Le lithium s’est immiscé partout dans notre quotidien ! Les batteries de nos téléphones portables, de nos tablettes, les piles de nos appareils entre autres… et désormais les batteries de nos voitures électriques sensées remplacer d’ici 2035 les véhicules thermiques !
À l’heure où le lithium est au cœur d’un enjeu industriel majeur avec l’explosion de tous ces usages sur fond de transition énergétique, le secteur du nautisme et de la pêche fait, lui aussi, sa petite révolution technologique… notamment pour les “moteurs électriques montage avant” de plus en plus prisés par les pratiquants.
Si cet équipement est devenu une évidence pour tout passionné qui se respecte, en garantissant des parties de pêche silencieuses et possiblement prolifiques (!), le choix de son “alimentation” est quant à lui beaucoup plus cornélien ! Et plus encore lorsqu’il doit porter sur des batteries lithium… Manque d’information sur ces technologies, manque de transparence sur les produits proposés, absence de réglementation pour leur fabrication, disparités de prix pour des produits “à priori similaires”… tout cela jette un voile opaque sur ce marché émergent dont la conquête attire forcément autant de prétendants que d’opportunistes !
Il est donc temps de lever ce voile, et de donner un bon coup de projecteur sur ces batteries lithium destinées aux moteurs électriques, afin d’apporter des éléments de réponse à toutes les questions que vous pouvez (et même devez) vous poser avant de vous lancer dans un achat que l’on peut caractériser d’investissement.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut savoir que si “ce sujet” n’a pas encore trouvé tribune dans le petit milieu de la pêche de loisir, c’est parce qu’il est “tout frais” ! En clair, on estime à 5-6 ans, l’arrivée des premières batteries lithium principalement destinées à répondre au développement d’équipements de plus en plus gourmands en énergie sur des bateaux typés pêche qui, dans la majorité des cas, sont a minima dotés d’un sondeur, d’un GPS et d’une VHF. Certes, une bonne batterie traditionnelle au plomb suffirait pour cette configuration, mais si on doit y ajouter un moteur électrique avant… ça change tout !
LITHIUM / versus / PLOMB : lorsque le poids plume met KO le poids lourd
“L’engouement pour les batteries lithium est étroitement lié à la généralisation des moteurs électriques qui peuvent consommer jusqu’à 60 A (1) contre 3 A pour un gros sondeur 10 pouces par exemple, nous confirme Christophe Soares, le Pdg de Navicom(2). Autant dire qu’avec une batterie plomb de 100 Ah (3), on a à peine deux heures d’autonomie à vitesse maximum. Il est toujours possible de mettre plusieurs batteries en parallèle afin d’augmenter l’autonomie, mais sachant que pour un moteur de 24 V (4) il faudra 2 batteries en série et 3 pour un moteur de 36 V, cela peut conduire à installer un nombre très important de batteries”. Il faut admettre qu’un tel parc, à l’avant d’un bateau, ça commence à faire du volume et surtout un sacré poids comme le confirme Amine Mammeri, le fondateur de la société FishinX (5) : “sur la base d’une trentaine de kilos par batterie, on peut donc facilement atteindre 90 kg (et plus) de charge supplémentaire qui ne sera pas sans incidence sur la consommation du bateau en carburant !” Difficile donc de rivaliser avec le poids plume d’une batterie lithium qui, à ampérage égal, pèse 60 kg de moins (une seule batterie de 100 Ah suffit au moteur 36V), dure beaucoup plus longtemps et présente incontestablement bien d’autres avantages que nous passerons à la loupe un peu plus loin…
LE MOTEUR ÉLECTRIQUE : SILENCE,ON TOURNE !
Depuis une dizaine d’années, le moteur électrique dédié à la pêche connaît un véritable engouement en France pour deux raisons majeures : son caractère silencieux qui permet d’agir en toute discrétion et, surtout, l’intégration plus récente d’un GPS qui stabilise l’embarcation au-dessus du spot de pêche.
De fait, ces produits, initialement destinés à la pêche en eau douce, ont trouvé leur utilité en mer, en se substituant à l’ancre traditionnelle, lourde, souvent difficile à manier, mais surtout dévastatrice pour les fonds marins !
