Les appâts communs pour la pêche présents sur le littoral français

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Apprendre à connaître les appâts est un bon cheminement lorsqu’il s’agit de mieux comprendre son environnement ainsi que le comportement des poissons. On pourrait même s’amuser à penser que presque autant d’appâts potentiels que d’espèces animales peuplent la mer, mais certaines esches se distinguent nettement : c’est à celles-ci que nous nous intéresserons.

On retrouve ces différents appâts tantôt en Atlantique, tantôt en Méditerranée, parfois tout le long de notre littoral, mais ils partagent tous un point commun : celui de figurer parmi les premiers maillons de la chaîne alimentaire, et de ce fait d’intéresser une multitude de poissons. Un appât commun est donc une espèce animale en nombre suffisant pour qu’elle fasse partie du régime alimentaire de certains poissons, et qu’elle soit utilisée par un grand nombre de pêcheurs

Les vers marins

 Arénicoles

Les arénicoles sont probablement un des appâts les plus connus et utilisés le long de notre littoral. Souvent présents en nombre, ces vers très sanguins dégagent des odeurs attirant la plupart des espèces de nos côtes. De nombreuses espèces d’arénicoles sont répertoriées, mais les plus communes sont les “vers noirs” (Arenicola defodiens), plus foncés et de taille plus conséquente que les “vers d’eau” (Arenicola marina), que l’on trouve plus haut sur l’estran, eux aussi regroupés en colonies. Les deux espèces creusent des galeries en forme de J. Cependant, le ver d’eau évolue plus proche de la surface que le ver noir. Celui-ci a tendance à s’enfouir plus profondément, et c’est pourquoi on le retrouve sur un axe presque vertical. On reconnaît la présence des deux espèces grâce aux tortillons de sable caractéristiques qui indiquent leur présence sur l’estran. Il s’agit alors de les collecter à l’aide d’une fourche ou d’une pompe à vers.

Les techniques d’eschage propres à ces vers sont nombreuses. La plus simple consiste à enfiler une arénicole sur une aiguille à escher, puis à la faire glisser sur un hameçon fin de fer type Aberdeen (du 4 au 2/0 selon la taille du ver) jusqu’à ce que la pointe de l’hameçon soit correctement dégagée. On peut, pour éviter que l’arénicole ne remonte sur l’empile, ajouter un stop-float ou tout autre type de perle de blocage qui empêchera l’esche de glisser lors de l’impact avec la surface de l’eau.

Une autre technique couramment utilisée consiste à arracher l’extrémité du ver puis à le vider de ses organes, action qu’on nomme “ébroder”. On frappe alors l’arénicole sur une surface dure, cela a pour action de le rigidifier. Enfin, on peut enfiler un chapelet de plusieurs vers ébrodés sur une aiguille et ligaturer l’ensemble au fil à escher. Cette technique d’une excellente tenue permet de pratiquer des lancers appuyés là où des arénicoles non ébrodées risqueraient d’exploser, mais cela a pour inconvénient de dégager des effluves sur une durée plus réduite.

Pour plus de facilité, on peut ligaturer les arénicoles une fois que celles-ci sont glissées sur l’hameçon en gardant l’aiguille sur la pointe de l’hameçon et en ligaturant autour de celle-ci et de l’appât. Prenez alors soin de maintenir l’appât dans une main lorsque vous retirerez l’aiguille de l’autre, sans quoi vous risqueriez d’abîmer votre présentation (cette règle prévaut pour tous les eschages où l’aiguille est à un moment ligaturée en même temps que l’appât).

 Néréides

Les termes “néréides” et “gravettes” sont des désignations génériques qui rassemblent de nombreuses espèces de vers marins vivant essentiellement en milieu sableux ou sablo-vaseux.

Aucun des deux termes ne se rapporte à une espèce ou à une famille de vers en particulier. Certaines espèces sont connues sous les deux désignations.

Il s’agit essentiellement de vers au corps hémisphérique (dos arrondi et face dorsale plate) munis de parapodes et vivant enfouis au fond des étangs, sur l’estran ou encore à proximité des enrochements.

