Aujourd’hui largement démocratisée, la pêche au tenya reste encore dans l’esprit de la plupart des pêcheurs une technique adaptée à ceux détenant un bateau. Effectivement, pendant longtemps, les premiers modèles arrivés en France étaient assez basiques et se prêtaient surtout à des pêches verticales en dérive. Néanmoins, l’évolution du matériel et l’arrivée sur le marché de nouveaux produits a considérablement changé la donne. Et aujourd’hui, il est tout à fait possible, pour peu que l’on connaisse certaines bases, de prendre de beaux spécimens du bord. En effet, en respectant quelques règles très simples, les parties de pêche riches en touches, poissons et émotions sont à la portée de tous.
Afin de vous aider à faire passer ce long hiver et à mieux préparer votre printemps, ce dossier aura pour but d’examiner les différents aspects incontournables de la pêche au tenya, en Atlantique comme en Méditerranée. En vous souhaitant de nombreux succès tant halieutiques que personnels pour cette nouvelle année qui s’annonce !
Lieux propices et conditions idéales
Un défaut d’analyse minutieuse d’un secteur de pêche est souvent la cause d’un échec et la pêche au tenya, plus que d’autres, demande une certaine précision dans cette analyse, les endroits favorables du bord exigeant quelques prérequis.
La profondeur, un paramètre crucial
Il faut trouver un poste de pêche avec une certaine hauteur d’eau, et sans être une règle absolue, une profondeur de 2,5 à 3 mètres semble être un minimum à respecter pour deux raisons : faciliter l’animation et la prospection à travers la colonne d’eau et tromper la méfiance des poissons se situant parfois juste en contrebas. Il n’y a pas de hauteur d’eau maximum, mais on remarque qu’avec les marées à fort marnage, qui s’accompagnent souvent de houle, le ressenti est moins précis et la dérive parfois trop importante, ce que l’on peut corriger avec des tenyas ou esches de poids plus conséquents.
Les différents types de fond
Généralement, les fonds sablonneux, sablo-vaseux ou vaseux offrent de bons résultats et minimisent les risques d’accrochage. Toutefois, ils sont parfois pourvus d’algues qui, selon leur type, rendent la pêche compliquée ou non, mais pas impossible en combinant le positionnement des hameçons ingénieux. Les herbiers, aussi riches en algues soient-ils, sont des secteurs particulièrement intéressants car ils sont fréquemment peuplés de coquillages et vers marins, ce qui est un facteur d’attractivité de plus pour nos partenaires de jeux.
Les fonds rocheux sont souvent riches en vie animale et végétale. En effet, entre les trous de roches, les fonds de laminaires et certains herbiers ayant l’air de prairies, les cachettes idéales sont innombrables. L’abondance de crustacés mais aussi de coquillages ou petits poissons de roche fait aussi de ces endroits d’excellents garde-mangers.
Cependant, ces zones ne permettent pas de pratiquer une animation au ras du fond et exigent de brider le poisson rapidement, ce qui peut se traduire par de nombreuses casses. Ce ne sont pas des secteurs idéaux pour débuter mais ils ne sont pas à exclure, tant pour les espèces qu’on peut y rencontrer que pour l’activité grouillante qui y règne.
Les secteurs qui comprennent roches et fonds sablo-vaseux sont eux idéaux. Par exemple, les ouvrages portuaires entourés de sable telles que les digues offrent un biotope riche, ainsi qu’une profondeur souvent adaptée. Les secteurs offrant un fond sablo-vaseux ponctué de roches isolées sont eux aussi à privilégier, particulièrement au niveau de la séparation entre le sable et les zones rocheuses que l’on repère aisément (taches noires ou eaux plus sombres). Ce type de secteur concentre de nombreuses espèces et leurs prédateurs associés qui nous intéressent tant.
Météo et marée
La pêche au tenya du bord peut être pratiquée quasiment toute l’année, d’avril à décembre, chaque période offrant de potentielles nouvelles espèces à pêcher, en prenant bien entendu soin de respecter la règlementation en vigueur et les tailles de capture réglementaires associées.
