La pélamide, ou bonite à dos rayé (Sarda sarda), est un pélagique que de nombreux pêcheurs affectionnent combattre pour son rapport poids/puissance incroyable. C’est un carnassier marin appartenant à la grande famille des scombridés. Elle se nourrit principalement de petits poissons qu’elle chasse en banc en pleine mer. Elle possède un corps fusiforme qui lui permet d’atteindre des vitesses dépassant les 50 km/h.
On reconnaît facilement la pélamide des autres espèces de bonites grâce à son dos rayé et à sa dentition bien marquée. Si la pélamide peut atteindre des tailles plus que respectables en dépassant les 10 kilos, cela reste des prises assez rares, la moyenne des captures se situant plus souvent entre 2 et 5 kg. Néanmoins, sur un ensemble dit “light”, c’est un réel plaisir d’affronter ces véritables torpilles qui ne lâcheront rien du début jusqu’à la fin. Les pélamides sont de formidables combattantes, puissantes et rapides !
UNE APPROCHE PLUS CONTEMPORAINE
Plus généralement pêchée au lancer sur chasses avec de petits casting jigs, à la traîne, ou encore au broumé, nous allons voir plutôt ici comment approcher cette espèce au “slow jig”.
Les périodes les plus propices, que j’ai pu constater pour les toucher en verticale, vont de novembre à février ; néanmoins, il est possible de croiser leur route tout au long de l’année sur les côtes méditerranéenne. L’usage et la compréhension d’un bon matériel électronique sera indispensable à la recherche de la bonne zone de pêche. Il vous faudra trouver les tombants où les passages y sont fréquents. La présence de poissons fourrage, comme le severeau ou le maquereau, sera un vrai plus à votre partie de pêche. La profondeur de pêche varie entre 30 et 100 mètres, mais il n’est pas exclu d’en prendre dans moins ou plus de profondeur. Il vous faudra cependant tomber au bon moment de l’activité. Les bancs faisant plusieurs passages aux mêmes endroits, il ne sera pas rare d’enchaîner les poissons sur les meilleurs créneaux. Enfin, si toutes ces conditions sont réunies, préparez-vous à faire le plein de sensations !
Comme de nombreuses techniques de pêche, le slow jigging nous vient du Japon. L’histoire raconte que son créateur, Norihiro Sato, l’a développé après avoir laissé son ensemble dans le porte-canne et sa ligne en pleine eau afin d’aider son co-équipier à mettre au sec un joli poisson. Son jig se trouvant toujours dans l’eau, lorsqu’il reprit contact avec celui-ci, il eut la surprise de constater qu’il avait lui aussi capturé un poisson. Le mouvement du bateau causé par la houle avait suffi à animer son jig pour provoquer l’attaque du poisson. Ce fut pour lui une révélation !
En suivant cette analyse, qu’un jig pouvait être attractif tout en l’animant lentement, il créa le slow jigging et développa du matériel spécifique comme le Caprice Jig avec sa forme très planante, ou encore les cannes Poseidon Slow Jerker de la marque Evergreen.
UN MATERIEL SPÉCIFIQUE
Pour ma part, je pratique la technique du slow jig dans le Sud-Est de la France depuis un peu plus de 6 ans maintenant et, avec le temps, le matériel devient de plus en plus pointu (tout comme le pêcheur…). Il sera conseillé un ensemble dit “casting” pour un meilleur confort de pêche. Le slow jig étant une technique de pêche verticale, il sera bien plus pratique d’utiliser ce type de matériel. Par une simple pression sur la gâchette du moulinet, il sera possible de libérer le fil, contrairement à un moulinet spinning où il faudra sans cesse ouvrir le pick-up et ensuite le refermer. Le casting possède un avantage “technique” indéniable : celui de mieux détecter les touches du fait d’être en contact direct avec la ligne.
Mon choix au niveau des cannes se tourne vers des marques comme Xesta, Hearty Rise ou Evergreen (ex. : Xesta Scramble Light Jigging B623 / 60-150 gr.) ; Hearty Rise Slow jigging II / 120-230 gr.) qui, pour moi, font partie des meilleures représentantes de cette technique.
En règle générale, il sera préconisé d’utiliser des cannes avec une puissance entre 60 et 200 grammes pour utiliser des tresses allant de PE 0,8 à PE 1,2. Rien ne sert d’utiliser des ensembles surdimensionnés qui vous feront perdre en sensibilité, mais surtout en sensation lors des combats.
Le marché est très vaste en termes de matériel pour cette technique, il ne sera pas compliqué de trouver des cannes avec un bon rapport qualité/prix pour les débutants et les confirmés, voire de petites merveilles de technologie pour les plus expérimentés.