Monté à l’avant de l’embarcation, ce moteur doit donc être alimenté par des batteries autonomes, les plus performantes, compactes et légères possibles. Il semblerait que les batteries au lithium soient la solution la plus adaptée, encore plus depuis qu’elles sont configurées sous forme de valises transportables qui rendent leur usage extrêmement facile ◆
Ce que vous devez savoir sur le lithium, ses cellules et ses batteries
Le lithium… tout le monde en parle et pour cause ! Il est devenu “l’or blanc” de notre monde moderne où la technologie est reine et le lithium son sujet sur lequel repose la promesse d’une transition énergétique inéluctable ! L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime même qu’il faudra multiplier par 40 la production de ce métal d’ici à 2040 pour répondre aux besoins de la mobilité électrique.
LE MÉTAL QUI VAUT DE L’OR
Le lithium est un métal alcalin très léger et souple de couleur gris argenté. C’est le troisième plus petit atome et le plus petit que l’on peut trouver à l’état solide à une pression atmosphérique. Le lithium n’existe pas à l’état natif dans la nature. Il faut l’extraire à partir de roches, d’argile ou de saumure. Il est ensuite récupéré et raffiné en usine par traitements chimiques. Pour l’heure, la France importe l’intégralité du lithium, baptisé “l’or blanc” en raison de sa valeur stratégique : son prix ne cesse d’augmenter de façon exponentielle, passant de 6 400 € la tonne début 2021 à plus de 70 000 € la tonne en octobre 2022 !
UNE HISTOIRE D’(AL)CHIMIE
De façon simplifiée, le lithium stocke beaucoup mieux l’électricité que tous les autres matériaux. Le fait qu’il soit mou et très léger, couplé à son potentiel électrochimique, permet de fabriquer des batteries légères, peu volumineuses et capables de stocker une grande quantité d’énergie. On parle de “batteries au lithium”, mais en fait, il s’agit systématiquement d’alliages avec d’autres composants permettant de réaliser différentes batteries destinées à différentes applications. Parmi la dizaine de technologies électrochimiques aujourd’hui disponibles, les deux plus utilisées dans l’activité pêche et pour les moteurs électriques sont :
> le LFP (lithium – fer – phosphate), caractérisé par sa stabilité et sa capacité de cycles de vie longs ;
> le NMC (lithium – nickel, manganèse, cobalt), qui reste à ce jour le plus utilisé dans le secteur automobile grâce à sa capacité d’atteindre une énergie spécifique très élevée.
LE LITHIUM EST-IL VRAIMENT DANGEREUX ?
Le lithium n’est pas classifié comme substance dangereuse dans le répertoire REACH servant de registre et de référence à l’échelle européenne. Cela pourrait d’ailleurs expliquer en partie la problématique absence de réglementation concernant l’utilisation de ce métal (voir plus loin). Cependant, on sait que le lithium est très réactif à des effets chimiques notamment lorsqu’il est au contact de l’eau (formant des gaz d’hydrogène hautement inflammables), ou lorsqu’il est soumis à des échauffements pouvant, à l’extrême, occasionner une explosion et/ou une inflammation. Hélas, des accidents spectaculaires en ont fourni la preuve, comme lors de la dernière “Route du Rhum” en novembre 2022 où le monocoque Imoca Nexans de Fabrice Amedeo a sombré dans l’Atlantique après que son parc de batteries lithium ait explosé puis pris feu. Autre exemple marquant, en avril 2021, cette ordonnance de la préfecture des Pyrénées-Orientales de suspendre la commercialisation et rappeler toutes les batteries lithium réalisées et commercialisées par une société perpignanaise, soupçonnées d’être à l’origine d’au moins 6 incidents (voir le “témoignage exclusif” ci-après) dont un incendie spectaculaire qui avait ravagé, en juillet 2020, 3 bateaux dans le port du Lavandou !
À BON ASSEMBLEUR, SALUT !
Certes, si le lithium se révèle sensible à certains “éléments circonstanciels” dans le cas des batteries, peut-être que la vraie question se pose moins sur sa nature intrinsèque que sur la manière dont il est assemblé et conditionné. Explications d’un expert en la matière, Aurélien Fernandez, Pdg de BSR (6) !
