Longtemps nous avons rêvé de tourner une vidéo pour le magazine Côt&Pêche et un jour de septembre notre tour est enfin arrive… Nous sommes 4 ce jour-là ; l’équipe se compose de Tangui, Baptiste et Robin, les 3 membres de la TBR Fishing ainsi que de Christian Cano, le caméraman, rédacteur en chef et co-fondateur du magazine Côt&Pêche. Le thème du jour était très clair : capturer des bars exclusivement aux leurres de surface et le tout dans la bonne humeur ! C’était la seule consigne donnée par Christian.
Le golfe du Morbihan, en Bretagne Sud, est certainement l’un des plus beaux spots de la région. Mais lorsqu’il s’agit de pêche aux leurres de surface, il peut être intéressant d’aller voir un peu plus loin. C’est ce que notre team avait finalement choisi en ce week-end d’automne, avec un départ au petit matin pour l’île de Houat. Cet îlot, proche de Belle-Île-en-Mer et Hœdic, est un véritable petit paradis pour les poissons, qui n’hésitent pas à traverser la couche d’eau en quête de sensations fortes.
Après chaque été, marqué par l’affluence des touristes et un trafic important sur l’eau, le mois de septembre sonne comme le retour au calme dans le golfe du Morbihan. Cette “rentrée” signifie aussi un changement de comportement chez les poissons, qui redeviennent de moins en moins farouches au fil du temps. Et c’est à cette période que l’on peut avoir la chance de réaliser des pêches exceptionnelles, notamment en utilisant un outil magique : le leurre de surface..
LA TRAVERSÉE
Nous sommes donc fin septembre, il n’y a pas un chat sur la cale de Larmor Baden. C’est notre point de rendez-vous pour les pêches hors du Golfe. En effet, nous allons prospecter sur le secteur de Houat. Cette île, à quelques kilomètres de la pointe de Quiberon, est une zone propice pour la pêche du bar, avec ses multiples dérives rocheuses. De plus, elle a sans cesse donné d’excellents résultats en cette période aux leurres de surface, notamment sur un plateau rocheux de 6 à 7 mètres de fond. Nous embarquons donc pour 30 minutes de traversée, avec des conditions qui semblent plus favorables que prévu. Jusqu’à la veille, les prévisions de vent fort (environ 25 nœuds) et la potentielle houle rendaient la sortie ardue, et laissaient prévoir un voyage très désagréable. Il n’en est rien. Le vent est moins fort qu’annoncé, malgré un bon 15 nœuds établi, et nous l’avons dans le dos au départ. Les jolis rayons de soleil nous remontent le moral et nous laissent espérer que la journée sera propice à la réalisation d’une belle vidéo.
Sans encombre, nous arrivons sur le spot au lever du soleil, en partie masqué par une forte nébulosité, qui pourrait se révéler être un atout pour cette journée….
Pourquoi avoir choisi Houat ?
L’île de Houat est située aux abords de Belle-Île et de l’île d’Hœdic. Ces îles se trouvent à une dizaine de kilomètres du golfe du Morbihan. Bordées de roches et de forts courants, elles constituent un véritable terrain de jeu pour la pêche du bar…
Nous pêchons essentiellement sur Houat, plus particulièrement dans le secteur des Béniguets (à l’Ouest de l’île). C’est un endroit stratégique car il est abrité de la houle et les nombreuses roches qui s’y trouvent accentuent le courant. Les eaux sont très souvent agitées et le bar très vif. Nous tombons très souvent sur des bars calibrés entre 50 et 65 cm très énergiques et en nombre important. C’est un endroit où nous ne faisons pas spécialement de gros spécimens, mais plutôt du poisson en quantité.
Nous avons été séduits par ce spot fabuleux il y a quelques années. Entre banc de sables, laminaires et têtes de roche, les fonds varient entre 2 et 20 mètres. Le lever et le coucher du soleil restent les 2 créneaux les plus magiques. Notamment pour la beauté des lieux lorsque le soleil vient éclairer la roche avec ses rayons orangés, c’est un vrai spectacle. Et d’autre part grâce à l’activité des poissons qui est remarquable. Plusieurs fois nous avons fait des festivals en l’espace d’une heure en arrivant tôt le matin ou en partant tard le soir.
