sans aucun doute à prélever ces poissons d’exception !