Pêche de barracudas et sérioles au popper

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Avis aux amateurs d’émotions fortes, aux nostalgiques de pêche exotique ou bien encore aux curieux de nouvelles techniques : cet article est fait pour vous !

On oublie trop souvent que chez nous aussi, en Méditerranée, on a la chance de pratiquer des pêches sportives aux leurres de surface sur des espèces combatives, comme la sériole ou le barracuda. On les retrouve certes en moins grand nombre que dans d’autres régions du globe, mais leur capture en prend une saveur plus jouissive. Voici quelques astuces pour vous lancer dans cette aventure riche en sensations.

Pêche barracuda et sériole au popper

Un matériel adapté

Avec cette technique, il est courant de capturer des poissons de belle taille. Il est donc nécessaire de pêcher avec un matériel adéquat de type “light exo”. Le choix de celui-ci doit cependant être raisonné. Il est inutile de s’équiper d’un ensemble trop puissant et donc lourd à manipuler, cela en devient fatiguant et contraignant lorsque l’on “poppe” une journée durant. Vous aurez également moins de plaisir à ramener des poissons plus modestes.

La canne, d’environ 50 lbs, doit être capable de lancer des leurres pesant entre 30 et 100 gr à bonne distance. Elle doit donc être relativement longue, à minima 2,30 mètres pour ne pas perdre en efficacité. Une canne de cet acabit peut paraître surdimensionnée pour s’attaquer à la pêche du barracuda, mais se révèle nécessaire car les surprises de taille nommées sériole (voire thon) ne sont pas rares.

Le moulinet, de 4 000 à 5 000 en taille, rempli d’une tresse en Pe 3.0 ou 4.0, vous permettra d’envoyer à grande distance le popper tout en restant discret. Ce combiné convient à la plupart des situations de pêche (zones, type de leurre et contenance de tresse).

Pêche barracuda et sériole au popper

Le choix du popper

Contrairement à l’animation plutôt rapide pratiquée sur les chasses de thons, celle utilisée pour les barracudas et sérioles est nettement plus douce. Il faut donc choisir des leurres réalistes, avec une  bonne accroche sur l’eau lors de la tirée et qui réagissent à la moindre sollicitation.

Les vibrations qu’émet un popper sont lentes, mais très importantes. S’il est bien animé, le popper peut, grâce à sa fameuse bouche incurvée, produire des vagues et un son sourd caractéristique d’un petit carnassier en chasse à la surface de l’eau. Les espèces visées possèdent une ligne latérale qui leur permet de capter les moindres vibrations provoquées par la présence d’une proie sans même qu’ils n’aient besoin de la voir ou de l’entendre. Il est ainsi possible d’utiliser des poppers de “petite” taille, de 12 à 14 cm. Cette nage, spécifique à ce type de leurre, justifie l’intérêt de les utiliser pour la traque de ces espèces. De plus, ces dernières sont peu habituées à ce type de pêche, contrairement aux pêches à la traîne ou au lancé-ramené des leurres à bavette.

Parmi mes préférences, un leurre se démarque des autres : le fameux Bull pop en 150 mm. En plus d’être réputé pour le barracuda, le Bull pop est idéal pour la traque des sérioles. Ce gros popper qui remue beaucoup d’eau est capable de faire du “walking the dog” au cours des animations lentes et possède une bonne stabilité lors des fortes accélérations.

Pêche barracuda et sériole au popper

Un second leurre facile d’utilisation et très efficace par mer calme n’est autre que le 3D popper. Il est stable, se lance loin et ses flancs renvoient un prisme de lumière rapidement capté par l’œil aiguisé des poissons. Il n’a pas son pareil pour faire réagir les barracudas de belle taille.

Enfin, en troisième position, on retrouve le Saltiga dorado de Daïwa. Il se lance loin et possède une sonorité bien particulière qui intrigue les prédateurs. Son profil effilé facilite la saisie du leurre par les poissons et augmente le nombre de prises piquées. Ce leurre convient particulièrement lorsque la mer est peu agitée.

Si le Dorado reste sur le podium, il est suivi de près par le Feed popper et le Roosta popper, très efficaces lorsque le soleil est haut dans le ciel. D’autres modèles sur le marché offrent de mul-tiples possibilités et rien ne fonctionne mieux qu’un leurre qui touche l’eau. Chacun trouve sa préférence en fonction du secteur de pêche, du matériel ou du type d’animation.