> L’escavène (escabène, néréide de vase, demi-dure)

Apprécié des pêcheurs pour son prix modique en magasin, ce petit ver d’une dizaine de centimètres séduit tous les poissons. Cependant, sa petite taille et sa forte attractivité en font souvent la victime des poissons juvéniles. Il est en effet très difficile de sélectionner ses prises en pêchant avec cet appât, d’autant plus que son corps fragile supporte très mal les lancers puissants.

L’escavène est très utilisée en compétition pour les pêches de rapidité des mulets, orphies et autres poissons évoluant entre deux eaux, comme les bogues ou les chinchards.

> Dure et jumbo (dure de Corée, ver coréen)

Issu d’élevages asiatiques, cet appât est un autre grand classique de la pêche en bord de mer. Plus ferme et plus vive que l’escavène, la dure est aussi plus grande (environ 15 cm) et tient mieux à l’hameçon. Le jumbo, quant à lui, est encore de taille supérieure.

La dure de Corée est un appât “passe-partout” qui ne cible aucune espèce en particulier. Son attractivité plutôt moyenne la destine essentiellement aux pêches faciles de poissons opportunistes comme les pageots, sars et poissons plats. Une bonne surprise reste toutefois possible car un bar ou une belle dorade royale refusent rarement un joli ver présenté sur son passage.

> La gravette blanche (néréide de sable)

Le nom de “gravette blanche” regroupe plusieurs espèces morphologiquement très similaires mais dont les tailles et les couleurs diffèrent légèrement. Ainsi, vous pourrez récolter ou trouver dans le commerce des individus à la couleur évoluant du beige au rose et dont les tailles varient communément entre 10 à 20 cm. Le principal intérêt de la gravette blanche réside dans sa nage vigoureuse qui attire l’attention du poisson lorsqu’elle est piquée par la tête. Il s’agit d’un appât réputé pour la pêche du mulet mais les sparidés (dorades, pageots) et les poissons plats n’y sont pas insensibles. Entièrement enfilé à l’aiguille, ce ver au corps ferme résiste assez bien aux lancers puissants sans s’avachir sur l’hameçon.

> Ver à tube

Le ver à tube est une espèce emblématique de la façade atlantique où elle est très répandue. Elle est en revanche beaucoup moins courante en Méditerranée et quasiment absente dans le nord de la France. Il porte le nom de “tube” car il vit dans un terrier tubulaire construit à partir de brisures de coquillages et de sédiments. On repère généralement l’entrée de terrier par la présence de petites algues et de coquilles, voire par les petites antennes du ver qui dépassent de l’entrée du tube.

Le ver à tube est un appât réputé en surfcasting car il intéresse de nombreuses espèces de poissons : sparidés, poissons plats, bars, ombrines et petits maigres. Comme la plupart des néréides, l’appât n’est pas très sélectif mais sa tenue à l’hameçon est suffisamment bonne pour supporter un lancer. Il est tout de même préférable de le ligaturer au fil de latex pour éviter qu’il ne s’avachisse.

> Ver américain

Importé par avion depuis la côte atlantique nord-américaine, cet appât très apprécié des pêcheurs en bord de mer est parfois difficile à se procurer. Il est de plus en plus courant d’assister à des pénuries temporaires de vers américains dans les boutiques de l’Hexagone, ce qui a pour conséquence une envolée du prix de l’appât.

Notez qu’il existe une espèce voisine sur les côtes françaises, très ressemblante au ver américain et tout aussi efficace, mais malheureusement trop rare pour espérer s’approvisionner localement. Ce ver charnu et sanguin mesure habituellement entre 12 et 20 cm de long. C’est un appât de choix pour rechercher dorades, sars, pageots et bars, notamment au début de la belle saison alors que la température de l’eau est encore un peu fraîche.

Loin d’être un petit ver sans défense, il possède une trompe munie de quatre crochets venimeux. La morsure des gros individus peut se révéler douloureuse. Le venin est urticant mais sans danger ; mais une vive réaction allergique n’est pas à exclure chez les personnes sensibles.