LE CHOIX DE LA TRESSE : ESSENTIEL !
Il existe énormément de références sur le marché et la tresse est sûrement l’élément qu’il faudra le moins négliger. L’erreur commise régulièrement est d’investir dans du bon matériel, mais de délaisser le choix de la tresse. J’ai utilisé toutes sortes de tresses au début de mon apprentissage et j’ai vite compris qu’elle était un élément déterminant. Depuis maintenant plus de 5 ans, j’utilise celles de la marque Sunline, référencée comme étant l’un des meilleurs fabricants de tresse au monde. Elle propose des tresses pour le grand public, comme la Siglon x 8 avec un très bon rapport qualité/prix, ou des tresses ultra spécifiques comme la PE Jigger, qui comporte de vrais innovations, notamment le SSP (Smooth Surface Processing) qui est une méthode de fabrication avec un nouveau revêtement permettant une glisse optimale, que ce soit dans les anneaux comme dans l’eau (donc plus rapide) lors des phases de descente du jig. Cette saison, mon choix s’est porté sur la toute dernière Siglon ADV qui regroupe toutes les spécificités que j’attends d’une bonne tresse pour le slow jigging et je peux affirmer que cette tresse est tout simplement incroyable !
En pêche verticale, nous avons besoin de descendre rapidement et de rester le plus longtemps possible sous le bateau. La glisse de cette tresse a été grandement améliorée ce qui fait qu’on a un gain de temps à la descente (différent suivant la forme du slow jig utilisé), mais également un gain de distance sur nos dérives. Grâce à sa totale imperméabilité, elle fend très bien le courant, on reste donc plus facilement à l’aplomb du bateau lors des phases de dérives, et les quelques secondes gagnées à la descente optimisent le temps de pêche. Sans parler de son incroyable résonance qui permet de ressentir la moindre touche ou aspiration et donc d’avoir l’information dans le blank plus rapidement et ce, même dans plus de 150 mètres de profondeur. Tout cela avec une surprenante constance tout au long de la session de pêche, alors que l’utilisation de certaines tresses peut nous limiter considérablement une fois qu’elle est “chargée” dès les premières dérives.
EN MATIÈRE DE SLOW JIG
Il existe sur le marché un nombre incroyable de slow jig différents et il est souvent compliqué de se décider face à autant de choix. Même votre ressenti est important : si un produit vous plaît et que vous le sentez bien, alors c’est celui-là qu’il faut choisir ! Il existe néanmoins une référence qui fait l’unanimité sur la “planète slow jigging”, il s’agit du Slow Emotion Flap de chez Xesta. Partant de ce constat et étant un vrai fan de la marque depuis de nombreuses années, je me suis équipé, au fur et à mesure, de toute la gamme de jigs qu’ils proposent : une gamme très étoffée et très variée en termes de formes, actions, couleurs et grammages.
Concernant les animations, certaines peuvent être fondamentalement différentes en fonction des leurres utilisés, mais le Slow Pitch, le High Pitch ou encore le Long Fall, font partie de ceux que l’on peut adopter dans quasiment tous les types de slow jigging.
La technique du slow jigging est en fait la combinaison de ces animations principales maniées avec des rythmes différents. En règle générale, un slow jig comporte 2 faces, une plate et l’autre bombée. L’action donnée au jig sur les animations citées au-dessus, donc sur une phase de récupération, se traduit par un écart de gauche à droite plus ou moins prononcé, suivant la forme du jig utilisé, l’animation donnée, ou encore le tour de manivelle effectué. A contrario, ce qui est important, c’est de bien analyser l’action du jig sur sa phase de “rendu de main” ou de descente, à l’inverse de la phase de récupération. Chaque jig possèdera une action bien particulière à la descente, certains vont descendre en papillonnant, ou en feuille morte, ce qui vous obligera à adapter votre animation en fonction de l’action du jig que vous aurez sélectionné.
