Le magazine Côt&Pêche a toujours tenté de se distinguer par l’originalité et la qualité de ses reportages auxquels j’ai eu la chance, pour certains d’entre eux, de participer et de collaborer. Cette fois encore, le rédacteur en chef me propose un reportage pour le moins original dont le sujet serait une rencontre avec un pêcheur local (en Bretagne) pour une initiation sur les pêches des sparidés. L’idée est donc que je fasse découvrir les nouvelles pêches aux leurres-appâts à un passionné qui n’a jamais pêché de sparidés sur ses postes.
L’enjeu me semble être de taille car, encore une fois, je sors encore de ma zone de confort (la Méditerranée), mais, en plus, nous pêcherons sur un secteur que je n’ai jamais pêché, à savoir l’archipel des Glénant et ses alentours (Basse Jaune, Basse Doun et Basse An Ero), vaste zone mais très prometteuse.
La veille de notre sortie, je rencontre donc Pascal (le pêcheur local), dans sa maison familiale authentique avec vue sur la mer à la sortie de Port Manec’h. Ce qui m’immerge immédiatement dans l’ambiance bretonne. La soirée que nous passerons ensemble restera gravée dans ma mémoire, pas seulement pour le cadre idyllique dans laquelle elle s’est déroulée, ni pour l’exceptionnel repas que nous avons savouré (palourdes roses des Glénan et homards), mais pour la qualité de nos échanges et la magie des récits de ce pêcheur qui a découvert il y a 50 ans la pêche avec son père. En effet, je découvre un homme de la mer, passionné de pêche, mais dont la vie professionnelle n’a pas dû lui laisser beaucoup de temps pour pratiquer sa passion et qui compte bien se rattraper. Pêcheur de bars principalement, occasionnellement de merlans, de dorades grises, de maquereaux et de chinchards, Pascal me confie n’avoir jamais pêché de gros sparidés et m’avoue aussi qu’il rêverait pouvoir trouver un ou plusieurs postes à sparidés dans ses zones de prédilection, en particulier celles où il pêchait avec son père.
Le plan de pêche
Nous nous retrouvons de bonne heure le matin à la mise à l’eau de Port Manec’h où Pierrot, un ami méditerranéen, nous rejoint pour profiter de cette sortie. Outre sa bonne humeur et le plaisir d’avoir sa compagnie, sa présence m’apparaît très utile et intéressante car il maîtrise les techniques de pêche aux sparidés et optimisera nos chances d’en capturer.
Après avoir écouté Pascal sur sa description des zones où il pêche et après avoir étudié la carte SHOM du secteur, je comprends rapidement que le secteur est rempli de roches entourées de sable avec des changements de sédimentation type gravière en fonction des profondeurs. Configuration plutôt favorable à la présence de sparidés, nous décidons donc de prospecter les abords de roches et d’identifier les changements de sédimentation en fonction des lignes de sonde. Les fonds varient entre 20 et 50 mètres, principalement en pentes douces. Il va donc falloir faire vite et ne pas s’attarder sur les postes car la zone est vaste et je ne sais pas du tout dans quels types de fond peuvent se trouver les sparidés dans ce secteur. Autre critère à prendre en considération : l’eau ; elle s’est réchauffée de 3 degrés en 2 jours et le retour de pêche des pêcheurs locaux n’est pas très encourageant… Cela s’annonce difficile.
Le choix du leurre
Sans doute la partie la plus aisée pour moi, à savoir pour une pêche de prospection et d’initiation à la pêche des sparidés. En effet, le Waterdrop est à mes yeux le leurre-appât idéalement adapté à la recherche de poissons dans une zone méconnue et, surtout, un leurre très facile à utiliser. Composé d’un corps perforé sur la partie supérieure et d’un assist coulissant le traversant, le Waterdrop appartient à la famille des kaburas, leurre-appât d’une très grande efficacité imitant un céphalopode (calamar, seiche). Son gros avantage est dû à sa conception qui offre une nage et une présentation très naturelles permettant l’ajout de petits appâts sur les hameçons de l’assist. Son concept lui permet de basculer sur lui-même et de toujours optimiser la présentation de l’appât, quelles que soient la profondeur et l’intensité du courant. Le Waterdrop est un des rares leurres qui s’adapte au pêcheur et non pas l’inverse (!!!) et est particulièrement recommandé pour les enfants, les compagnes des pêcheurs, ainsi que les pêcheurs affûtés ou débutants. Parfait donc pour l’occasion, car Pascal pêche pour la première fois avec l’un de ces leurre-appât.