Voici trois petites astuces qui vous permettront de rendre l’utilisation du ver américain plus agréable et plus économique :

1>Un bon moyen d’éviter une morsure est de saisir les vers par la queue, de les laisser pendre tête en bas et d’enfiler l’aiguille par l’extrémité de la queue.

2>Les plus gros spécimens peuvent être sectionnés proprement en pressant le corps du ver entre le pouce et l’index et en le faisant rouler entre les doigts. Le ver va alors se contracter à l’endroit où vous exercez la pression puis va finir par se sectionner sans perdre ses précieux fluides attractifs (il faut parfois insister plusieurs secondes pour que cela se produise).

3>Les vers morts depuis quelques jours dégagent rapidement une odeur nauséa-bonde mais ils demeurent très attractifs. Ne les jetez pas, osez pêcher avec !,

 Ver de sable (cordelle, ver miracle)

Le ver de sable, couramment appelé “cordelle”, est un appât noble plébiscité par les pêcheurs de compétition pour sa grande attractivité. Sa très bonne tenue à l’hameçon et sa finesse conviennent à merveille à la pratique du surfcasting à longue distance. D’une longueur courante allant de 15 à 40 cm, les plus grands individus peuvent atteindre 70 cm et jusqu’à 1 mètre en extension. En revanche, l’épaisseur du ver atteint rarement 5 mm.

Les dorades royales et les bars en raffolent, mais, de tous les poissons de la côte, le plus friand du ver de sable est sans contestation possible le marbré.

Plusieurs espèces de vers de sable existent à l’état naturel sur la côte méditerra-néenne et sur une portion de la côte atlantique. Le ramassage néanmoins fastidieux et la commercialisation de vers importés depuis l’Espagne (cordelle catalane) ou l’Italie (cordelle napolitaine) expliquent un prix de vente élevé en magasin. Les différentes espèces se ressemblent sur le plan morphologique mais arborent des teintes différentes (rose, rouge, brun). Certaines espèces dégagent une odeur très particulière.

Enfiler un ver de sable à l’hameçon demande un peu de pratique car le ver a tendance à se sectionner si l’on s’y prend mal. Vous aurez besoin d’une aiguille creuse de 0,6 à 0,9 mm de diamètre et longue d’au moins 25 cm. L’aiguille doit être insérée par la tête du ver, jamais par la queue sans quoi il va se segmenter. Une fois enfilé sur l’aiguille, le ver ne se segmentera plus et vous pourrez le présenter sur l’hameçon dans le sens qui vous convient (par la tête ou par la queue).

Astuce : Pour assurer une bonne saisie du ver (très glissant), nous vous conseillons de le rouler dans le sable sec avant de le manipuler.

Mouron (pistiche, pétisse)

 Gros ver des côtes européennes, particulièrement présent en France, en Espagne et au Portugal, le mouron est un appât de référence pour le pêcheur de sparidés. Les bars l’apprécient

également. L’appât est disponible dans le commerce généralement conditionné en boîtes de 8 à 10 individus de 15 à 20 cm de long, mais vous pourrez trouver des individus beaucoup plus grands si vous les ramassez vous-même.

Son utilisation est des plus faciles : il peut être enfilé entier à l’aiguille ou bien découpé en tronçons pour économiser votre stock d’appâts et favoriser la libération des fluides noirâtres très attractifs. Le corps semi-aplati du ver est facile à sectionner à la main et sa peau dure assure une très bonne tenue à l’hameçon, ainsi qu’une certaine résistance aux attaques des poissons juvéniles.

Le mouron est un ver placide mais les gros individus peuvent mordre.

Vers de chalut

Le ver de chalut est un gros ver de couleur brune et orange, endémique de la Méditerranée. Il est commercialisé à l’unité à un tarif qui dépend de sa taille. Les petits individus mesurent 40 cm, les plus grands peuvent dépasser 1m50. Compte tenu de sa longueur, il est possible de pêcher plusieurs sessions avec le même ver. Il suffit pour cela de découper des tronçons en commençant par la queue et en remontant progressi-vement par la tête. Le ver cicatrise et reste en vie plusieurs mois s’il est conservé en vivier ou en aquarium ; il peut même se mettre à repousser. Lorsqu’il se sent agressé ou stressé, le ver de chalut sécrète un mucus violacé qui tache fortement les mains du pêcheur.