“Il faut tout d’abord savoir que toutes les batteries sont conçues à partir de cellules – dans lesquelles sont contenus le lithium et les composants – qui, pour la grande majorité, proviennent des pays d’Asie avec des niveaux de qualité et de prix extrêmement variables… Pour fabriquer une batterie, il faut donc assembler ces cellules en séries selon la puissance souhaitée, en 12, 24 ou 36 V. Et c’est à ce moment-là que les choses se compliquent vraiment ! Car certains assembleurs peu consciencieux vont se contenter de simples soudures pour relier les cellules entre elles. Vous avouerez que c’est un peu léger surtout lorsque ces batteries sont destinées à être embarquées sur des bateaux soumis aux vagues et à la houle ! On se retrouve avec des problèmes de rouille, de fils qui fondent, de soudures qui lâchent… et sans aller jusqu’au scénario catastrophe, cela engendre a minima un dysfonctionnement de la batterie. Chez BSR, toutes nos batteries sont assemblées avec des cellules vissées à la clé dynamométrique sur des rondelles anti-desserage. Ce processus d’assemblage augmente la fiabilité et la longévité de la batterie autant qu’il réduit les risques d’échauffement. Et ne parlons pas du calage de ces cellules où certains “concurrents” utilisent sans scrupule des morceaux de bois ou de la mousse expansive polyuréthane qui, à la moindre étincelle, s’enflamme instantanément ! Chez BSR, nous utilisons des bandes de caoutchouc anti-feu, mais cette solution de calage coûte beaucoup plus chère que la mousse polyuréthane !”.
En clair, la plupart du temps, les incidents proviennent d’un (ou plusieurs) défaut d’assemblage. Une vraie problématique alimentée par l’absence de norme et de réglementation sur cette activité, la méconnaissance des acheteurs sur ces produits et l’opacité des informations qui leur permettraient de vérifier ce qu’il y a à l’intérieur de leur valise de batterie… vendue scellée la plupart du temps !
Précisons enfin qu’une “bonne batterie lithium” justifie aussi une “bonne installation complète” avec les passages de câbles, la connexion moteur, l’installation du chargeur… qu’il est préférable, là encore, de confier à un professionnel !
TÉMOIN “À CHARGE” !
Il n’y a pas de secret : lorsqu’une batterie lithium se décharge, il faut… la recharger ! Rien de plus simple a priori puisque qu’il suffit de la “brancher sur une prise”. À condition cependant d’utiliser impérativement le chargeur adéquat. “Avec nos batteries lithium, nous ne vendons que des chargeurs régulés qui se coupent automatiquement lorsque la charge atteint 100 %. Car si on n’utilise pas de chargeurs adaptés, on s’expose à un phénomène d’échauffement qui peut rapidement devenir critique !”, prévient Christophe Soares, le patron de Navicom.
Et ce n’est pas Hervé Menot qui le contredira, car on peut dire que ce passionné de pêche aux carnassiers a même eu très chaud ! Nous l’avons rencontrés sur le salon de Clermont-Ferrand fin janvier 2023, nous avons recueilli son témoignage exclusif et surtout explosif !
“Les faits se sont produits en août 2020. J’avais changé de bateau quelques mois auparavant et pour alimenter mon moteur électrique je souhaitais passer à la batterie lithium, dont la société Energy-66 (7) à qui je l’ai achetée m’avait vanté tous les mérites lors d’une rencontre sur un salon. J’ai donc investi dans une batterie 24V 100A que j’ai utilisée occasionnellement durant 6 mois environ. Jusqu’au jour où, pendant qu’elle était en charge à mon domicile, j’ai été intrigué par le bruit qu’elle faisait. J’entendais des sortes de “poks” et j’ai compris que c’étaient en fait les cellules qui éclataient les unes après les autres. Je l’ai aussitôt débranchée de son chargeur, de la fumée sortait déjà par les prises USB de la valise que j’ai déposée au fond du jardin, loin des voitures. Le temps de m’ éloigner de quelques mètres, elle a décollé d’un mètre en explosant et s’est aussitôt embrasée. Quelques secondes avant je l’avais encore dans les mains. On peut dire que je l’ai échappé belle ! Le vendeur m’a demandé de lui renvoyer le chargeur et, en retour, m’a fourni une batterie neuve en m’assurant qu’il n’y aurait plus de problème. Mais je ne l’ai jamais utilisée, d’autant que j’ai appris ensuite que d’autres accidents s’étaient produits avec des batteries de ce même fabricant. J’ai d’ailleurs reçu un courrier de la préfecture des Pyrénées-Orientales m’informant de la suspension et du rappel des produits de cette société.
