Comment pêcher la seiche en bateau ?

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Aussi ludique que passionnante, la pêche de la seiche en bateau est certainement l’une des techniques les plus simples à mettre en pratique. Que vous soyez entre amis ou en famille, elle vous procurera à coup sûr éclats de rire (attention au jet d’encre) et plaisir de déguster le fruit de votre session de pêche après une belle journée passée sur l’eau.

Selon les régions, la seiche peut porter différents noms comme margatte, morgatte ou encore sépion. Les casserons sont quant à eux des seiches juvéniles. Leur longévité n’est généralement que d’un ou deux ans, ce qui explique les différences de taille en fonction de la période durant laquelle on les recherche. Mais, même s’il est possible de les pêcher toute l’année avec de bons résultats, c’est en avril/mai qu’il est envisageable de prendre de véritables spécimens. Certains records peuvent même dépasser les deux kilos.

Pêche de la seiche en bateau

UN MONTAGE SIMPLE ET EFFICACE

Pour commencer à pêcher la seiche en verticale, voici un des montages les plus simples et des plus prenants à effectuer. Vous allez avoir besoin d’une turlutte, d’une bobine de fluorocarbone en 30/100e, de plombs poires de 20 à 60 gr. et d’un sachet d’agrafes. Montez une turlutte de type egi (celle avec un plomb incrusté sous la tête) sur un bas de ligne en fluorocarbone d’une trentaine de centimètres et faites une boucle à son extrémité de ce même bas de ligne. Prenez un plomb poire ; accrochez-le également à un bas de ligne d’une trentaine de centimètres et faites aussi une boucle a son extrémité. Le grammage du plomb devra être choisi en fonction de la profondeur et de la dérive. Le poids du plomb est généralement compris entre 20 et 60 gr, l’important étant de pouvoir rester un minimum en verticale. Après avoir installé une agrafe sur votre fil sortant du moulinet, vous n’avez plus qu’à y accrocher vos deux bas de lignes. Vous êtes prêt à pêcher !

Ce montage “passe-partout” permet de pêcher sur tous types de substrats comme les algues, la roche ou le sable sans vous accrocher. De même, il s’adaptera en quelques secondes à la profondeur et au courant de votre spot de pêche, tout simplement en changeant le grammage de votre plomb. Par ailleurs, en cas de présence de nombreuses algues sur le fond, il est tout à fait possible de rallonger le bas de ligne sur lequel se trouve le plomb, afin que votre turlute puisse évoluer juste au-dessus des herbiers sans s’y accrocher.

Pêche de la seiche en bateau

LE CHOIX DES TURLUTTES

Il existe une multitude de turluttes sur le marché, toutes plus belles les unes que les autres. Aussi, il n’est vraiment pas évident de s’y retrouver et de faire les bons choix car, même si elles possèdent toutes la capacité de prendre des céphalopodes, il s’avère qu’en action de pêche, certaines seront beaucoup plus prenantes que d’autres.

Il existe de nombreux paramètres pour choisir sa turlutte : sa forme, sa taille, sa phosphorescence, le bruit qu’elle émet, sa réaction aux ultras violets et enfin sa couleur. Mais, puisque la pêche de la seiche en bateau se pratique essentiellement de jour et que vous n’allez pas acheter tout le magasin, il est essentiel de se concentrer sur le facteur essentiel, à savoir la couleur.

Les couleurs dominantes qui sont pour moi fondamentales et qui peuvent convenir dans 90 % des situations de pêche sont : le rose fluo, l’orange fluo et une ou deux couleurs naturelles comme le sable et/ou le vert. Plus la profondeur sera importante et plus l’eau sera chargée, plus il conviendra d’utiliser des couleurs voyantes. Inversement, par faible profondeur et par eaux cristallines, il conviendra de choisir une turlutte de couleur naturelle.

Les tailles des turluttes sont classées par numéro. Ainsi, la taille 2,5 correspond à une turlutte de 9 cm, la taille 3 à une turlutte de 10 cm et la taille 3,5 à une turlutte de 12 cm, la taille 3 étant la dimension passe partout qui conviendra à la plupart des situations.

Pêche de la seiche en bateau

UN MATÉRIEL ADAPTÉ

Il existe de nombreuses cannes spécifiques pour pêcher les céphalopodes, généralement dénommées cannes eging. Elles possèdent toutes la particularité d’avoir une action assez souple et progressive pour ne pas décrocher les seiches ou autres calamars pendant le combat. En effet, les turluttes n’ayant pas d’ardillons, la canne doit pouvoir amortir tous les mouvements des céphalopodes pour garder en permanence la ligne en tension. Mais une canne typée leurre pourra également être utilisée, du moment qu’elle soit assez souple et qu’elle puisse plier lorsque vous remontez une seiche. Le moulinet aura quant à lui une importance mineure et servira surtout de réserve de fil (sauf si vous tombez sur un poulpe). Une taille 2 500 ou 3 000 garnie de tresse en 17/100e ou en nylon de 30/100e suffira largement. 