Le choix des coloris est aussi important. La plupart est créée pour attirer les pêcheurs et non les poissons. Vous constaterez que, pour 90 % des leurres de surface, les coloris sont mieux travaillés au niveau du dos et des flancs alors que la partie la plus importante, le ventre, est souvent négligée. N’oublions pas que le prédateur attaque le popper par-dessous et ne voit que le ventre et une très petite partie des flancs. S’il faut posséder le classique “ventre blanc”, il est judicieux d’avoir dans sa boîte quelques leurres avec un ventre et des flancs plus sombres, du bleu ou du noir par exemple. Ces coloris, qui contrastent avec le ciel clair et lumineux de la saison estivale, seront donc plus facilement repérés par le prédateur qui ciblera le popper de manière plus efficace car il aura plus de chance de ne pas louper son attaque.

Pêche barracuda et sériole au popper

Question animations

Les animations diffèrent selon l’espèce recherchée. Le barracuda est un poisson que l’on sait méfiant avec un comportement parfois déluré qu’il n’est pas évident de comprendre. La pêche au popper attise sa curiosité, puis joue sur son agressivité en imitant un mulet apeuré, une oblade en détresse ou un petit prédateur en chasse sur zone. Pour réussir à le leurrer, il est préférable de réaliser une animation par à-coups relativement lente, 2 à 3 secondes entre deux tirées, suivie d’une petite accélération. Cet enchaînement attire de loin cet opportuniste et il n’est pas rare de le voir ensuite suivre longuement le leurre. Il ne faut donc pas se décourager et continuer à popper jusqu’à ce qu’il se décide à mordre. Une animation lente permet également de garder le leurre le plus longtemps possible sur la zone de pêche afin d’attirer les poissons et déclencher une attaque. Si parfois l’animation lente ne donne pas de résultat, vous pouvez tenter d’autres actions plus rapides entrecoupées de longues pauses. Il est important, lorsque l’on fait popper le leurre, de créer le son caractéristique de la bulle d’air qui casse la surface de l’eau. L’objectif n’est pas de créer une gerbe d’eau de 20 centimètres de haut, mais plutôt d’obtenir un son sourd que les poissons entendront de loin.

Ah la sériole ! Une explosion de fureur sur le leurre qui fait oublier les heures de traque sans succès. Elle aussi a tendance à venir observer une première fois “l’intrus” qui ose passer sur son territoire. Il est difficile de la chercher spécifiquement. Cette pêche n’est pas des plus efficaces, mais les pêcheurs gardent le secret espoir de la voir à chaque lancer. Comme sa cousine la liche, ce poisson demande d’abord une animation lente – pour l’attirer –, puis plus tonique lorsqu’elle poursuit le leurre. Il ne faut pas hésiter à appuyer les animations pour solder cette course-poursuite par une attaque. Tel le jeu du chat et de la souris, on ne gagne pas à tous les coups, mais c’est un réel plaisir de l’observer en chasse.

La pêche aux leurres de surface demande un maximum de concentration et de sang-froid car l’attaque peut se présenter à tout moment. Certaines erreurs doivent impérativement être évitées. Trop souvent, dans l’excitation, on tente un ferrage au moment où l’attaque se produit, mais cela se solde généralement par un raté ou un décroché. Le ferrage doit avoir lieu lorsqu’on sent le poids du prédateur dans la canne. Par ailleurs, un frein bien réglé – pas trop “light” – permet, lors de la tension de la ligne et du ferrage, de bien faire entrer les hameçons dans la mâchoire solide de ces prédateurs. Une fois le combat entamé, en particulier avec le barracuda, il est primordial de réduire le frein afin de limiter les risques de décrochés lorsqu’il secoue frénétiquement la tête en surface, ou lors des chandelles qui ne sont pas rares.

Pêche barracuda et sériole au popper

Trouver les bonnes zones de pêche

Les territoires de chasse de telles espèces sont facilement identifiables sous réserve de posséder une carte des fonds environnants sur un combiné sondeur-Gps ou une carte marine. Une “sèche” est facilement repérable. Ce haut-fond peut démarrer à des profondeurs supérieures à 50 mètres et remonter à la surface en moins de 100 mètres de distance. Plus la sèche est abrupte, plus elle crée des perturbations dans le courant, amenant avec lui toutes sortes de nourriture convoitée par les poissons fourrages. Déstabilisés dans ce fort courant, ces derniers deviennent ainsi des proies faciles pour nos prédateurs préférés. Les grosses sérioles et les barracudas utilisent les sèches comme territoire de chasse pendant de très courts moments. Ces gros poissons viennent chasser dans très peu de profondeur quelques instants et repartent à l’extérieur de la sèche. Même s’il est possible de faire mordre un gros poisson à son sommet, il est plus intéressant de pêcher autour en décalant le bateau d’une centaine de mètres. Ainsi la dérive offrira plus de chance de tomber sur un poisson trophée gravitant aux alentours du spot, à l’affût d’une proie.