Les conditions météorologiques ne sont pas aussi déterminantes que ce que l’on pourrait croire. Dans le cadre d’une technique de pêche comme celle du tenya du bord, chaque type de météo s’accompagne de prises d’individus d’espèces différentes. Ainsi, il est tout à fait possible de prendre de gros spécimens sur des coups de vent, tandis que par des conditions plus calmes on rencontrera sur la même zone des daurades, vieilles ou pageots. De ce fait, il s’agit d’une technique qui peut être pratiquée quel que soit le type de conditions météorologiques.
Pour les lecteurs et lectrices concernés par les marées, et à moindre mesure pour nos amis méditerranéens, la clé est que le coefficient de marée garantisse une certaine profondeur, comme vu précédemment. Il n’existe pas à mon sens de règle type autre que celle-là, et chaque secteur offrira des particularités dues au marnage, qui feront qu’il sera pêchant à un moment donné de la journée et sans aucune activité quelques heures plus tard. Il appartient donc au pêcheur de bâtir sa propre analyse en fonction du secteur qu’il aura choisi.
Pourtant, même si chaque situation est différente, quelques constats très généraux peuvent être discernés. Concernant les heures proches de l’étale de haute mer, elles permettent de pêcher dans une hauteur d’eau considérable, ce qui peut tromper la méfiance des poissons visés. Aussi, les heures suivant l’étale de haute mer se traduisent souvent par une dernière phase de “nourrissage” des poissons prédateurs en quête de nourriture avant leur repli vers des eaux plus profondes. Enfin, par rapport au deux heures encadrant l’étale de basse mer, les beaux spécimens sont souvent près du bord, l’appétit bien aiguisé devant tout le territoire de chasse qui va bientôt s’offrir à eux.
Hélas, il s’agit là d’un constat propre à un secteur donné, bien que ces comportements sur la façade atlantique soient assez fréquemment remarqués. Pareillement que pour l’impact de la météo, c’est au bord de l’eau et au fil de vos parties de pêche que vous serez le plus à même de comprendre le fonctionnement de votre secteur. Attaquons-nous maintenant à plus concret !
Le matériel
Canne, moulinet et accessoires
Cette technique de pêche ne nécessite pas l’utilisation de forts grammages, et le poids du tenya et de l’appât montrent qu’une canne de grammage 5-25 gr est souvent suffisante. La longueur de la canne doit permettre d’avoir un bras de levier assez important pour le ferrage, ainsi une longueur de 220 cm ou plus est idéale.
L’action est très importante car une bonne détection des touches est primordiale. De ce fait, on favorisera les modèles de canne à action de pointe rapide. Une canne de qualité à action de pointe marquée vous permettra les jours où le poisson est méfiant de déceler visuellement des touches indécelables au toucher. Les cannes dites “progressives”, alliant action de pointe lors des animations et action semi-parabolique lors des combats, sont-elles aussi dignes d’intérêt.
Afin d’obtenir le meilleur ressenti, la résonnance du blank est aussi un facteur à ne pas négliger. Privilégiez un blank sensible, car il est important de ressentir ce qui se passe au bout de votre ligne, de la présence d’aspérités aux touches parfois minimalistes.
La réserve de puissance de la canne idéale découle des paramètres ci-dessus, et même s’il est compliqué de trouver une canne à la fois sensible et assez puissante, il existe néanmoins de bons compromis sur le marché. Enfin, pour celles et ceux souhaitant pratiquer cette pêche régulièrement, de nombreuses marques offrent aujourd’hui des cannes spécialement faites pour la pêche au tenya, généralement dotées d’un blank très fin qui confère une action de pointe très marquée ; néanmoins, leur grammage est encore trop souvent inadapté pour la pêche du bord.
Les moulinets utilisés par exemple pour la pêche du bar aux leurres conviennent parfaitement. Idéalement, on choisira des modèles de taille 2 500 à 4 000, avec une récupération standard (75 à 90 cm par tour de manivelle). Le moulinet sera garni de tresse de 10 à 14/100e, elle-même prolongée d’un brin de fluorocarbone d’une à deux longueurs de canne et de diamètre inférieur ou égal à 28/100e.
Les accessoires ne sont pas indispensables et dépendent des habitudes de chacun. À mon sens, les agrafes, même si très pratiques, créent potentiellement des pertes de contact avec le tenya ; c’est pour cela que je préfère ne pas en utiliser. De la même manière, certains préfèreront utiliser des aiguilles à escher et des fils élastiques tandis que d’autres s’en passeront aisément.