Le ver de chalut est un excellent appât pour la dorade royale pendant les périodes de forte chaleur et en automne. C’est aussi un appât de référence pour la pêche du loup (bar) et des sparidés par mer agitée en fin de saison (on parle de “coup de mer”).

La peau du ver est dure, il résiste très bien au lancer et aux attaques des poissons juvéniles. Il est cependant préférable de le ligoter avec du fil de latex pour assurer son maintien sur la ligne.

Bibis (siponcle nu)

 Le bibi est un ver non segmenté de la famille des siponcles qui vit enfoui dans les sédiments du fond marin ou des étangs. Différentes espèces sont présentes à l’état naturel dans le monde entier (ou presque) y compris les côtes européennes.

La grande majorité des bibis vendus dans le commerce proviennent d’élevages asiatiques. Ils sont de couleur gris clair à rose par opposition aux bibis sauvages de couleur beige à brune qui proviennent essentiellement des étangs du Languedoc ou d’Espagne.

Plusieurs techniques existent pour escher un bibi. Les plus petits individus peuvent être enfilés entiers à l’aiguille en prenant soin de ne pas les vider de leur eau. Les plus gros sont vidés puis découpés et ficelés. Sa peau épaisse résiste très bien aux lancers et aux attaques des indésirables.Le bibi est particulièrement efficace pour pêcher les sparidés, en particulier les daurades et les sars, ainsi que les bars ◆

Les crustacés

Crabe vert

 Les crabes sont de façon générale les appâts les plus simples à récolter le long de nos côtes. Que ce soit dans des estuaires, sur les quelques têtes de roches d’une plage ou plus classiquement dans des zones franchement rocheuses, il est facile d’en récolter rapidement pour sa pêche ; à condition bien sûr d’accepter de retourner quelques roches parfois pesantes qu’on s’efforcera de remettre à leur place initiale. La plupart des formats de crabes seront intéressants : de la taille de l’ongle du pouce, ils se prêtent bien à une utilisation sur une empile haute, tandis que de cinq centimètres de large ou plus, un montage en wishbone est souvent plus adapté.

Pour grandir, les crabes effectuent des mues successives, généralement lorsque la température de l’eau s’élève de quelques degrés. On peut reconnaître les crabes qui vont muer à leur carapace qui se ramollit, tandis que les crabes qui viennent de muer sont eux totalement mous. Ce sont des appâts fragiles, difficiles à escher correctement et ne supportant pas de lancers appuyés, sauf avec un type d’eschage particulier présenté ci-dessous. Lors de ce moment crucial pour leur survie, ils ont alors la particularité de dégager une phéromone puissante indiquant leur vulnérabilité, et faisant d’eux un véritable aimant à poissons (où l’on pourra admirer une fois de plus à quel point la nature est bien faite). Ces appâts constituent de vrais aimants à bars et daurades royales.

On pourrait être tenté de croire qu’il y a presque autant de techniques de présentation de crabes qu’il y a de pêcheurs. Néanmoins, trois techniques se distinguent. La première, assez classique, consiste à casser les deux pattes arrière du crabe et à insérer deux hameçons montés en tandem dans les orifices ainsi créés, qu’on ressortira par le dos. Cette technique a pour avantage d’augmenter les chances de piquer le poisson, tandis que le crabe évoluera sur le fond car il est peu entravé. C’est une technique éprouvée et tout à fait valable, mais on pourrait lui reprocher la durée de vie du crabe, tandis qu’elle est difficilement applicable aux petits spécimens, souvent fragiles.

Une technique plus classique adaptée aux petits spécimens consiste à les piquer à l’arrière de la carapace et de ressortir toujours à l’arrière de celle-ci. On ligature alors les pattes côté fil. Le crabe va pouvoir remuer toutes ses pattes à l’opposé, tandis que le piquage permet une très bonne survie de l’esche.