Une seconde zone qu’affectionnent particulièrement les barracudas et les sérioles est les plateaux. Souvent utilisés comme territoire de repos par les prédateurs en raison d’une moindre fréquentation des pêcheurs, les plateaux regroupent un biotope complètement différent des sèches. Les atouts qu’ils possèdent n’en sont cependant pas moins nombreux. Cette zone plate, avec peu de variation de profondeur, est souvent tapissée de mottes de posidonies et de bancs de sable. Cet environ-nement particulier représente une véritable nurserie pour tous les petits poissons de roches qui viennent y déposer leurs œufs. Les prédateurs profitent alors de cette zone de vie abondante pour se nourrir quand l’envie leur en prend. L’absence de fortes variations de profondeur est le principal avantage de ce milieu. En effet, contrairement aux sèches où les poissons passent en permanence d’une couche d’eau froide à chaude liée à la thermocline, les gros prédateurs, en longeant le fond des plateaux, ne sont pas soumis à ces écarts de température. Cela leur offre la possibilité d’écono-miser considérablement de l’énergie leur permettant ainsi de digérer plus rapidement et donc de plus se nourrir. Ces poissons apprécient les eaux chaudes, on les retrouve donc, suivant la saison et la profondeur de la thermocline, dans des zones situées entre 6 et 20 mètres de profondeur. Les plateaux étant des zones sans obstacle, les courants y sont constants et plus faibles qu’ailleurs car rien ne les freine. Ils constituent donc un apport permanent de nourriture et d’oxygène à toutes vies alentours. Les barracudas ont toujours un pic d’activité à l’aube et au coucher du soleil. En pêchant lors de ces deux moments clé, on augmente les chances de déclencher des attaques et de piquer plusieurs poissons consécutivement. Quand le soleil est haut dans le ciel, les poissons se placent à l’abri du courant, par groupes de quelques individus et l’activité baisse. Il n’est toutefois pas rare de capturer des poissons dans ce type de circons-tance car la curiosité et le désir d’attaquer une proie facile sans dépenser trop d’énergie les poussent à attaquer le popper avec moins de méfiance.

Si on ne peut pas avoir un bateau ou si la météo ne permet pas de sortir, il est tout à fait possible de pratiquer cette technique du bord. Là aussi, on va rechercher les zones de courant dans lesquelles les poissons vont se laisser entraîner. Il peut s’agir de pointes rocheuses, de caps, ou des zones ayant des fonds tombant très rapidement. Souvent, ces différents lieux sont déjà bien connus et appréciés des pêcheurs pratiquants le shore jigging. Le matériel à utiliser ne change pas, il faut juste trouver des poppers assez lourds pour gagner en distance de lancer et ainsi en temps d’animation. De manière générale, les attaques se font assez près du bord car les poissons en chasse viennent coller leur proie contre la roche pour limiter leurs chances de s’échapper. Le long des falaises, méfiez-vous toujours des glissades en tout genre et évitez pour votre sécurité de pêcher seul. Les digues et entrée de ports sont bien entendu des spots incontournables, notamment à l’aube et au crépuscule car, bien souvent, c’est à ce moment-là que les barracudas rentrent et sortent des ports, un de leurs lieux de chasse favoris.

Pêche barracuda et sériole au popper

Une saisonnalité à prendre en compte

En début de saison estivale, vers le mois de juin, les eaux se réchauffent et la thermocline reste haute dans la couche d’eau. La chaîne alimentaire composée de micro-algues et de phyto-planctons se développe aussi dans ces premiers mètres d’eau, obligeant les poissons fourrages à remonter presqu’à la surface pour se nourrir ; ils deviennent alors des cibles faciles pour les prédateurs. Ces derniers remontent alors dans la couche d’eau chaude et patrouillent autour des remontées à la recherche d’une proie facile. La traque aux leurres de surface devient alors très intéressante. De plus, une eau chaude permet aux poissons de consommer moins d’énergie lorsqu’ils chassent et accélèrent leur digestion. Ils seront donc plus enclins que jamais à se nourrir en grande quantité et surtout, tout au long de la journée.

Plus particulièrement pour les barracudas, les mois de juillet et août sont à privilégier notamment pour les pêches au “coup du soir”. Lorsque l’activité nautique diminue avec la lumière du jour, les poissons restés en profondeur toute la journée, pour ne pas être dérangés par les moteurs de bateaux vrombissant au-dessus de leur tête, profitent de la moindre accalmie pour se mettre en chasse. Pour être le plus discret possible, il est important de penser à éteindre le moteur une fois arrivé sur la zone de dérive, afin ne pas effrayer les barracudas qui suivent le leurre souvent jusqu’au bateau. L’ajout d’un moteur électrique et d’un ancrage Gps est un atout particulièrement efficace pour à la fois rester discret et contrôler la dérive à la perfection. Si les conditions météorologiques le permettent, avec une eau qui ne descend pas en-dessous des 21 degrés en surface et des nuits pas trop fraîches ni venteuses, la saison peut s’étendre jusqu’à octobre.