Les tenyas
Principe de fonctionnement, type et forme
Il existe aujourd’hui une large gamme de tenyas proposée par différents distributeurs, mais le principe général reste le même. À une tête plombée originellement en forme de cône tronqué munie d’un hameçon, s’ajoute un autre hameçon, l’assist-hook, lié à l’ensemble par un brin de Dyneema (fibre épaisse) ou de fluorocarbone. Le premier hameçon sert à maintenir l’appât tandis que le deuxième, que l’on fait ressortir à un niveau précis sur l’appât, est l’hameçon sur lequel se prend le poisson le plus souvent. Dans le cas qui nous intéresse, celui de la pêche du bord, on lance son tenya et le ramène en simulant l’évolution d’une proie sur le fond.
À la place d’une forme de cône tronqué se sont substituées chez beaucoup de fabricants tels que Decoy, des formes de sphères, afin d’évoluer avec plus de facilité sur le fond au gré des veines de courant. Plus récemment, certaines marques ont créé des modèles innovants avec de nouvelles formes ; à l’instar de la forme de sabot dite “shallow”, permettant une présentation de l’esche optimale lors des animations. Enfin, ces nouveaux modèles offrent une grande
variété de grammages, les plus légers nous intéressant particulièrement pour la pêche du bord.
FOCUS SUR LE JINGSTEN ISOTENYA DE PESCANAUTIC
Àl’origine du lancement de la technique du tenya en France en 2010 aux côtés d’Ultimate fishing, la société Pescanautic est un des acteurs majeurs de la pêche aux leurres – appâts. Guillaume Auger, PDG du groupe, m’a fait le plaisir de répondre à quelques questions.
C&P : Quelle est votre gamme la plus adaptée à la pêche au tenya du bord ?
Guillaume Auger : Dans certaines conditions et surtout en fonction du relief, les Jigsten Isotenya en 7 et 11 gr sont particulièrement bien adaptés. Le premier hameçon est situé à l’horizontal, et lorsqu’il y a une traction cela positionne l’appât entre 30 et 45 degrés grâce à l’emplacement de l’œillet. De plus les méplats présents sur le leurre apportent une certaine stabilité, tandis qu’un brin de fluorocarbone en 33/100e fait gagner en discrétion.
En quoi votre modèle se différencie-t-il de ceux de la concurrence ?
D’une part, les hameçons BKK sur ce modèle présentent une pointe affûtée en forme de diamant, ce qui leur permet de ne pas s’émousser, tandis que cette forme permet une pénétration de l’hameçon très rapide, même dans la mâchoire de gros sparidés. D’autre part, l’usage d’hameçons fins de fer BKK en 2/0 et 1/0 autorisent l’usage de plusieurs esches, l’absence de tige d’anti-retour permettant alors l’usage des appâts les plus fragiles.
Auriez-vous quelque chose à ajouter pour nos amis lecteurs ?
En 2010, nous fûmes précurseurs sur le marché du tenya. Dix ans plus tard exactement, dans la lignée du rock fishing et des leurres-appâts, je peux sans détour vous annoncer le lancement d’une nouvelle technique dont Pescanautic a le secret. Donc rendez-vous dans quelques mois !
Choisir le grammage adapté
Pour bien pêcher au tenya du bord, il faut adopter le bon grammage, l’idée générale étant de toujours ressentir parfaitement ce qui se passe au niveau de votre tenya, mais sans l’alourdir inutilement, pour permettre une évolution la plus naturelle possible. Tant que le ressenti est satisfaisant, il convient de pêcher avec le grammage le plus léger possible. Au poids du tenya, il ne faut pas oublier d’ajouter le poids de l’esche qui peut varier du simple au triple (le poids d’une arénicole représentera bien peu à côté d’une gamba entière). Si vous remontez systématiquement des algues, alors réduisez votre plombée ou la taille de vos esches. Avec quelques ajustements nécessaires entre la théorie et la pratique au bord de l’eau, on peut se référer au tableau suivant ci-dessous :
Fort heureusement, il existe des appâts “passe-partout”, tandis que d’autres sont à réserver à un certain type de conditions spécifiques.