L’autre ustensile obligatoire, c’est bien sûr l’épuisette. Les seiches se piquant la plupart du temps superficiellement, il est conseillé de ne jamais la soulever hors de l’eau avec sa canne. Pensez à mettre votre épuisette déjà dans l’eau lorsque votre seiche se rapproche de la surface et rentrez-là en douceur dans le filet.

Pêche de la seiche en bateau

 Ma turlutte “fétiche”…

Comme tout pêcheur de céphalopodes, on possède tous une turlutte fétiche… Vous savez, celle avec laquelle on ne peut concevoir une partie de pêche sans l’avoir au moins dans sa boîte ! Ce modèle s’appelle la Aurie-Q Search Double Glow de chez Yo-Zuri, mais pas n’importe quelle couleur, la couleur DLRP. Ce modèle comporte toutes les caractéristiques pour attirer tous les céphalopodes : une double phosphorescence sur la turlutte (une bleue et une verte), elle réagit aux UV, elle est bruiteuse et possède dans l’eau un fort contraste grâce à sa couleur rose et sa tête violette. Mais surtout, elle se démarque presque à chaque fois de tous les modèles que j’ai essayés. Donc à tester absolument…

 COMMENT ANIMER SA TURLUTTE ?

Les seiches se pêchent près du fond et ne remontent généralement pas dans la couche d’eau supérieure, à moins de poursuivre une proie ou pour fuir un prédateur. Il est donc logique de les pêcher au plus près du substrat.

L’animation principale consiste à simplement laisser traîner le plomb sur le fond. Le bruit et la sédimentation soulevée par le lest raclant le substrat attireront à coup sûr les seiches de très loin. La turlutte située quelques centimètres au-dessus jouera, quant à elle, le rôle de leurre et ne manquera pas de se faire attaquer au bout de quelques mètres de dérive.  

Si les seiches vous paraissent tatillonnes, c’est souvent lié à une “mauvaise” turlutte ou à une mauvaise couleur. Je vous conseille dans ce cas de faire régulièrement des pauses avec votre turlutte lors de vos dérives. Le fait de rendre la main à une vitesse identique à celle du bateau arrêtera net votre turlutte et laissera le temps à une potentielle seiche suiveuse de s’en emparer. 

Une autre technique, en particulier lors de très faibles dérives, consiste toutes les cinq minutes à taper le fond plusieurs fois avec votre plomb pour envoyer un fort signal sonore, puis de remonter votre turlutte d’un mètre de haut pour la rendre visible de très loin. La touche intervient souvent à la descente ou juste après que le plomb a repris contact avec le fond.

Par ailleurs, soyez toujours attentifs lorsque vous remontez (à vide) votre turlutte, il est assez fréquent de voir une seiche suivre votre calamarette jusqu’à la surface. Redescendez alors votre turlutte, restez immobile et vous verrez sûrement l’attaque en direct.

Pêche de la seiche en bateau

LE FERRAGE : UN COUP À PRENDRE !

Vous êtes en train de dériver et vous ressentez une lourdeur au bout de la canne, une seiche s’est vraisemblablement saisie de votre turlutte ! Il faut alors effectuer un ferrage sec, mais de faible amplitude, puis remonter doucement votre ligne sans faire d’à-coups jusqu’à la surface pour pouvoir mettre enfin votre précieuse dans l’épuisette.

Il arrive que la seiche se décroche au moment du ferrage, car elle préfère attaquer la tête de la turlutte que l’arrière où se trouve le panier. Mais n’ayant pas été piquée, il y a de fortes chances qu’elle s’en saisisse à nouveau. Aussi, pour l’inciter à revenir plus vite, remontez doucement la turlutte d’un mètre, faites une pause de quelques secondes et redescendez-la doucement sur le fond.

 LES POSTES DE PRÉDILECTION

Le choix du poste est un des facteurs les plus importants ! Il existe surtout trois paramètres à prendre en considération : le substrat, la vitesse de dérive et la présence de structures. Même si la pro­fon-deur d’eau est un facteur secondaire, par confort, il conviendra de pêcher sur des zones entre trois et vingt mètres de fond.

Les fonds de types sableux, vaseux ou de maërl seront les premiers postes à prospecter, d’une part grâce à leur simplicité de pêche et, d’autre part, grâce à leur faculté à attirer les seiches. Les fonds herbeux ou de roches peuvent aussi être de bons spots, mais ces zones sont généralement à éviter, si vous ne voulez pas perdre vos turluttes.

Particulièrement en Atlantique, la vitesse de dérive est un facteur déterminant pour la réussite de votre pêche. Elle se doit de n’être ni trop lente pour pouvoir prospecter un minimum de terrain, ni trop rapide pour que les seiches puissent attraper facilement votre turlutte. La vitesse de dérive doit être comprise entre 0,2 et 1 nœud avec une vitesse optimale de 0,5 nœud.