LES SLOW JIGS, MAIS PAS SEULEMENT
Vous avez choisi le modèle de jig, mais tout ne se résume pas qu’à ça, il faudra également s’équiper avec de très bons accessoires, comme pour les assist hook, les rolling, les anneaux brisés, soudés… Dans ce cas, et depuis de nombreuses années, je donne toute ma confiance en la marque BKK que distribue également la société Pescanautic (dont je fais partie en tant que Pro staff France). Fabricant japonais d’hameçons et de tout ce qui tourne autour de celui-ci, cette société utilise des méthodes de fabrication à la pointe de la technologie et met au jour de très belles innovations. Voici quelques références pour moi devenues incontournables :
- Gaff-R : double assist conçu pour le slow jigging, doté de la technologie Delta Point (pointe en triangle pour une meilleure pénétration), sa conception innovante permet un accrochage facile, même lors des phases de descente et sans tension de la ligne principale ;
- Sea Ranger+ : hameçons ultras résistants pour la pêche de gros poissons sur des jigs de petite taille, double assist hook, pointe HG “Hand Ground” (affûtage à la main) montés en tandem, ligature phosphorescente avec teaser et anneaux soudés inox, conçus pour être utilisés sur des jigs jusqu’à 100 gr. ;
- SF Reefmaster HG : cet assist simple dispose des meilleures technologies de BKK avec la pointe HG véritable signature de la marque. Ligaturé avec des poils naturels de haute qualité et des fibres brillantes qui aident à déclencher plus d’attaques ; doté également du revêtement Anti-trust (anti-rouille) pour une meilleure résistance à la corrosion.
- Et pour faire tenir tout cela… la saison dernière, j’ai pu tester les tous nouveaux rolling conçus spécialement pour le jig, de vrais petits bijoux :
- les émerillons BKK Infinity fabriqués en acier inoxydable de haute qualité pour résister à la rouille et à la corrosion ;
- le Swivel JS pécialement conçu pour monter sur les jigs : il bénéficie d’un anneau soudé plus grand et plus large pour permettre une liberté de mouvement supplémentaire aux assists et aux leurres dans votre présentation, améliorant ainsi l’efficacité de vos ferrages.
Sans oublier les Solid Ring et Split Ring, afin de relier tout ça correctement entre eux…
ET MAINTENANT, PLACE À LA PÊCHE !
Vous voilà maintenant équipés, vos jigs bien armés, il faut maintenant préparer votre plan de pêche. Avoir un plan de pêche, plus ou moins précis, vous permet de vous fixer des objectifs. Généralement, je pointe 2 ou 3 endroits sur la carte qui me paraissent pertinents pour être d’éventuelles zones de passage des pélamides, suivant la période et les conditions climatiques annoncées. Une première zone qui sera prioritaire sur ma prospection et ensuite deux autres zones aux alentours. Une fois arrivé sur les lieux, il vous faudra analyser le sens du courant et la vitesse de dérive, de manière à pouvoir bien positionner votre bateau et pêcher plus efficacement. Une dérive entre 0,4 et 1 nœud sera idéale ; au-delà, il faudra ralentir celle-ci à l’aide d’une ancre flottante ou d’un moteur électrique. Il faudra alors compenser la dérive en lançant votre jig en amont de celle-ci, afin de se retrouver sous le bateau au moment de démarrer sa montée. À ce moment-là, c’est à vous de trouver le bon grammage suivant la profondeur pêchée. Être le plus souvent à la verticale sera une nécessité, sinon cela pêchera tout simplement mal et se soldera par beaucoup moins de touches.
Ça y est, vous enchaînez les animations, faites plusieurs dérives, vous avez éventuellement de la vie sur votre sondeur, mais vous ne prenez aucune touche, c’est là que la remise en question et le mot adaptabilité prennent tout leur sens ! Il faudra à ce moment-là changer rapidement de jigs, varier les formes, les couleurs, voire parfois les assist hook afin d’être rapidement fixé sur ce que les pélamides chassent, et enfin enregistrer des touches…
Généralement, les touches de pélamides en slow jigging arrivent 70 % du temps sur les phases de rendu de main, il faudra être très attentif et avoir l’œil sur la bannière, au moindre arrêt suspect, il faudra ferrer ! Les cannes étant généralement souples, le ferrage devra être très appuyé. Il sera en effet nécessaire de compenser sa souplesse en moulinant très rapidement afin que les hameçons se piquent bien dans les mâchoires puissantes de ce prédateur.
Votre poisson est piqué, le combat commence, certains sujets seront simples à combattre, d’autres se montreront beaucoup plus énervés, mais le constat est sans appel : une fois que la pélamide aperçoit la coque de votre bateau, c’est à ce moment-là que le combat commence véritablement. Ce poisson vous offrira de très jolies rushs, canne cintrée et moulinet qui chante comme nous aimons tant.
Mettez un point sur cette zone, vous pouvez être sûr qu’il y aura d’autres passages à des moments différents… La pélamide en slow jigging est une pêche qui pourra vous rendre fou ! La persévérance et la remise en question sont primordiales. Ces années de pratique m’ont permis de ne retenir qu’une seule chose “si tu pêches avec 10 jigs de la même manière, c’est que tu fais une erreur !” Les techniques de jigs sont éprouvantes mentalement, il ne faut pas compter ses heures de pêche ni les bredouilles, chaque sortie doit être analysée et vous aider à devenir encore meilleur, et vous serez logiquement récompensé de vos efforts…