Les appâts
La pêche au tenya du bord est tout autant multi-espèces que multi-appâts et c’est une excellente nouvelle pour tous ceux qui n’ont pas le temps nécessaire pour la collecte des différentes esches qui nous intéressent. En effet, un simple détour dans une enseigne de sport, chez un poissonnier, ou mieux, sur un ponton équipé d’un haveneau, vous permettra rapidement de constituer un stock d’esches suffisantes pour votre partie de pêche.
Ayant expérimenté de nombreuses esches différentes, de la néréide au tacaud en passant par la puce de mer, je me permets d’enjoindre les plus courageuses et courageux d’entre nous à se munir d’une bêche et d’aller collecter des vers marins, ceux-ci donnant souvent des résultats sans commune mesure avec les autres appâts pour la pêche du bord.
La présentation, clé du succès
Comme pour le surfcasting ou les autres pêches au posé, la présentation de l’appât est cruciale, et c’est un point sur lequel j’aimerais insister avant de présenter les différents types d’esches. Il serait improductif, épuisant voire frustrant, de vous donner du mal à collecter des appâts de qualité et à obtenir peu de résultat à cause d’une présentation maladroite.
La plupart du temps, le principe de présentation est le même, le sabot de l’hameçon permet de maintenir l’appât tandis que l’assist-hook permet de piquer la mâchoire du poisson. Si vous respectez ce principe en prenant soin d’écarter suffisamment les hameçons pour présenter l’esche d’une façon la plus naturelle possible, vous augmenterez significativement vos chances de réussites.
L’utilisation de fil élastique pourra vous aider à obtenir une présentation optimale, mais il ne s’agit pas de faire un rôti que le poisson recracherait immédiatement du fait de sa consistance caoutchouteuse. À l’instar des chefs étoilés, faites rêver vos hôtes !
Les crustacés
Les gambas, comme celles distribuées par Pexeo, sont très intéressantes. D’une part, leur prix est modique, d’autre part elles sont parfaitement calibrées pour la pêche qui nous intéresse. Aussi, elles offrent l’avantage d’être congelées, ce qui permet d’en sélectionner un nombre adapté pour vos sorties et d’avoir toujours quelques appâts prêts à pêcher en stock.
Les crevettes grises sont très attractives, vivantes, elles émettent des vibrations qui ajoutent à l’attractivité de l’ensemble. Les plus gros bouquets peuvent être eschés de manière classique, tandis que les crevettes grises de taille plus modeste peuvent être eschées en duo (en en disposant une sur chaque hameçon). Cette technique, très prenante sur le bar et les daurades, requiert un courant faible et des lancers peu appuyés afin de limiter le risque de vrillage. Elles intéresseront particulièrement les sparidés et les bars, mais aussi les labres et poissons plats.
Les crabes verts ou mieux, les crabes de sable, sont d’excellents appâts pourvu que l’eschage ne bride pas leur déplacement. Il s’agit d’enlever les deux pattes arrière du crabe, d’enfoncer la pointe de l’hameçon principal dans un des trous se présentant alors, et de le ressortir de l’autre côté. En prenant bien soin d’excentrer l’assist-hook de la tête du crabe, on vient piquer le bord de la carapace, puis on fait ressortir l’hameçon. Le crabe mou est un véritable “bonbon” à bars, car il dégage des phéromones annonçant sa mue et par là-même à quel point il est sans défense (fil à ligaturer indispensable !).
Les vers marins
Les vers marins offrent d’excellents résultats pourvu que leur présentation soit soignée. Il faut privilégier des modèles de tenyas bien adaptés grâce à leur taille raisonnable. Cela étant, il faut bien penser à accompagner doucement l’esche au moment où elle dépasse la tige d’anti–retour afin de ne pas la dégrader.
Un avantage majeur des vers marins est qu’ils permettent de juger rapidement de la présence d’activité ou non sur le secteur choisi. Un désavantage certain est leur fragilité comparée à d’autres esches.
Mes vers préférés pour la pêche au tenya du bord sont les arénicoles et les bibis, car ils attirent de nombreuses espèces et ont une assez bonne tenue après quelques lancer-ramener. Les grosses arénicoles ou les gros bibis, plus fragiles, sont eschés sur l’hameçon principal, si nécessaire au besoin d’une aiguille à escher, tandis que l’assist-hook vient piquer l’extrémité opposée au tenya. Les vers de taille plus modeste peuvent être eschés sur l’hameçon principal, tandis qu’un ver percé peut être piqué et repiqué sur l’assist-hook jusqu’à constituer “une pelote”. Cette présentation offre l’avantage de combiner présentation idéale et effluves olfactifs puissants, et peut être déclinée selon le type de vers. La vivacité de certaines espèces telles que les différentes néréides apporte un réel plus au montage, les mouvements saccadés et animés des gravettes étant alors une réelle invitation au repas.