La dernière technique, d’une finesse toute discutable mais très efficace, est extrêmement odorante et appétente. Elle s’applique aux crabes proches de la mue, ou mous, et est une des seules techniques permettant de les présenter à bonne distance du rivage. Il s’agit d’abord de les débarrasser des résidus de carapace qui seraient encore solides, puis de les piquer sur une aiguille double. On les façonne ensuite à la manière d’un cylindre de crabe mou, puis on le glisse sur une aiguille à escher et enfin on le fait coulisser sur l’hameçon. Les gros exemplaires de crabes mous peuvent être eschés de la même façon puis repiqués par un hameçon voleur (montage en pennel).

Notons enfin que les cousins des crabes verts, les crabes de sable, bien que plus fragiles, offrent d’excellents résultats.

Crevette et gambas

Que cela soit grâce à une épuisette au pied des roches, grâce à un pousseux sur une plage ou à une balancelle le long d’une digue, les crevettes sont relativement faciles à trouver pourvu que l’on s’en donne la peine. Elles sont des appâts souvent délaissés, à tort, en raison de leur apparente fragilité. On les utilise plus fréquemment vivantes sur des pêches à soutenir légères ou au flotteur, mais on peut néanmoins obtenir d’excellents résultats sur des techniques plus lourdes. Ainsi, utilisée avec un accroche-appât déflecteur tel que l’Impactshield de Breakaway, la crevette est protégée et permet son utilisation à une distance considérable du bord.

On peut l’escher en coupant le dernier anneau de la queue et en faisant ressortir l’hameçon à tige longue sous les pattes, au niveau de la tête. La crevette est ainsi bien maintenue et ses pattes s’animent encore. On peut aussi, pour des pêches en bordure et sur des lancers peu appuyés, utiliser de petits spécimens piqués par la queue sur un petit hameçon de type Chinu (4 à 1 – B). Ceux-ci représenteront une belle bouchée qui s’animera assez longtemps.

De taille plus conséquente, les gambas offrent les mêmes caractéristiques que les crevettes et peuvent être eschées de la même façon, avec ou sans tête, décortiquées ou non. Elles ont par ailleurs l’avantage d’être disponibles à prix modique dans certains magasins de pêche et enseignes sportives.

Machotte (callianasse)

La machotte est un petit crustacé à l’allure de homard miniature. Elle est souvent confondue avec les squilles (mantes de mer) qui appartiennent à une toute autre famille et ne possèdent pas de pince. La machotte creuse un terrier, le plus souvent dans très peu de fond. On la capture facilement avec une pompe à ver. Comme la plupart des crustacés, c’est un excellent appât pour les sparidés et le bar. Son attractivité et la manière de l’escher les rendent très comparables aux crevettes.

Bernard l’ermite (piade, pagure)

Crustacé commun de la côte, le bernard l’hermite est un bon appât pour sélectionner les sars et les daurades. Plusieurs espèces existent à l’état sauvage, la plus réputée pour la pêche étant la “piade” (piade rouge, grande piade). Vous devrez casser la coquille qui lui sert d’abri pour extraire l’appât. L’eschage le plus courant consiste à positionner le crustacé tête en bas, en enfilant l’hameçon dans le thorax et en ligaturant le corps le long du fil au moyen de fil de latex. Même ligaturé, cet appât demeure fragile et tolère mal les gestes de lancers puissants. Il est préférable de le destiner aux pêches légères de courte distance, depuis les rochers, un ouvrage ou le long d’un canal ◆

Les mollusques et bivalves

Couteau

Bien répartis sur le littoral, leur collecte peut se faire aisément à la fourche ou au sel, pourvu qu’on repère le trou caractéristique en forme de huit  qui indique leur présence. Les couteaux font partie des “appâts blancs” ; les appâts de cette classe sont souvent des appâts relativement robustes, peu odorants et plus ou moins sélectifs selon la taille de la bouchée.