Cette mésaventure ne m’a pas pour autant réfréné sur les batteries lithium car leurs atouts sont considérables. Seulement, avant d’en racheter une, je me suis bien renseigné et j’ai choisi une batterie BSR. J’ai d’ailleurs profité d’être sur ce salon de Clermont-Ferrand pour rencontrer les techniciens de cette société qui n’ont pas hésité à ouvrir les batteries et me montrer comment elles sont assemblées… chose que n’ont pas faite d’autres démonstrateurs présents sur le salon”…
LE BMS : CENTRE NÉVRALGIQUE DE LA RÉGULATION
La chimie, l’assemblage, les bons chargeurs… tous ces points évoqués préalablement ne sont pas les seuls éléments déterminants pour garantir la bonne performance d’une batterie lithium : elle découle également d’un autre élément important, le BMS (Battery Management System). En effet, un système de gestion de batterie intelligent est en mesure d’exploiter au mieux les caractéristiques de la chimie choisie, garantissant ainsi une fiabilité et des performances égales dans le temps, tout en contrôlant les dispositifs qui gravitent autour de la batterie. “La batterie lithium a cette capacité de sortir une puissance constante durant son cycle de décharge contrairement à une batterie plomb qui voit sa puissance diminuer, rappelle Christophe Soares de Navicom. Du coup, il est impératif de réguler sa puissance pour limiter les échauffements. C’est pour cela que toutes les batteries lithium dignes de ce nom sont dotées d’un BMS qui doit être paramétré pour avoir une régulation qui correspond à l’utilisation d’un moteur électrique”.
UN MANQUE CRUCIAL DE RÉGLEMENTATION
Comme c’est souvent le cas pour des marchés émergents, celui des batteries au lithium pour la pêche n’a pas encore de “cadre réglementaire” obligeant la conformité et le contrôle de leurs processus de fabrication et d’assemblage. Et comme toute activité non réglementée, cette faille peut faire la part belle “aux opportunismes peu opportuns” ! Un prix trop attractif peut être un bon “indicateur” (voir plus loin) pour débusquer les profiteurs qui apparaissent aussi vite qu’ils disparaissent ! Mais fort heureusement, le marché compte également des fabricants très professionnels et consciencieux qui travaillent dans “les règles de l’art” et s’engagent volontairement dans des démarches qualité auprès d’organismes qui vont contrôler et valider leurs protocoles et leurs process. Mieux vaut, à l’évidence, se tourner vers ce genre d’interlocuteurs pour mettre tous les atouts de son côté au moment de choisir une batterie lithium pour son moteur électrique !
Seuls le stockage et le transport de ces batteries considérées comme des substances dangereuses doivent répondre à la réglementation ADR (Accord européen relatif au transport international des marchandises Dangereuses par Route) selon les recommandations imposées par les assureurs. “Mais une fois encore, en l’absence d’obligation légale, certaines entreprises se disant assembleurs de batteries lithium ne suivent pas cette procédure de déclaration et ne se gênent pas pour envoyer des batteries par la poste !” déplore Christophe Soares ◆
Conseils en série !
Soyons clair ! Dans ce flou artistique où foisonnent des offres de produits toujours plus attractives, il n’est pas judicieux de se fier aveuglement à ces belles promesses ! Faites plutôt confiance aux professionnels, aux “spécialistes”, évitez d’acheter des produits sur Internet dont vous ne connaissez ni la provenance, ni la société qui les fabrique et, surtout, ne cédez pas aux chants des sirènes en achetant une batterie “au rabais”. Car il n’y a pas de secret : le prix fait, dans ce cas de figure, vraiment les différences !
LE PRIX * : UN BON INDICATEUR DE QUALITÉ
Il est effectivement important de s’interroger sur le prix d’achat d’une batterie lithium, car s’il y a une différence si importante entre les produits “a priori équivalents”, c’est bien en raison de la qualité des technologies, des composants, des matériaux et des processus d’assemblage employés…
Alors à titre purement indicatif, sachez par exemple qu’une batterie de 36V vendue dans une fourchette de 1 000 à 1 500 €… ça n’existe pas, ou du moins ça ne devrait pas exister ! “Aujourd’hui, pour nous, utilisateurs et professionnels, une batterie 36 V vendue avec son chargeur en-dessous de 2 800 à 3 000 €, ce n’est même pas la peine de s’y intéresser”, confirme sans détour Amine Mammeri, au cœur du sujet avec sa société FishinX !
Une batterie 24V 100 Ah de qualité évolue quant à elle dans une fourchette de 1 900 à 2 600 € selon la gamme et si elle est équipée d’un vu mètre ou d’un indicateur de décharge.