Poissons gras et céphalopodes
Les poissons gras (maquereau, sardine, tacaud, etc.) et les céphalopodes sont des esches de qualité à condition qu’ils soient assez frais, car c’est alors qu’ils sont les plus fermes et donc les plus faciles à travailler afin de réaliser des découpes propres. Les gueulins de maquereau évoluent dans le courant de façon similaire à un poissonnet et cela se révèle très efficace vis-à-vis des céphalopodes, qui aiment se repaître de poissons-fourrage.
Les céphalopodes eux-mêmes sont des appâts d’excellente tenue à l’hameçon, et ils offrent des résultats surprenants sur les bars de septembre à décembre, le retour des calamars sur les côtes marquant le début de la frénésie alimentaire de Dicentrarchus labrax en vue du frai. En cas de forte houle et conditions agitées, ces derniers sont des appâts rois.
Les différentes animations
Introduction à l’animation : 45 degrés sinon rien !
Il n’est pas indispensable de pratiquer des lancer puissants et il conviendra mieux de prospecter les premiers mètres puis de s’éloigner progressivement. Une fois que le tenya est lancé, on attend de prendre contact avec le fond, puis on rattrape la bannière afin d’avoir une ligne relativement tendue, canne vers le haut à 45 degrés. Si les conditions venteuses viennent gonfler votre bannière, vous pouvez travailler votre ligne avec la canne basse et en latéral, toujours en conservant un angle de 45 degrés. Mais pourquoi cet angle est-il si important ? Déjà, car avec une canne plus proche de l’eau, le ferrage serait tardif, tandis qu’avec une canne trop haute, vous n’auriez pas de bras de levier suffisant pour ferrer efficacement. Aussi, car c’est cet angle qui vous permettra de ressentir au mieux les touches.
L’animation linéaire lente
Une fois le tenya au fond, patientez quelques (longues) secondes, puis moulinez doucement sur un ou deux mètres, avant d’effectuer une nouvelle pause, et procédez ainsi jusqu’au bord. Soyez très lents dans vos animations et marquez de longues pauses ; c’est souvent à la reprise de l’animation que les touches se font voir, soyez donc vigilants et appliqués jusqu’à la fin de votre ramené.
L’animation “par rebonds”
Cette animation s’apparente à la pêche à gratter. On prend contact avec le fond, canne vers le haut à 45 degrés, puis on effectue une tirée plus ou moins prononcée vers le haut, avant de faire retomber le tenya sur le fond. On ramène l’excédent de bannière pour ne pas perdre contact avec son montage, puis après une longue pause on effectue à nouveau la même opération. Les buts de cette animation sont de signaler la présence du tenya aux poissons en le dissociant du fond et en lui faisant soulever un nuage de sable à sa retombée (si sable il y a).
Une variante consiste à récupérer du fil afin de surélever son tenya de quelques mètres au-dessus du fond, puis on ouvre son pick-up pour le laisser retomber lourdement (en gardant le contact avec la ligne avec un doigt sur la bobine pour ressentir une éventuelle touche). Bien entendu, vous pouvez combiner ani-mation linéaire lente et animation par rebonds lors de la même récupération.
L’école du ferrage
Quelquefois, les touches lorsque l’on pêche au tenya du bord, sont presque “invisibles” ; dans ce cas, il convient d’être bien attentif au scion de sa canne, les touches pouvant se traduire par des à-coups discrets indécelables au ressenti. Contrairement à d’autres techniques de pêche, les touches peuvent durer un certain temps. Généralement lorsqu’un poisson constate un manque de naturel, il boude la ligne et va chercher d’autres proies, tandis que lorsqu’on pêche au tenya du bord, les poissons marquent souvent des touches jusqu’à avoir totalement dénudé l’hameçon, et ce même après un ferrage raté.