Le couteau peut être utilisé de diverses façons. La plus fréquente consiste à ôter le couteau de sa coquille et à récupérer le pied blanc, qui peut être enfilé sur une aiguille à escher entier ou en tronçons à la manière d’un ver, puis glissé sur l’hameçon. L’utilisation de fil à escher est facultative mais conseillée, du fil à ligaturer fin aidant à une meilleure tenue et présentation.

Une autre présentation consiste à les proposer entiers, piqués de deux hameçons ou d’un hameçon unique pour les petits exemplaires (rappelons à ce titre que la taille règlementaire est de 10 cm minimum). La première méthode pour escher un couteau entier consiste à utiliser une aiguille à locher, à le traverser de part en part, à nouer l’hameçon puis à camoufler celui-ci dans les chairs du coquillage. La seconde méthode, moins fastidieuse, consiste à ouvrir le couteau en deux parties, puis à emprisonner en bas de celui-ci l’hameçon de l’empile. On peut, si la taille du couteau le nécessite, ajouter un deuxième hameçon coulissant qu’on maintiendra bloqué à la hauteur désirée en effectuant un ou deux tours de fil autour de la hampe, pour une meilleure présentation et plus d’efficacité.

 Mye et lutraire

 La mye et sa cousine, la lutraire, sont deux coquillages cousins mais fortement semblables. La mye se trouve dans des sols vaseux, parfois gravillonneux, d’où sa coquille souvent foncée, épaisse et relativement solide. Les lutraires, quasiment identiques en apparence, sont plus claires et plus fragiles. En effet, du fait qu’elles vivent sur des zones plus sablonneuses, elles nécessitent moins de protection face à leur environnement.

Cette distinction faite, les deux espèces sont très semblables en termes de recherche, d’eschage et de résultat. Elles se récoltent le plus fréquemment à la fourche. On peut les repérer à marée basse grâce aux trous caractéristiques laissés par ces coquillages, parfois de plusieurs centimètres de diamètre. De plus, de l’eau est souvent expulsée du sol lorsqu’ils sentent la marée approcher ou des vibrations. Une autre technique pour faciliter leur repérage consiste à frapper le sol de sa fourche tous les mètres et à regarder si un trou, parfois accompagné d’un jet d’eau, se forme.

Le syphon, qui présente une excellente tenue à l’hameçon, est la partie la plus souvent utilisée, mais le reste des organes de la mye est un appât lui aussi très appétent, même si difficile à escher. Il s’agit alors, comme pour le crabe mou, de piquer le tout sur une aiguille double, à le ligaturer généreusement, puis à repiquer l’ensemble sur une aiguille à escher.

Coque rouge (bucarde, langue rouge)

Grandes coques à la chair rouge vif très ferme (voire dure), elles sont présentes sur une grande partie du littoral européen. Plusieurs espèces sont qualifiées de “coque rouge”. Cet appât est couramment utilisé dans le sud de la France pour la pratique du surfcasting par mer agitée. Les pêcheurs de l’Atlantique ou de la côte nord lui préfèrent généralement d’autres grands coquillages découverts à marée basse car la coque rouge préfère vivre sous l’eau. Son ramassage est donc plus complexe, on peut épisodiquement en trouver certaines désensablées après de violents coups de mer.

Bars, daurades et sars sont les premiers intéressés par cet appât un peu volu-mineux. Son principal avantage réside dans la fermeté de sa chair qui résiste longtemps aux attaques des nuisibles et aide à sélectionner les prises. Autre intérêt du coquillage, il peut être congelé facilement et ne perd ni sa fermeté ni son attractivité lorsqu’il est décongelé.

 Poivre (biou)

 Le poivre est un escargot que l’on ramasse sur les bords de la Méditerranée et plus particulièrement dans les étangs. Sa chair brune à grise renferme des fluides noirs et visqueux qui tachent les doigts. Les avis sur cet appât sont très partagés car il semble aider à sélectionner les gros sparidés (surtout les dorades royales), mais limite par la même occasion le nombre de touches perçues. Il vous faudra certainement effectuer plusieurs tentatives avant de voir vos premières touches en pêchant au poivre.