Le comportement des poissons

Le comportement des barracudas et sérioles est assez peu connu, à tel point que peu de personnes croient en leur faculté à attaquer des leurres de surface. Il est vrai que c’est une pêche physique où la motivation et la méconnaissance de ces poissons peuvent mettre en difficulté les pêcheurs débutants. Pour autant, celle-ci offre l’opportunité de défier la chance et de tenter de prendre le Graal de nos côtes, une sériole au popper.

Les sérioles apprécient particulièrement l’eau chaude. Les levers et couchers du soleil sont des incontournables pour tenter de leurrer ces prédateurs. Cependant, la période la plus propice reste les 2 heures avant et après le zénith du soleil. L’eau en surface se réchauffe rapidement et les prédateurs peuvent surgir des profondeurs pour surprendre les proies en surface éblouies par la lumière du soleil estival.

Les barracudas, plutôt indécis en temps normal, deviennent des prédateurs extrêmement agressifs au contact du popper et sont capables de sauter entièrement hors de l’eau lors de l’attaque. Avant chacune des attaques, on peut observer le poisson en train de suivre le popper. La caudale et la dorsale sont les premières choses que l’on repère, puisque les barracudas convoitent le leurre nageant à la surface. Quant aux gros sujets, il n’est pas rare de les voir effectuer de gros remous tant leurs nageoires brassent de l’eau. Cette suite d’évènements se termine bien souvent par une attaque spectaculaire lorsque le poisson accélère brusquement la gueule grande ouverte pour gober le popper. Sur nos côtes, ils se déplacent et chassent en gros bancs de tailles homogènes, chaque individu pouvant mesurer entre 70 et 120 cm. Leur temps d’activité est plutôt court, environ 1 heure le matin et 1 heure le soir, mais souvent très intense, notamment en raison d’une importante concurrence alimentaire qui motive les spécimens les plus affamés à se ruer sur la moindre proie potentielle. Les sujets plus petits sont souvent plus rapides et surtout moins méfiants. Lorsqu’un petit poisson attaque et rate le popper, l’instinct prédateur des plus gros sujets se réveille et c’est à ce moment précis qu’ils jaillissent telles des fusées sur le leurre. En effet, si on analyse le fonctionnement d’un popper, sa façon d’évoluer est tout à fait compatible avec le comportement et l’instinct de chasse des gros prédateurs.

En résumé nous voilà avec une façon bien particulière de (re)découvrir la pêche de ces deux espèces mythiques de nos eaux méditerranéennes. Cette pêche, parfois ingrate car physique et nécessitant un mental d’acier, offre aux pêcheurs la possibilité de toucher un poisson trophée, voire le poisson d’une vie. Il vous faudra au début vous armer de patience et de ténacité, mais le jeu en vaut la chandelle. Vous vous souviendrez longtemps de l’émotion provoquée par le suivi et la première attaque de votre leurre dans une explosion en surface très spectaculaire. Pensez toutefois, lors des moments de folie et lorsque les prises s’enchaînent, à remettre certains de vos compagnons de jeu à l’eau. Ce geste éthique n’est pas anodin. Il est crucial et vous permettra non seulement de garder des poissons encore longtemps sur vos zones de pêche, mais aussi d’en faire profiter les futures générations de pêcheurs. Maintenant bardé de tous ces conseils, il ne vous reste plus qu’à prendre vos cannes et que ça pop !

Pêche barracuda et sériole au popper

OBJECTIF-PÊCHE

Pour en savoir plus, vous pouvez faire confiance à Antonin, moniteur guide de pêche : il est le premier à vous faire partager son savoir à travers une formation en ligne “Maîtriser la pêche aux leurres durs en mer” disponible sur https://www.objectif-peche.fr

Grâce à cette formation, vous allez apprendre à employer efficacement les différents leurres durs et réussir à les utiliser correctement pour optimiser vos sorties. Antonin vous expliquera l’importance des animations adaptées aux différents leurres, surtout lorsque vous pêchez à l’aide de gros poppers ou de stickbaits à la recherche des barracudas ou autres sérioles. Vous allez pouvoir entre autres apprendre à positionner correctement vos mains et votre corps pour animer vos leurres de la manière la plus efficace possible et sans vous fatiguer.

Vous n’aurez plus aucun mal à pêcher des journées entières sans vous fatiguer et ainsi mettre toutes les chances de votre côté !

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