Nous voilà donc partis en mer où je découvre les paysages, la beauté du site tout en préparant différents grammages de Waterdrop en 30, 40 et 60 grammes qui nous permettront de proposer plusieurs nages et de prospecter entre 25 et 50 mètres. Arrivé sur la première zone, je donne quelques indications à Pascal sur l’animation du leurre et lui explique la raison de ma sélection. Le Waterdrop est un leurre-appât très polyvalent qui reste “pêchant” dans les conditions les plus extrêmes même avec beaucoup de courant ou de dérive. En alternant avec les grammages, le système de bascule du Waterdrop permet à la fois d’être utilisé en verticale ou en diagonale (avec la dérive).
En verticale, on choisit un grammage plutôt lourd (à partir de 30 grammes en fonction de la profondeur) et on laisse le leurre prendre contact avec le fond. On relève doucement de quelques tours de manivelles et on attend (stop). Puis, on remonte lentement de quelques mètres et encore un arrêt de quelques secondes. Cette animation, appelée technique de l’ascenseur, est à renouveler plusieurs fois jusqu’à la touche. Cette dernière est souvent lourde et franche donc inutile d’attendre trop longtemps avant de ferrer. Si on n’a pas de touche à environ 10 mètres au-dessus du fond, on peut relâcher le leurre jusqu’au fond et renouveler l’animation.
En dérive, on laisse le Waterdrop toucher le fond, puis on remonte d’un ou plusieurs tours de manivelle et le leurre fait son travail ! L’animation est vraiment minimaliste car c’est le courant et la dérive qui font nager la jupe du leurre et qui le rendent attrayant. Si la dérive est très forte, il ne faut pas hésiter à laisser le leurre retoucher le fond en ouvrant le pick-up du moulinet. Laisser “manger” quelques secondes à la touche puis, ferrage !
Puis je me mets à la préparation des appâts en découpant, dans un premier temps, quelques fines lamelles de calamar en forme triangulaire afin de faciliter une ondulation des appâts derrière le leurre. Après les avoir piquées sur la partie la plus large de la lamelle, j’en dispose une sur chacun des hameçons de l’assist et le leurre est prêt à pêcher.
Le Waterdrop, un leurre multi-fonctions
Décliné en plusieurs grammages (de 20 à 130 grammes), il pallie toutes les situations rencontrées en pêche (courant et profondeur). Il peut être ainsi aussi utilisé soit en verticale (à l’aplomb), soit en dérive (en diagonale). Cette diversité de poids permet donc sur un poste de tenter différentes animations et d’évoluer dans les couches d’eau en fonction des espèces recherchées.
Quel matériel ?
Dans l’ensemble, si vous êtes équipés pour les pêches Tenya, ne changez rien, ce matériel conviendra parfaitement pour réagir aux touches les plus subtiles. Mais si ce n’est pas encore le cas, pas de panique, le Waterdrop s’adapte à toute situation, pourvu que votre ensemble ne soit pas surdimensionné. La pêche au Waterdrop est une technique très accessible ne nécessitant pas, tout au moins au début, un matériel trop spécifique. Une canne leurre 5-40 grammes peut convenir. Cependant, plus on se familiarise avec la technique, plus on va s’orienter sur des actions sensibles en pointe et parabolique pour le reste de la canne. Les cannes K1-3006C et 3007C ont été spécifiquement développées pour ces pêches au Kabura. La possibilité d’accompagner le leurre à la descente et de pouvoir redonner la “main” avec un moulinet casting est très appréciable. De plus, le Waterdrop fonctionne très bien à la remontée et l’utilisation d’un casting permet une récupération régulière et continue.