Habitués que nous sommes à la pêche aux leurres, où le poisson attaque assez brutalement, ou à la pêche en surf-casting, où l’élasticité du nylon proscrit le ferrage, nous avons pour beaucoup oublié quel est le moment opportun après quelques touches pour ferrer. L’expérience vous permettra de déceler ce moment si important et, pour ma part, j’ai constaté que sur une série de touches, c’était en ferrant lorsque j’en ressentais une nettement plus marquée que j’obtenais les meilleurs résultats ◆
Mehdi, Pêcheur en Méditerranée et membre du Prostaff Way of fishing
C&P : Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Mehdi : Je m’appelle Mehdi, alias Dydy MG ! Je suis originaire de Marseille. Je pratique de nombreuses pêches et concernant le tenya, je pratique depuis l’arrivée de la gamme “Explorer tackle”. J’utilise particuliè-rement les modèles Rock Shallow. C’est en effet une excellente alternative aux périodes creuses pour la pêche aux leurres, et étant un addict du rock-fishing, l’occasion d’allier les deux m’a tout de suite intéressé !
Quelles sont les espèces que tu pêches du bord en méditerranée ?
De tout ! Les espèces que je prends le plus souvent sont les daurades et les sars, mais je prends aussi beaucoup de serrans, des vieilles, et énormément de rascasses !
Et où peut-on rencontrer ces espèces ?
J’apprécie beaucoup de pêcher les ports et les digues. J’ai noté que dans les ports, les entrées et chenaux, situés du côté “intérieur”, étaient des zones de premier choix. Je pense que les courants qui opèrent dans ces zones charrient des microparticules, raison pour laquelle il y a beaucoup d’activité.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton matériel ?
Je pêche avec deux cannes, et une Major Craft Benkei 672L de 205cm en 1–7 grammes, pour pouvoir passer partout sans difficulté et avoir un maximum de ressenti. De plus, c’est un grammage parfaitement adapté pour pêcher dans une faible hauteur d’eau, parfois seulement 1m50 ! Pour les pêches un peu plus fortes comme lorsque je pêche d’une digue, je privilégie une canne Major Craft CRX-862 E, un modèle destiné à l’eging, en 5–25 grammes. Pour le moulinet, j’utilise un Shimano Stradic CI4 en 2500, muni d’une tresse en PE 0.6 et prolongée de fluorocarbone Varivas Light Game en 20 centièmes. Enfin, pour les tenyas, j’aime utiliser les petits grammages des Rock shallow, parfaitement adaptés à la profondeur de mes spots.
Quels appâts privilégies-tu ?
Pendant longtemps j’ai pêché avec de petits bouquets, mais j’ai arrêté. Chez nous dans le Sud, nous avons beaucoup de petits poissons de roches qui se font un plaisir de dénuder les hameçons en quelques secondes, c’est pourquoi je pêche maintenant presque unique-ment avec des lamelles de seiche.
J’essaye de tailler une longue lamelle triangulaire, et je positionne le côté plat du triangle au niveau de la tête du tenya, cet eschage apporte un plus lors de l’animation. Et quand bien même les petits poissons picorent mon appât, il résiste assez bien jusqu’au passage d’un gros prédateur !
Question animation, comment procèdes-tu ?
La plupart du temps, je cherche la distance au lancer, afin de rapprocher les poissons de ma zone de pêche. Puis je diminue la distance de mes lancers, et je tâche de repérer les potentiels poissons suiveurs que je pourrai alors pêcher à vue.
Autrement, j’anime en escalier, cela permet d’éviter le cassant rocheux qu’il y a souvent sur mes secteurs de pêche. Ensuite, j’essaye de repérer un rocher assez plat sur lequel positionné mon tenya, et généralement je marque une très longue pause, d’une bonne dizaine de secondes, dans l’attente d’une touche. Et je procède ainsi jusqu’au bord, tout en maintenant une surveillance visuelle accrue des plateaux et rochers.
Pour finir, si tu devais donner un conseil ou deux à un débutant, quels seraient-ils ?
Le premier est de vraiment prendre le temps, il faut être très patient sur ses animations pour cette technique de pêche, et encore plus en Méditerranée où le poisson est souvent méfiant ! Le deuxième serait de ne jamais précipiter le ferrage, il faut vraiment attendre l’arrachement de l’appât qui se traduit par une touche soudaine pour ferrer, pas en force mais d’un geste ample. Et le dernier, de prendre du plaisir évidemment !