ET SI LA BATTERIE LITHIUM NE COÛTAIT PAS PLUS CHER QUE LA BATTERIE AU PLOMB ?
Calculette en main, entre les prix des batteries lithium évoqués à l’instant et ceux d’une batterie traditionnelle au plomb qui n’excède guère les 300 €, on pourrait être tenté par une addition hâtive… et ce serait un tort ! Car, mis bout à bout, les arguments pourraient même faire inverser la tendance, comme nous le démontre Amine Mammeri de FishinX. “En ma qualité de revendeur/ installateur, mais aussi de grand passionné de pêche et utilisateur d’électronique, pour moi, le choix de la batterie lithium ne se pose même pas tant il est évident ! Pour quelles raisons ? D’abord pour sa facilité d’utilisation, encore plus depuis le développement du format valise qui permet de transporter la batterie sur le bateau. Il suffit alors de la sangler, de la brancher au moteur et le tour est joué ! Un poids et un encombrement minimum qui font aussi économiser proportionnellement en consommation de carburant.
Ensuite, une batterie lithium est donnée pour une durée de vie d’au moins 10-15 ans si elle est bien utilisée, c’est-à-dire régulièrement rechargée. En revanche, une batterie au plomb, à partir du moment où elle commence à être déchargée, subit un phénomène de sulfatation, perd de sa capacité et claque au bout de 2 ou 3 ans. Mais, pour avoir une alimentation régulée pour un moteur électrique en 36 V par exemple, il faut que les trois batteries soient vraiment équivalentes. Du coup, si l’une des trois tombe en panne, il ne suffit pas de changer cette batterie défectueuse, mais il faut changer tout le parc !
Donc si nous reprenons la période de référence de 10 ans, soit vous aurez acheté une seule batterie au lithium à 3 000 € qui devrait encore durer quelques années derrière, soit vous aurez déjà renouvelé 4 fois votre parc de batteries au plomb en dépensant a minima 3 600 € !”
Finalement, l’achat d’une batterie lithium doit s’inscrire dans une démarche d’investissement à moyen terme, et non comme un acte de consommation immédiate. Une approche différente dont vous finirez par sortir gagnant.
(SE) POSER LES BONNES QUESTIONS AVANT D’ACHETER UNE BATTERIE LITHIUM
Les batteries lithium… on pourrait en parler des heures et c’est ce qu’on a fait avec des professionnels passionnés pour éclairer nos lanternes et modestement aussi les vôtres, chers lecteurs ! Mais pour conclure ce dossier (qui sera évidemment amené à évoluer au fil des révolutions technologiques que le lithium est supposé apporter), nous souhaitions vous apporter quelques conseils pratiques et recommandations utiles avant de vous lancer dans l’acquisition de votre batterie au lithium :
> bien évaluer vos besoins : la taille et le poids de votre bateau, la puissance de votre moteur électrique, la fréquence et la durée de vos sorties, le type de pêche, les zones fréquentées… seront autant de critères essentiels pour vous orienter vers la batterie lithium la plus appropriée à vos pratiques. D’où l’importance de passer par un professionnel qui saura vous apporter les meilleurs conseils en fonction de tous ces paramètres ;
> bien s’informer sur les caractéristiques et les “capacités réelles” de la batterie : le nombre de cycles complets (après une décharge à 100 %), la tension (V), l’ampère-heure (Ah). Mais aussi la densité (les watt-heure) afin de calculer la capacité optimale dont nous vous donnons la formule magique : watt-heure divisé par tension = capacité réelle ;
> s’informer sur le processus d’assemblage des cellules : par soudure ou par ajout de connectique vissée ;
> s’assurer que la batterie est réparable ce qui implique qu’en termes d’assemblage et de calage, tout a été fait dans les règles de l’art ;
> vérifier ce que couvre la garantie fournie avec la batterie : uniquement les cellules ? Ou la valise complète ?
> vérifier que le connecteur est adapté à l’utilisation sur un bateau : c’est-à-dire aux normes IP67 et IP69 qui garantissent étanchéité et insubmersibilité ;
> valider le choix de votre “fournisseur” : en vous renseignant sur l’entreprise auprès de sources fiables (les vérificateurs de société par exemple qui vous permettent de voir si elle a les reins solides par rapport à son capital et son chiffre d’affaires).