Pour pêcher le bar aux leurres de surface, nous ciblons les fonds inférieurs à 10 mètres. Nous visons les roches qui apparaissent à fleur d’eau et, très souvent, le bar est à l’abri du courant derrière son caillou à attendre que la nourriture passe devant lui. Grâce à l’expérience et à notre faible tirant d’eau, nous arrivons désormais à aller dans des endroits très peu profonds et bordés de roches. C’est dans ces endroits que le leurre de surface se révèle très efficace. L’utilisation d’un sondeur GPS est aussi indispensable, même en connaissant bien le spot !
LE MATÉRIEL
Nous avons choisi de partir sur ce qui fonctionne le mieux sur les îles, à savoir le fameux leurre Asturie de chez Xorus. Ce choix résulte du fait qu’il est très simple à animer, notamment pour la technique en “walking the dog”, et qu’il permet d’atteindre des distances de lancer impressionnantes. Ce dernier aspect est d’autant plus vrai aujourd’hui, puisque nous allons pratiquer avec le vent dans le dos durant la majeure partie de la session. Côté coloris, nous avons décidé de partir chacun sur un leurre différent : un blanc opaque, un transparent couleur ghost et un transparent plus clair. Pour la taille, nous avons suivi la même logique, avec deux tailles : 11 et 13 cm. En fonction des résultats des premières dérives, on pourra ensuite ajuster le tir. Voilà un des avantages de pêcher à 3 sur le bateau : le travail d’équipe !
L’EXPLOSION PEUT COMMENCER
Une fois les cannes montées et les leurres en place, il est temps de positionner le bateau. Baptiste est le capitaine de “Golvanig”, et aussi le “B” de TBR, et il connaît parfaitement la zone. On va chercher des dérives qui passent non loin des nombreuses têtes de roches, qui commencent à pointer le bout de leur nez avec la marée descendante. Sur la carte GPS, nous remarquons que la zone en est remplie, ce qui est donc excellent pour notre pêche du jour, mais cela nous obligera à redoubler de vigilance. Pour tester l’endroit et sentir l’activité, les premières passes en dérive naturelle se feront de manière lointaine. En effet, le vent nous permet d’atteindre des distances de lancer impressionnantes, à plus d’une centaine de mètres. Côté mer, l’eau est plutôt calme car la houle est bloquée par l’île. Nous démarrons la dérive de manière assez rapide, car le coefficient de 80 associé au vent nous permettent d’atteindre une bonne vitesse. Nos 3 leurres touchent la surface de l’eau au même moment. Une légère tension plane car la pression de réussir à faire du poisson, sous l’œil de la caméra, est bien présente. Mais au bout de quelques secondes, les premières gerbes d’eau au niveau du leurre de Tangui, le “T”, sont venues rassurer l’équipe. Alors que le carbone commençait tout juste à plier, c’est au tour de Baptiste de voir son leurre aspiré par un poisson de belle taille. Pendant qu’ils ramenaient les deux premières prises avec enthousiasme, c’est en fin de dérive que le troisième de l’équipe, Robin le “R”, vient inscrire le premier triplé de la journée. Les cris de joie se font entendre sur le bateau et la tension retombe. La journée s’annonce magique.
ANIMATION PUISSANTE ET RAPIDE
Tout au long de la matinée, les poissons étaient déchaînés et ils n’ont pas hésité à venir percer la surface pour gober les leurres. Dans ces moments rares, nul besoin d’être un expert du “walking the dog”. L’important est de générer un maximum d’éclaboussures, ce qui va rendre l’animation extrêmement pêchante, même sans pauses. Cependant, la mer continue de descendre et les poissons se font de plus en plus rares au fil des dérives. Calibrés entre 45 et 60 cm depuis notre arrivée, les bars semblent plus timides et nous décidons d’augmenter la taille de nos leurres en passant sur un 13 cm pour essayer de toucher de plus gros spécimens. La technique a aussi changé. La discrétion des poissons nous oblige à animer nos leurres de manière plus rapide et en marquant des pauses importantes. Les bars sont de véritables chasseurs, mais parfois un peu “fainéants”, et la pause permet souvent de déclencher l’attaque. Cette technique a fini par payer, en fin de matinée, avec un poisson avoisinant les 70 cm. L’attaque s’est produite à la fin de la pause, juste avant le redémarrage du leurre, comme finalement très régulièrement. Autre conseil : veillez à manipuler avec précaution le poisson lorsqu’il arrive au bateau, pour qu’il puisse repartir dans de bonnes conditions.