Moule

La moule est souvent considérée comme un appât de seconde classe alors qu’elle peut réserver de très bonnes surprises au pêcheur qui prend la peine de l’utiliser.

On distingue essentiellement deux approches pour l’eschage de la moule ; la chair de moule seule et la moule avec coquille (ou demi-coquille). La chair de moule peut être enfilée crue sur une aiguille (simple ou double) et ligotée au fil de latex, ou bien cuite. Contrairement aux idées reçues, la moule cuite est un très bon appât pour la pêche du sar ainsi que des dorades. La pêche à la moule entière, ou moule plateau (seulement une coquille), vise plus particulièrement les dorades royales. Il s’agit alors d’une pêche légère à courte distance, ou en bateau, car une moule entière ne “vole” pas bien au lancer ◆

Les céphalopodes et poissons

Calamar, seiche et chipiron

Cible de nombreux poissons, les céphalopodes dont nous allons parler possèdent un cycle de vie court, caractéristique propre aux espèces fortement prédatées dans la nature. Disponibles quasiment toute l’année hormis après la reproduction, faciles à pêcher et supportant relativement bien la congélation, ce sont des appâts dont il serait dommage de se priver, particulièrement lors de l’automne, lorsque leur réapparition sur la plupart du littoral marque les prémices du frai de nombreuses espèces, et des nour-rissages boulimiques qui caractérisent alors cette période.

En découpant le blanc en fine lanières triangulaires et en piquant le côté large sur un hameçon de type Chinu, on obtient un appât évoluant dans le courant à la manière d’un petit poisson fourrage. On peut aussi piquer les tentacules sur une aiguille à escher et les faire coulisser comme un ver, idéalement en laissant dépasser deux ou trois centimètres de chair qui s’animeront dans le courant. Ces présentations assez fines intéresseront tous types d’espèces – contrairement à celles que nous allons maintenant évoquer, visant les poissons “trophée” (bars, raies, maigres, etc.).

Une présentation ayant fait ses preuves consiste à tailler une large lanière de blanc de seiche de forme ovale, puis à inciser le centre dans le sens de la longueur en prenant soin de laisser un ou deux centimètres de chair de chaque côté. Pour finir, on vient piquer les deux hameçons d’un montage wishbone à chaque extrémité de la lanière. Cet eschage permet à l’appât de dégager des vibrations lui permettant de se démarquer dans un environnement agité, tandis que le montage en wishbone procure une évolution naturelle et non bridée dans le courant. Notons que la manœuvre est identique avec un calamar, les deux esches se valent, mais les blancs de seiches ont une épaisseur rendant leur mani-pulation plus aisée.

Une autre technique consiste à utiliser les céphalopodes entiers. Pour les petits spécimens tels que les chipirons, on peut utiliser une aiguille à locher, les percer de part en part et les monter sur un hameçon à tige longue ou de type Chinu. Notons que ce premier type d’hameçon apportera une certaine rigidité à l’ensemble – mais offrira aussi le défaut de pouvoir servir d’appui au poisson pour se dégager lors du combat – tandis que le deuxième présentera les caractéristiques inverses. Plus simplement, on peut passer l’hameçon et le fil à travers le tube une première fois, puis une fois qu’il est ressorti venir piquer la tête de façon à ce qu’il ressorte au niveau des yeux, puis ligaturer l’ensemble. Les gros spécimens peuvent être maintenus sur un montage à deux hameçons. Notons enfin que les têtes de céphalopodes présentées entières sont aussi un appât de premier choix.

Poissons

> Sardine et maquereau

Les poissons gras, tels que les sardines ou maquereaux ont pour avantage de dégager des effluves particulièrement importants. Intéressées par ces odeurs puissantes transportées par le courant, de nombreuses espèces peuvent alors être attirées. Qu’il s’agisse de carnassiers, poissons plats, requins, congres, raies et même sparidés, la plupart des poissons de nos côtes seront intéressés par un gueulin de maquereau frais bien présenté ou à un filet de sardine correctement ligaturé.