Les structures telles que les mouillages de bateaux, les parcs à moules ou les abords des ouvrages portuaires seront à coup sûr des “hot spots” pour commencer votre prospection. Abritant en effet de nombreux petits poissons et crustacés, ces types d’abris leur servent de gites – pour se dissimuler facilement – et de couverts – pour leurs nourritures.

Pêche de la seiche en bateau

MONTAGE MULTI-ESPÈCES

En fonction des secteurs et de la saison, la seiche n’est forcément pas le seul céphalopode à pouvoir être pêché en dérive. Il serait donc dommage de se priver de quelques modifications pour pouvoir séduire également ces autres espèces que sont le calamar et le poulpe.

À partir du mois de septembre, il n’est pas rare de croiser des calamars et des seiches sur les mêmes postes. Il est d’ailleurs tout à fait possible d’améliorer le montage vu précédemment afin de pouvoir cibler efficacement ces 2 espèces en même temps. Pour cela, il suffit de rajouter une ou deux turluttes flottantes à 1,50 mètre plus haut que votre agrafe, soit en l’accrochant directement sur votre fluorocarbone par un nœud palomar simple, soit en l’accrochant avec un bas de ligne de 30 centimètres avec un nœud de teaser. Mais si vous n’êtes pas à l’aise avec les nœuds, la marque Flashmer propose un montage spécifique pour cette technique, “le bas de ligne turlutte fixe” qui possède deux agrafes rapides directement montés sur un bas de ligne de 160 cm où il ne vous reste plus qu’à installer vos turluttes.

La turlutte du bas prendra alors toutes les seiches là où les turluttes du haut ne sélectionneront quant à elles que  les calamars.

En cas de présence de poulpes sur la zone de pêche, ce qui arrive d’ailleurs de plus en plus souvent avec la forte augmentation observée de leur population ces deux dernières années, il peut être également intéressant de les cibler, du moment que vous possédez une canne assez puissante pour pouvoir remonter un spécimen de plusieurs kilos.

Les poulpes résidant également sur le fond, il est donc possible d’utiliser ce même montage, mais je vous conseille d’utiliser une turlutte plus grande que pour les seiches. Une taille de 3,5 sera un minimum pour remonter ce gros céphalopode sans encombre. La taille légèrement plus importante de la turlutte n’aura qu’une incidence assez faible sur la prise des seiches en ne limitant les prises que des plus petits individus.

Pour un ciblage plus spécifique, mais qui vous permettra tout de même de prendre des seiches, l’utilisation d’une “turlutte cage” non plombée avec une sardine à l’intérieur peut se montrer aussi terriblement efficace. Les effluves libérés par la sardine ne rendront jamais un poulpe indifférent et l’attirera de plus loin qu’une turlutte traditionnelle.

Pêche de la seiche en bateau

 QUELQUES ASTUCES

Les attractants sont aussi une manière terriblement efficace pour stimuler et décider nos amis céphalopodes à attaquer. Il en existe plusieurs modèles déclinés sous différentes formes. Les plus couramment utilisés sont les sprays et les pâtes. Ces dernières ont l’avantage de rester plus longtemps sur la turlutte mais, étant souvent colorées, elles dénatureront la couleur de votre leurre. Les sprays sont quant à eux faciles d’utilisation et incolores. Même si on doit en mettre un peu plus souvent, je vous conseille l’attractant Flash Attack de la marque Flashmer, qui me donne entière satisfaction depuis plusieurs années.

L’utilisation d’une bourriche flottante pour garder vos seiches vivantes peut également vous offrir quelques avantages. Même si vous pouvez aussi vous en servir d’encre flottante, les hormones des seiches libérées par les femelles enfermées à l’intérieur de la bourriche attireront les mâles. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir de gros mâles monter jusqu’au bateau grâce à cette technique ; il suffit alors de lui mettre une turlutte sous le nez pour l’attraper !

ENSEMBLE, PROTÉGEONS LA RESSOURCE !

En période de reproduction, c’est-à-dire entre le mois de mars et le mois de juin selon les régions, privilégiez le prélèvement des mâles, reconnaissable à leurs rayures foncées sur le manteau ainsi que sur les bras extérieurs. Un mâle pouvant féconder plusieurs femelles, son prélèvement ne limitera pas la quantité des futures seiches juvéniles. Les seiches vivant souvent par banc, il est possible dans certaines situations de réaliser de véritables pêches miraculeuses. Lors de ces moments d’euphorie, pensez toujours à ne prélever que le strict nécessaire pour votre consommation, la ressource n’étant pas hélas inépuisable.

Les œufs de seiche…

Il est fréquent de trouver des œufs de seiches sur des supports décrochés du fond dérivants à la surface de l’eau. Ils sont appelés couramment “raisin de mer” à cause de leurs formes et de leurs couleurs noires. Lorsque les œufs sont à maturité, la membrane se détache et on peut alors voir à l’intérieur les petites seiches déjà formées prêtes à éclore. Dès la sortie de l’œuf, elles vivront alors en parfaite autonomie et se reproduiront un an plus tard entre le mois de mars et le mois de mai.

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