Facile et ludique, la pêche à la verticale au casting jig est une pêche passionnante qui peut réserver de belles surprises. C’est ce que nous allons d’ailleurs tenter de découvrir aujourd’hui entre amis. Direction donc le large de la pointe Finistère pour débusquer les dorades roses… Mais pas seulement !
Il est 8h. On se retrouve au café du port de Saint-Guénolé pour un dernier point météo avant d’armer le Searibs pour une sortie entre copains au large de la pointe Finistère. Le ciel est clair, il n’y a pas de vent et les coefficients de marée sont intéressants pour la recherche de ce poisson magnifique et très combatif qu’est la dorade rose.
Une fois les Apex installés, le radeau de survie chargé, les gilets enfilés, les cannes à poste dans les supports et le bateau à l’eau, nous sortons du port accompagnés de notre musique rituelle (AC/DC). C’est parti pour 45 milles nautiques de navigation en direction du large. Ce genre de sortie ne s’improvise pas, nous partons en zone hauturière accompagnés bien évidemment du matériel de sécurité et des permis adaptés..
LA MAGIE DU LARGE
À la sortie du port de Saint-Guénolé, une légère houle longue nous fait face. Cap à l’ouest sur le spot que nous avons surnommé “galet land”. Après 1h15 de navigation à une vitesse moyenne de 30 nœuds où nous aurons la chance d’observer de nombreuses chasses de dauphins et de thons rouges, nous arrivons enfin sur zone. Nous ne sommes pas seuls, un petit rorqual souffle en surface avant de sonder à quelques mettre de nous.
Comme à chaque fois, nous sommes émerveillés par l’immensité et la plénitude de l’océan Atlantique. Nous plaçons le bateau à l’écart des points GPS afin d’armer les cannes et de vérifier le sens de la dérive – la première dérive est souvent la plus payante, il est donc conseillé d’éviter de faire du bruit sur le poste avec un bateau mal positionné.
C’est parti, les cannes sont prêtes, nous avons 1 nœud de dérive et 50 mètres de fond. Nous contrôlons la descente de nos leurres en direct sur les appareils et là, apparaissent les premières détections. Bingo ! Les poissons sont bien présents sur la zone, mais la forme des échos ne ressemble pas pour le moment à ce que l’on est venu chercher. La première animation du jig Orion Deep blue de 90 grammes est suivie par la première capture qui confirme l’information donnée par le sondeur : c’est un joli lieu jaune qui perce la surface. Petite photo rapide et direction le vivier. En effet, le lieu jaune fait partie des poissons qui malheureusement ne survivent pas lorsqu’on les pêche dans ces profondeurs-là. Nous décidons alors de nous déplacer afin de prospecter et de trouver les poissons que nous sommes venus chercher, les belles roses aux points noirs.
Pendant la courte navigation entre les points éclate, à une centaine de mètre de nous, une chasse de Fous de Bassan accompagnés de puffins et de goélands. Nous décidons de nous approcher pour profiter du spectacle. Tout ce beau monde plonge et se nourrit dans un banc de sardines poussé vers la surface par un groupe de dauphins. Toujours impressionnant d’observer l’organisation que peuvent avoir ces grands mammifères, c’est stupéfiant !
NAVIGATION HAUTURIÈRE : NE RIEN OUBLIER !
Pour les sorties en hauturier (c’est-à-dire à plus de 6 milles marins d’un abri), il est obligatoire de posséder le permis de navigation hauturier. Il est également obligatoire d’avoir à bord le matériel de navigation adapté, à savoir :
- un radeau de survie (sauf pour les bateaux insubmersibles même s’il est fortement conseillé en cas d’incendie ou retournement) ;
- matériel pour faire le point (compas, cartes, …) ;
- livre des feux tenu à jour ;
- journal de bord ;
- harnais et longe par navire pour les non voiliers ;
- trousse de secours conforme à l’article 240-2,16 ;
- dispositif lumineux pour la recherche et le repérage de nuit ;
- radiobalise de localisation des sinistres (EPIRB) ;
- VHF fixe (depuis 2017).
PREMIÈRES PRISES ET SURPRISES
En arrivant sur le deuxième poste, nous trouvons directement la détection et, cette fois-ci, c’est sûr, ce sont les sparidés que nous sommes venus chercher. La détection en forme de nuage sur plusieurs mètres de haut est bien caractéristique de cette magnifique espèce. On trouve de façon régulière ces poissons à proximité d’une tête de roche – devant ou derrière selon le courant.