Pour le tout-venant, on peut proposer des morceaux de filets de sardine présentés de telle manière qu’ils forment un tronçon brillant. On pique l’extrémité d’un filet et on fait ressortir l’hameçon vers l’extérieur, on vient alors poser une aiguille à escher sur la pointe de l’hameçon et on ligature l’ensemble en prenant soin d’emprisonner le fil. Idéalement, on s’applique à présenter la face argentée du filet vers l’extérieur afin d’en augmenter l’attractivité.

À la recherche de gros prédateurs, on peut escher une sardine entière à l’aiguille à locher pour une présentation très fine, ou simplement en la piquant une première fois dans le corps et en la repiquant au niveau de la tête de telle sorte que l’hameçon ressorte par le cartilage de la tête. Si la sardine est de taille conséquente, on peut alors la monter avec un hameçon voleur afin d’en améliorer la présentation. Il s’agit d’un appât fragile qu’il faut bien ligaturer si on veut appuyer son lancer. Il se peut qu’elle s’abîme à cette étape et se perce, mais elle n’en dégagera que plus d’arômes.

Le maquereau, surtout s’il est très frais, propose une bonne tenue à l’hameçon et séduit lui aussi un grand nombre d’espèces. On peut le présenter sous forme de lanières triangulaires de quelques centimètres sur un long traînard, le gueulin se décollera alors du fond sous l’action du courant.

> Lançon et autres poissons

Souvent peu faciles à trouver et plutôt utilisés pour la pêche au vif, les appâts tels que les poissonnets entiers (sprats, éperlans, athérines, lançons, gobies, etc) sont des esches très intéressantes. Contrairement aux apparences, ce sont des esches peu sélectives avec lesquelles on peut piquer de nombreux poissons, même si les espèces chasseuses sont les plus susceptibles de se laisser tenter. Même si certains ont une efficacité plus marquée que d’autres, la plupart des poissons de nos côtes peuvent être utilisés en tant qu’appât (pourvu qu’ils respectent la taille de capture minimale fixée par la loi). Par exemple, sur des pêches fortes à la recherche de congres ou raies d’exception, des tacauds ou vieilles entiers peuvent être utilisés, tandis que sur des pêches plus subtiles on peut tout à fait proposer des tronçons d’orphie (dont de nombreux poissons raffolent par ailleurs).

Contrairement à la pêche au vif où le lançon peut par exemple être piqué par la bouche afin qu’il nage sans entrave, la plupart des poissonnets gagnent à être présentés avec la tête au niveau de l’hameçon. Sans être une règle absolue, la plupart des poissons visent autant que possible la tête de leurs proies, et il serait dommage de laisser quelques centimètres d’appâts non couverts par l’hameçon au risque de rater un beau spécimen.

Le lançon, s’il est de petite taille, peut être esché de la même façon qu’un ver. Plus gros, on préfèrera l’escher de la même manière qu’une sardine, à l’aiguille à locher ou par passage du fil à plusieurs reprises à travers l’appât.

> Les vifs 

La pêche au vif est une pratique ancestrale, aussi bien en eau douce qu’en mer. Elle vise spécifiquement la capture des carnassiers de belle taille comme les bars, les maigres, les liches ou encore les tassergals. La prise de congres et de raies est également possible en pêchant au vif.

Plusieurs espèces de poissons peuvent servir de vifs et il faut noter que la règlementation n’est pas la même sur toutes les côtes françaises. Ainsi, l’utilisation de petits mulets (aussi appelés “samottes”) est courante en Méditerranée car l’espèce n’y est pas soumise à une maille. Le mulet est un vif facile à se procurer et robuste, il tolère un vol plané au lancer et peut rester en vie pendant des heures. Les petites anguilles (anguillons) sont également vendues en magasin en tant que vifs pour leur résistance record.

Enfin, si vous avez la chance de pouvoir déposer vos vifs en douceur depuis un aplomb ou en bateau, alors vous pourrez employer des espèces banales mais fragiles comme les chinchards ou les bogues.

La pêche au vif peut se pratiquer toute l’année, mais c’est généralement pendant la période froide que les résultats sont les plus spectaculaires ◆