Pour le choix de la tresse, une 8 brins (type Siglon 8 brins multi couleur ou Siglon ADV) est la plus adaptée aux pêches verticales grâce à sa souplesse et à sa fluidité dans l’eau. Les diamètres recommandés sont compris entre PE 0.8 (12 lbs) et PE 1.2 (20 lbs). Un bas de ligne de 2 longueurs de canne sera noué à la tresse avec de préférence un nœud FG (meilleur passage dans les anneaux et meilleure résistance). Dans une grande majorité des cas, un bon shockleader nylon conviendra. Son élasticité compensera la rigidité de la tresse. Sa densité (plus légère que le bas de ligne) permettra également une excellente présentation du leurre-appât. Si vous devez prospecter des zones plutôt rocheuses où le bas de ligne est amené à frotter sur la roche, optez pour un fluorocabone plutôt élastique.
Place à la pratique
Malgré l’absence d’échos au sondeur, nous commençons à pêcher sur des plateaux rocheux où quelques petits poissons se manifestent en saisissant les appâts du leurre. Puis, les premières coquettes (appelées “demoiselles” par Pascal) se font prendre, suivies, sans attendre, par des tacots de belle taille. Au bout de quelques poissons, je décide d’aller prospecter d’autres profondeurs et une sédimentation différente. Nous optons pour des bancs de sable autour des rochers. À nouveau beaucoup de touches et la variété change : plusieurs vieilles sont remontées au bateau, mais toujours pas de sparidés.
Au bout de plusieurs heures de pêche et de plusieurs postes avec des configurations différentes, je fais remarquer à Pascal l’importance de la sédimentation par rapport aux poissons pris. En effet, chaque fois que nous changeons de poste et de nature de fond, les variétés changent : tacots, merlans, maquereaux, vieilles, coquettes ont été capturés, et chaque espèce diffère et prédomine sur chacun des postes. Mais toujours pas la moindre écaille de sparidé à bord… Nous devons donc chercher d’autres zones où ils s’alimentent. Afin de changer de stratégie, j’invite Pascal à retourner sur les zones où il pêchait à l’époque avec son père en réalisant cette fois-ci de longues dérives. Ces dernières peuvent être très intéressantes lorsque le vent est constant et régulier, car cela permet d’alterner tous les types de sédimentation et de parcourir différents reliefs. Une fois le poisson trouvé, on peut affiner et positionner le bateau plus précisément sur le poste.
J’observe discrètement Pascal qui se familiarise de plus en plus avec la technique et le leurre, ses ferrages sont précis et efficaces. Il maîtrise aussi la canne qui a un scion très sensible pour la détection des touches et qui nécessite un ferrage ample et appuyé. En effet, c’est un changement total d’attitude pour un pêcheur de bar qui a l’habitude d’utiliser des jigs ou des leurres souples en ferrant à la touche. Au leurre-appât, on accompagne la touche en baissant la canne et en laissant manger le poisson quelques secondes. Le bon “timing” pour le ferrage n’a pas de règles, c’est au “ressenti” du pêcheur. Pas de problème pour Pierrot et Pascal qui enchaînent les poissons.
Puis, en milieu de dérive, je sens une grosse lourdeur, pas de touche, mais le scion se plie franchement. Je pense à une grosse aspiration et ferre sans conviction. C’est un poids lourd, mais pas de coups de tête. Je récupère lentement et je distingue une masse à quelques mètres du bateau. Il s’agit bien d’un poisson. C’est un magnifique Saint-Pierre qui, en ouvrant la gueule, se décroche juste au bateau. D’où la nécessité de toujours bien appuyer son ferrage surtout sur les sparidés qui ont pour la plupart des gueules avec un cartilage très dur et des dents (molaires) puissantes.