Les leurres sont à l’eau et le moteur est coupé. Le contrôle de la descente du leurre, grâce au pouce sur la bobine du moulinet casting, est précis. Boum ! Première touche à la descente, 5 mètres au-dessus du fond et premier ferrage. C’est piqué ! Les coups de tête et les vibrations dans la canne le confirment, c’est bien une dorade. D’un clic sur le GPS, nous marquons le point afin de suivre son éventuel déplacement. Après quelques secondes, et un combat digne de ces sparidés, nous entrevoyons la prise qui ne tarde pas à percer la surface. C’est bien une belle dorade rose d’environ 2 kg qui arrive dans l’épuisette. Tout juste le temps de décrocher les assists du jig et c’est Julien qui se fait attraper le leurre à son tour. Je saisis à mon tour l’épuisette et bingo, une deuxième dorade à bord. Nous sommes sur la fin de la dérive et nous en profitons pour réaliser quelques clichés de ces 2 spécimens de taille équivalente. Pour la pêche de la dorade rose, nous armons nos leurres avec 2 assists montés en tête et, en général, un hameçon triple sur l’arrière, même si nous constatons tout de même que ces poissons sont bien souvent pris sur les assists de tête. Une fois les poissons photographiés et placés au vivier, nous replaçons le bateau, cette fois-ci, un peu plus haut afin de pouvoir descendre les leurres avant le début la détection. À peine arrivé sur le fond, Julien s’exclame : pendu ! Mais là, le combat est bizarre. Ce n’est pas une dorade, ce n’est pas non plus un lieu… La canne est pliée avec une grosse sensation de lourdeur. Après quelques minutes de combat, c’est avec surprise que nous voyons arriver en surface un congre d’environ 1,20 mètre. C’est dans ces moments-là qu’on apprécie avoir des cannes qui possèdent une énorme réserve de puissance afin de maîtriser ce type de prise à la vigueur énorme. Après un démêlage d’une bonne dizaine de minutes dans l’épuisette, une photo de cette prise peu commune aux leurres est faite et c’est le retour à l’eau.
UNE QUESTION DE MATÉRIEL
Nouvelle dérive… Nous constatons que la détection diminue, conséquence, sans aucun doute, de nos différents passages sur la mate. Mais les poissons sont toujours là. C’est à mon tour de me faire prendre le leurre lors d’une animation dite “ascenseur”. Le poisson est énergique, mais pas très gros. La canne Armata Lite équipée de son moulinet casting fait le travail et la prise arrive en surface. C’est une nouvelle espèce lors de cette journée sous le soleil : un lieu noir d’environ 1 kg qui passera devant l’appareil photo également. Contrairement au lieu jaune, cette espèce repart facilement même après un combat dans 50 mètres de fond. Il retournera donc à l’eau au plus vite. Le temps de vérifier l’état de mon fluorocarbone et c’est la canne Hearty Rise slow jig 3 de Julien qui se plie. C’est un nouveau lieu jaune de taille correct qui arrive en surface cette fois-ci. Là, il faut faire quelque chose : le courant a baissé, la dérive a changé et il est maintenant évident que nous pêchons trop lourd pour prendre des dorades. Nous en profitons pour faire le point sur l’activité du moment ainsi que sur le matériel. Le poids et la forme des jigs, l’armement (assit jig et/ou triple), la couleur des leurres (aujourd’hui le bleu, le vert et l’argenté) et, surtout, le diamètre du fluorocarbone. Nous nous rendons compte qu’il y a une différence réelle sur le nombre de touches que nous avons eu. Julien a opté pour un bas de ligne en 45/100e (utilisé en général sur la chaussée de Sein, plus résistant à l’abrasion), alors que ma canne est montée en 35/100e. Le diamètre du fluorocarbone a toute son importance. Plus celui-ci est fin, plus le montage est discret. Surtout lorsque l’eau est claire comme aujourd’hui. Je décide de changer de jig en remplaçant l’Orion de 90 grammes par un Hart Glaze en 60 grammes. Un leurre qui est moins lourd et qui a donc l’avantage d’être plus planant. Quant à lui, Julien reste sur le même montage. L’avantage de pêcher à plusieurs permet de trouver le combo gagnant du jour plus rapidement : grammage, couleur, taille et diamètre de l’arraché. Il ne faut pas hésiter à varier les coloris et la taille des leurres pendant la journée jusqu’à trouver la combinaison parfaite.
Nouvelle dérive. Première descente du Glaze et, 10 mètres au-dessus du fond, première touche. Le contact est franc et le ferrage doigt sur la bobine du casting est instantané. Il faut vraiment rester concentré lors de la descente du leurre, c’est souvent à ce moment-là que l’on touche les plus beaux spécimens. Début du combat, c’est sûr, c’est une dorade. Et au ressenti, c’est un beau poisson ! L’option de descendre le grammage était la bonne. Julien profite du combat pour changer également son leurre, mais aussi son fluorocarbone de 45/100e par un arraché de diamètre inférieur en 35/100e. C’est une dorade de presque 3 kg qui arrive en surface et qui entre directement dans l’épuisette..