Une sorte de “check-list” qui, non seulement devrait vous épargner quelques déceptions ou déconvenues, mais vous permettra surtout de profiter de votre acquisition pour de loooongues parties de pêche sereines et pleines d’énergie ◆
LE CHOIX RÉFLÉCHI DU LIFEPO4
Nous avons découvert au fil de ce dossier que plusieurs compositions électrochimiques distinguent les batteries lithium les unes des autres et surtout les destinent à des applications différentes. En sa qualité de spécialiste sur ce marché et plus encore d’expert sur le segment de la pêche, Aurélien Fernandez nous livre son point de vue sur l’équipement approprié pour alimenter les moteurs électriques avant.
Côt&Pêche : Selon vous, quels sont les types de batterie lithium à privilégier pour les moteurs électriques ?
Aurélien Fernandez : indéniablement, les deux technologies les plus adaptées à cette application pêche sont le NMC et le LFP que nous appelons aussi LifePO4 par rapport à sa formulation chimique.
C&P : Et qu’est-ce qui différencie principalement ces deux types de batterie ?
AF : Depuis dix ans, le NMC a fait une grosse montée en puissance, notamment sur le secteur automobile, parce que ce sont des cellules qui permettent d’atteindre une densité d’énergie très élevée avec un poids et un volume réduits, mais pour une durée de cycles de vie (donnée pour 800 – 1 000 cycles pour les meilleures cellules à 100 % de décharge (DOD) bien inférieure à une batterie LifePO4 qui, elle, garantit une décharge plus linéaire, donc plus stable, sans effet mémoire et pour une durée de vie d’au moins 2 000 cycles complets (à 100% de décharge), soit plus du double ! Autant dire que pour l’usage, même régulier, d’un moteur électrique, son utilisateur a le temps de voir venir, a minima une bonne dizaine d’années, avant de devoir changer sa batterie ! C’est notamment pour cette raison mais également pour une sécurité optimale que, chez BSR, nous avons choisi de produire et commercialiser des batteries LifePO4 destinées à la pêche.
C&P : Qu’entendez-vous par sécurité optimale ?
AF : Tout d’abord, la technologie LFP est “chimiquement” reconnue comme beaucoup plus stable que le NMC. Ensuite, avec une décharge beaucoup plus linéaire, une batterie LifePO4 garantit une tension stable tout au long de son cycle, idéale pour le matériel qu’elle alimente. En revanche, en NMC, il y a une instabilité de la tension qui nécessiterait un BMS beaucoup plus pointu qui coûte quasiment aussi cher que la batterie elle-même ! Et lorsqu’elle est déchargée à 90 %, une batterie NMC peut descendre en-dessous des 10 V. Pour peu que le BMS ne soit pas adapté, cela peut créer une sous-tension et générer des incidences, voire des défaillances, sur une carte mère de sondeur ou de moteur par exemple.
La différence vient aussi du voltage nominal par cellule qui est de 3,2V pour le LifePO4 et de 3,7V pour le NMC. Si l’on prend pour exemple une batterie de 12V, il faudra donc assembler 4 cellules LifePO4 contre 3 cellules NMC. Moins de cellules dit certes moins de poids, mais surtout moins d’énergie en termes de kilowatt-heure (8). Si l’on reste sur l’exemple du 12V, on arrive à 1 280 kW-h sur une batterie LifePO4 et 960 kW-h sur une NMC.
(1) A pour ampères.
(2) Depuis plus de 40 ans, la société Navicom est spécialisée dans le domaine de l’électronique marine, réputée pour être toujours à la pointe de l’innovation. Commerce de gros, son reseau de distribution est constitué de revendeurs, d’agents, de centrales d’achat et de chantiers navals.
(3) Ah pour ampères/heure.
(4) V pour Volts.
(5) créée en 2005, FishinX est spécialisée dans la distribution et l’installation auprès des particuliers et professionnels de produits de pêche et d’équipements comme les moteurs électriques, combinés GPS/Sondeur et tous leurs accessoires.
(6) Basée à Toulouse, BSR – Batteries Service et Régénération – est spécialisée dans la production et la distribution de batteries industrielles et lithium pour le marché français et européen. Depuis 2015, la société s’est également spécialisée sur les batteries destinées au secteur de la pêche et du nautisme.
(7) il s’agit de la société perpignanaise impliquée dans les différents accidents évoqués plus haut.
(8) 8kW-h pour kilowatt-heure.