Pierrot annonce à son tour avoir eu lui aussi une grosse touche, mais le poisson ne s’est pas piqué. La zone semble active. Je sens à nouveau une touche, mais là c’est une grosse décharge et reconnais immédiatement la défense d’un sparidé (gros coups de tête persévérants à la remontée). Tout le bateau est en “apnée”, aurions-nous enfin trouvé un poste à sparidé ? Les “rush” s’enchaînent et le combat est soutenu, peu de risques de casse, mais sait-on jamais… Je joue la souplesse et une remontée tout en douceur. Et enfin la magie de ce poisson qui arrive sous le bateau et dont on peut distinguer la belle couleur rose qui nous fait immédiatement penser à un pagre. Quelle surprise une fois le poisson mis dans l’épuisette, il s’agit bien d’un sparidé, mais c’est en fait un splendide pageot d’exception ! Sans tarder, je recommande à Pascal de revenir sur la dérive quelques mètres en amont pour retenter notre chance. Pierrot lance son leurre, atteint le fond puis enregistre de belles touches. Il ferre et la canne se plie. C’est encore un beau sparidé, peut-être même encore plus gros que celui qui vient d’être pris. Pierrot est aux anges et quelle satisfaction pour moi de les voir comblés ! C’est un deuxième très beau pageot qui arrive au bateau. L’objectif a été atteint, nous sommes tous sur un nuage. Des plaisirs simples ; et n’est-ce pas là aussi les choses les plus “essentielles” ?!
Le matériel
Après avoir prospecté de nombreuses zones autour des Glénan, nous avons finalement trouvé des poissons sur la zone où Pascal a pêché avec son père et où il a tous ses souvenirs d’enfance. Je ne pouvais pas espérer mieux, ma volonté de lui transmettre mon expérience et de mettre en application ma façon de faire sur son terrain avec la récompense ultime d’un si beau résultat.
Pascal n’a pas été le seul à avoir cumulé les informations ; j’ai également beaucoup appris sur le regard des pêcheurs qui souhaitent pratiquer de nouvelles techniques, qui partent d’une page blanche et à qui il faut transmettre notre passion. La notion du “partage” n’est pas un vain mot et même si nous essayons de communiquer par des vidéos sur les réseaux, rien ne peut égaler une rencontre sur un bateau.
De retour au port, nous montrons les photos de nos prises à des pêcheurs locaux qui nous affirment que la taille de ces pageots est exceptionnelle pour le secteur.
Satisfaction supplémentaire pour nous car, non seulement nous avons atteint notre objectif de pêcher des sparidés, mais, en plus, il semblerait que ces pageots soient bien des prises d’exception !
Cette journée s’est révélée parfaite dans la démonstration de ce que pouvait être une partie de pêche aux sparidés. Ces derniers sont très lunatiques et il n’est pas rare de ne pas faire un poisson de la journée, même sur des postes identifiés. Pour Pascal, comme pour tous les pêcheurs qui veulent s’initier à la traque des sparidés aux leurres-appâts, il est important aussi de souligner la difficulté de cette pêche.
Et c’est pour cette raison qu’il faut connaître parfaitement sa zone, le type de sédimentation, le sens des courants et l’orientation des vents pour optimiser ses dérives. Acquérir une “relative” maîtrise dans la pêche aux sparidés requiert de nombreuses heures consacrées à la prospection, à la détermination de la nature des fonds et à la compréhension des comportements alimentaires de ces poissons mythiques. Je suis persuadé que l’on ne maîtrise jamais parfaitement une technique, on peut en limiter les approximations, mais il faut toujours se remettre en question car notre adversaire de jeu est complexe et joue à domicile !
L’utilisation d’un leurre adapté est également essentiel et Pascal se souviendra qu’il peut faire confiance en ses Waterdrop, mais il faudra passer aussi du temps à traquer les sparidés, à les suivre en fonction des périodes de l’année et relever à chaque sortie la température de l’eau, le meilleur moment de la marée où des poissons ont été pris, etc, etc…
On a coutume de dire, à juste titre, que “la pêche n’est pas une science exacte” et mon expérience m’a également démontré que, quelle que soit la technique de pêche appliquée, la confiance en son matériel et la persévérance aboutissent très souvent à des résultats ; et ça, c’est une certitude ! ◆
Le Waterdrop, un véritable leurre multi-espèces
Grâce à sa polyvalence et à son large éventail de possibilités d’utilisation, le Waterdrop inscrit à son compteur un nombre considérable de prises de sparidés et de diverses espèces, réunissant aussi bien des poissons de fond que des poissons pélagiques. À chacun son poisson, à chacun son Waterdrop !