Les leurres de surface : coloris et animations
Située entre la pointe de la presqu’île de Quiberon et l’île de Hœdic, Houat est le terrain de jeu idéal pour pêcher le bar aux leurres de surface. L’Asturie est le leurre choisi par le trio pour cette session. Il s’agit de l’un des leurres qu’ils utilisent le plus pour la pêche du bar. Il fait partie des incontournables de leur boîte de leurres car il est polyvalent, facile à animer et permet d’atteindre de superbes distances de lancer. Au quotidien, ils utilisent aussi d’autres modèles de la même famille, comme les magnifiques leurres artisanaux d’Igor Pagac ou encore le Patchinko, le Z-Claw, le Super Spook… et tant d’autres.
La principale particularité de l’Asturie, et ce qui le rend unique en son genre, est sa forme aérodynamique étudiée en soufflerie. En effet, ce n’est pas un hasard si ce leurre se lance aussi loin, et sa forme y est pour beaucoup. Il présente également une bonne densité, tout en pénétrant parfaitement la couche d’eau, ce qui est parfait pour son utilisation par temps calme, mais aussi par mer formée. De plus, la présence de 3 billes situées tout au long du leurre lui permet d’émettre de puissants sons en s’entrechoquant et, de ce fait, d’exciter les poissons pour les attirer jusqu’à la surface.
Côté coloris, le choix n’est pas à prendre à la légère et peut faire une réelle différence lors de certaines sessions. On met l’accent sur plusieurs facteurs : la luminosité, la couche d’eau et le spot. Tangui, Baptiste et Robin se mettent d’accord pour choisir chacun un coloris différent avant d’aborder la première dérive, l’objectif est de déterminer sur quel coloris le bar se montre actif. L’Asturie blanc opaque couleur nacre, le transparent couleur ghost iwashi et le ghost silver ont engendré les meilleurs résultats. On remarque ici que couleurs et opacité étaient très variées, l’activité étant importante sur cette journée. Cependant, la TBR tient à rappeler que ce n’est malheureusement pas toujours le cas et qu’il est important de varier les modèles utilisés si les résultats ne sont pas au rendez-vous après plusieurs dérives.
Pour la taille, le choix n’est pas non plus à laisser au hasard et offre souvent l’avantage de calibrer la taille du poisson. Ce jour-là, ils alternent entre différentes tailles : 11, 13 et 15 cm pour augmenter leur chance de capturer du bar. La houle présente ce jour-là, notamment l’après-midi, les a tout de même incités à utiliser exclusivement des leurres de taille plus importante, pour une meilleure visibilité et un maniement optimal.
La recette d’une bonne session au leurre de surface ne réside pas uniquement dans le choix du leurre, du coloris et de la taille. Il faut aussi savoir lancer et animer son leurre de manière à faire monter le bar et espérer le piquer. Une grande distance de lancer aura aussi pour intérêt de rester à une certaine distance de la zone de pêche et éviter ainsi d’effrayer le poisson au maximum. Durant la matinée, la tactique a été d’opter pour des lancés puissants, avec le vent dans le dos, et une animation la plus bruyante possible. Lorsque les poissons étaient plus discrets, les temps de pauses longs ont été l’élément déclencheur des dernières attaques.
TEMPS MORT
L’étale basse est maintenant bien en place. C’est en général un moment de coupure pour la pêche du bar avant que le courant ne se remette en place dans l’autre sens. C’est à ce moment que l’équipe décide de faire une pause déjeuner, avec de bons produits locaux… Comme le cidre, le fromage aux algues, sans oublier un bon verre de vin rouge pour fêter cette superbe matinée. Le moment est aussi opportun pour faire un premier bilan de la matinée, analyser les techniques payantes et préparer la stratégie de l’après-midi.