UNE SESSION PLUS QUE RÉUSSI
Lors des dérives suivantes, les touches s’enchaînent. Les décrochés aussi. La dorage rose est une espèce dont les lèvres sont fragiles ; il faut donc doser les ferrages et, surtout, ne pas avoir un frein trop serré au risque de déchirer la bouche de ce sparidé. Il faut également choisir, si possible, des cannes avec une action de pointe souple pour amortir les coups de têtes et les rushs de cette combattante.
La dorade rose est assez facile à capturer une fois la combinaison ligne-leurre affinée et lorsqu’on sait où la chercher. Outre un combat très amusant sur des cannes fines et une prospection intéressante, ce poisson est également excellent gustativement parlant. En revanche, il faut savoir être raisonnable. En effet, d’après les études de l’Ifremer de Sète, la dorade rose est une des espèces qui possède la croissance la plus longue au monde. En effet, un spécimen pesant 2 kg est estimé à une vingtaine d’années environ ! Ainsi, après une nouvelle dérive et un nouveau doublé avoisinant les 2 et 2,5 kg, nous décidons d’arrêter la pêche. Nous avons ce qu’il faut dans la caméra pour vous présenter un sujet vidéo suffisamment pertinent et de quoi partager un bon moment entre amis autour d’un barbecue.
Christian en profite pour faire quelques belles photos de ce poisson qu’il connaît bien. La dorade rose est effectivement présente aussi en Méditerranée, mais la taille moyenne des prises est nettement plus petite. Les zones de pêche sont de plus en plus profondes à cause de la surpêche de ce poisson très convoité. C’est en parti pour cela qu’il vient régulièrement en Bretagne pour prendre de “vrais poissons” ! (lol)
C’était une sortie riche en espèces au large de la pointe Finistère, avec, au final, neuf qui auront été prises : dorade rose, lieu jaune, lieu noir, congre, maquereau, poulpe, tacaud, coquette, grondin). Comme quoi, les castings jig prennent de tous et, bien souvent, ils nous réservent effectivement de belles surprises ! L’électronique est un atout indispensable lors d’une sortie pêche au large, que ce soit pour trouver les détections mais aussi pour pouvoir positionner le bateau de façon précise sur les postes de pêche. Nous avons pu localiser ces poissons grâce au sondeur Humminbird Apex (distribué par la société Navicom) couplé aux sondes haute performance Airmar M 265 LH. Mais également grâce à la carte de navigation Humminbird Coastmaster et sa vue relief ombragé qui est d’une précision exceptionnelle. Cette vue permet de trouver très rapidement les têtes de roche ainsi que les “couloirs” creusés par le courant.
Une fois le matériel bien rangé, nous décidons de prendre le temps de manger avant de rentrer. Les anecdotes vont bon train et, forcément, quelques bons fous rires aussi en nous remémorant les décrochés et les touches ratées de cette matinée ensoleillée. Lors du retour, nous serons escortés pendant un bon moment par nos amis les dauphins. Ils viendront jouer à plusieurs reprises à l’étrave du Searib’s. Spectacle courant mais toujours aussi magique à l’occasion des sorties au large. Nous croiserons dans le chenal d’entrée au port les bolincheurs qui partent en mer pour la nuit à la recherche des poissons bleus, comme les sardines, anchois et autres maquereaux. Il ne nous reste plus qu’à déguster ce soir un bon carpaccio et un joli poisson grillé entre amis, en attendant avec impatience le prochain créneau météo
L’ASTUCE ÉCO
Une sortie sur cette zone de pêche, c’est environ 100 à 120 minutes de navigation dans la journée. Le bateau est équipé de deux réservoirs : un de 200 litres à l’éthanol pour la navigation et un autre de 12 litres (de 98) pour rincer le moteur lors du retour au port. Cela évite de laisser l’éthanol, qui est un carburant qui a tendance à condenser, dans le circuit d’injection du moteur. Le kit Flex fuel avec capteur d’éthanol installé sur le 250 cv Suzuki permet de régler en permanence le temps d’injection en fonction du pourcentage d’éthanol présent dans le carburant. L’avantage étant de pouvoir utiliser de l’essence ou de l’éthanol sans modifier les performances du moteur. Même si en utilisant de l’éthanol, la consommation est un peu plus élevée (jusqu’à 30 % de plus selon le taux d’éthanol dans le E85), ce système permet de diminuer le budget carburant de la sortie de façon significative. Pour info, une sortie comme celle-ci à l’éthanol permet d’économiser environ 140 € par rapport au SP98.