MARÉE MONTANTE PLUS DIFFICILE
Nous repartons sur le spot du début en l’abordant d’une manière différente. La marée montante va nous obliger à lancer face au vent durant la première partie des dérives. Les distances de lancer sont donc réduites et le soleil très haut dans le ciel nous pousse aussi à passer sur des coloris exclusivement naturel, à cause de la forte luminosité. Malgré des conditions donc plus “difficiles”, la première dérive est la bonne. Le premier lancer de Baptiste fait mouche avec une technique marquée de longues pauses. L’attaque fut spectaculaire, le poisson a jailli de tout son long hors de l’eau pour venir attraper sa proie. Le combat qui s’en est suivi a offert à notre ami un véritable plaisir, avec un bar de bel taille très combatif. Le moment de calme derrière la roche a permis de mettre en avant l’importance de la zone de lancer : le poisson a été pris au pied de celle-ci, aux abords d’une petite veine de courant qui se dessinait en surface. Dans ce cas bien précis, l’idée était vraiment de venir chercher le poisson, et de faire passer le leurre non loin de son poste pour attirer son attention. Comme nous le redoutions, la suite de la session a été plus compliquée. L’équipe a réussi à décider des petits bars non maillés, mais les plus gros spécimens ne semblaient plus être au rendez-vous. Les changements de spots, ainsi que les renouvellements des leurres, n’ont pas inversé la tendance. L’expérience a montré que le secteur de Houat est excellent à marée descendante et à faible luminosité. A contrario, il nous est souvent arrivé de rencontrer des difficultés lorsque l’eau était très claire et lorsque le soleil est au plus haut. Il faut alors parfois opter pour du leurre souple et descendre dans la couche d’eau, mais ce n’était pas le sujet du jour. De plus, le vent commençait à se renforcer et, par sécurité, il devenait préférable de rentrer. Cette journée en compagnie de Christian restera gravée longtemps dans notre mémoire. Il nous a fait confiance et nous lui en sommes très reconnaissants. La “TBR” espère, pourquoi pas, recommencer cette aventure très prochainement au travers d’un nouveau sujet !
La TBR, trois amis vannetais, amoureux du Golfe du Morbihan
Tangui, Baptiste et Robin, trois amis nés à Vannes, forment la TBR sur Instagram. Un compte dédié à la pêche et au golfe du Morbihan. Aujourd’hui âgés de 26 ans, ces amis de longue date puisqu’ils se côtoient depuis la 6ème aiment se retrouver régulièrement autour de leur passion commune : la pêche du bar. Leur intérêt pour la discipline débute courant 2019. Après avoir pêché leurs premiers calamars de septembre à fin décembre à la pointe d’Arradon, ils décident alors d’investir dans du matériel pour découvrir de nouvelles espèces présentes dans leur secteur de pêche. Ils remettent sur pied une petite barque en alu avec un moteur de six chevaux pour découvrir le golfe du Morbihan et ses magnifiques spots. “Nous avons multiplié les sorties et les poissons, perfectionné nos techniques et nos approches”.
L’envie de sortir du golfe du Morbihan a été plus forte qu’eux. Baptiste investit alors dans un semi rigide pour se déplacer hors du golfe et découvrir la pêche du bar sur les abords des mythiques îles de Houat et Hœdic. Les sorties sont rythmées de début mars à fin décembre, entre poissons et surtout bons moments entre amis. “Nous adorons nous retrouver sur l’eau le week-end et partager notre passion commune. Mais attention, la compétition est présente à bord ! Il est évident que celui du trio qui ne sort pas une écaille de l’eau va se faire charrier durant tout le chemin du retour”.
La pêche du bar aux leurres de surface sur les roches, sur les parcs ou encore en pêche à gratter, c’est leur domaine. Ils apprécient également au moment de l’étale, entre deux eaux, taquiner les sparidés et notamment les fameuses magnifiques daurades royales aux sourcils d’or.
Défenseurs d’une pêche éco-responsable, les trois amis ont créé TBR Fishing sur Instagram. Ils sont accompagnés par quelques sponsors et leur principal objectif est de promouvoir leur région natale, avec une pêche responsable, tout en restant à l’écoute de leurs abonnées. Leur communauté compte aujourd’hui presque 6 000 membres.
Instagram : www.instagram.com/tbr.fishing/?hl=en
Chaîne YouTube : www.youtube.com/channel/UCCUEgsKDYnBpu9Fv7uzhyew