C’est un essai bateau particulier que nous vous proposons cette fois encore car nous avons eu l’occasion de tester lors du dernier Grand Pavois, le salon nautique à flot de la Rochelle, le Wellcraft 222 de la société Amiaud aux couleurs de Seanox. Découvrez notre article sur cette unité de la marque américaine, conçue aussi bien pour la pêche en eau douce qu’en mer, bateau de croisière rapide et sportif optimisé pour la pratique de notre passion !
La distribution des bateaux Wellcraft est à présent assurée par Bénéteau depuis le rachat du chantier de Cadillac en 2014 par le groupe vendéen. Les histoires des deux chantiers sont assez ressemblantes puisque tous deux ont commencé par fabriquer des bateaux moteur en bois destinés à la pêche ou à la course motonautique avant de passer à la construction de bateaux en fibre. La marque floridienne Wellcraft possède une solide réputation en ce qui concerne les bateaux open dits à consoles centrales, qui représentent l’essentiel de la gamme proposée, même si, depuis cette année, sous l’impulsion de Bénéteau, un nouveau modèle de type “commuter boat” a vu le jour. Depuis 1955, les Wellcraft évoluent sur les plans d’eau aussi bien en mer qu’en eau douce, pilotés par des plaisanciers qui recherchent des bateaux rapides, sains et éventuellement équipés pour la pêche. À l’instar des plus belles voitures, on ne peut s’empêcher de se retourner pour apprécier la ligne et la beauté de ces bateaux qui savent combiner l’esthétique, le côté racé, l’impression de sécurité, la sobriété et l’intelligence des aménagements. Même si dans le passé existaient quatre gammes différentes – la gamme Fisherman pour la pêche, Scarab Offshore pour les unités plus sportives, Sportman pour les loisirs nautiques et Coastal pour les bateaux habitables avec cabine –, le chantier propose à présent deux gammes : le “commuter” avec le nouveau Wellcraft 355 et les bateaux dits consoles centrales dont fait partie le 222 Fisherman que nous avons testé.
UNE “FISHING MACHINE”
Ce Fisherman 222 amarré au ponton du port des Minimes impressionne par sa ligne et son niveau de finition. Équipé en version Scarab Offshore, il possède, en plus de l’équipement standard, un magnifique T-top aluminium laqué noir et toit polyester qui révèle tout de suite son côté “pêche”. Dotée d’une carène avec un V profond de 20° et d’une étrave “tulipée” en partie haute, cette coque de 6,70 m hors-tout laisse tout de suite présager un tempérament sportif et une tenue de mer à toute épreuve, avec un passage puissant dans la mer formée. Sur cette unité qui est transportable, car en deçà du gabarit routier maximum fixé à 2,55 m de large en France, nous remarquerons que le nable de remplissage de carburant est situé en-dessous de la lisse côté extérieur pour faciliter l’opération à la station-service à terre sans avoir à passer le tuyau sur le bateau : les Américains pensent à tout ! Motorisé en hors-bord avec un Yamaha 250 cv, qui est la puissance maximale conseillée par le constructeur – pas de bi-motorisation sur le 222 contrairement au 242 et au-dessus – et son réservoir de 390 litres, ce 222 correspond parfaitement au programme côtier grâce à son faible tirant d’eau (0,87 m moteur bas), mais aussi au programme hauturier avec cette autonomie. En observant le bateau de plus près, on remarque que la ligne très épurée est obtenue en l’absence de balcon avant au profit de main-courantes intégrées, de taquets d’amarrage rétractables et d’une imposante plate-forme avant qui accueillent baille à mouillage et davier d’étrave fixe. Cette plateforme peut aussi permettre de monter très facilement un guideau ou un moteur électrique avant très pratique pour la pêche. Le bateau est pourvu de deux plateformes arrière, une de chaque côté du moteur avec à bâbord une échelle de bain, dont une partie est mobile permettant de faciliter l’accès à l’eau ; à noter qu’il y a bien entendu deux cadènes pour le ski nautique ou le wakeboard.
UN COCKPIT OPTIMISÉ
La sensation de sécurité et de confort est notable lorsque vous montez à bord grâce à son cockpit profond, la présence d’une échelle de secours rétractable, de très beaux tapis amovibles posés sur un pont doté d’un antidérapant en pointe de diamant… La banquette arrière escamotable deux places ne couvre pas toute la largeur du bateau permettant aux pêcheurs de profiter de toute la longueur du bateau. Cette dernière est relevable et donne accès à la profonde zone technique arrière. Pas de contre-moule dans ce bateau donc les accès sont aisés à la pompe de cale, pompe eau de mer, pompe de vivier, “vache” à eau douce pour la douchette, filtres… C’est ainsi un jeu d’enfant de venir poser une sonde traversante ou à coller. Les pavois sont équipés dans leurs parties hautes d’un coussin rectangulaire très agréable pour venir s’appuyer les cuisses en pêche ou bien se protéger d’un mauvais coup lorsque la mer est moins clémente et que l’on “danse” dans le bateau ! La large console centrale libère de beaux passavants pour circuler librement de l’arrière à l’avant en s’aidant si nécessaire du t-top pour se maintenir. À l’avant du bateau, des coffres forment un U avec des assises confortables sans trop rogner sur la surface de circulation. Les coffres sont au nombre de deux, contre-moulés donc faciles à nettoyer. Ils sont dotés d’évacuations d’eau permettant éventuellement de les utiliser comme viviers pour de plus gros poissons que ceux qui peuvent être stockés dans le vivier arrière dont nous reparlerons plus tard. Un autre coffre contre-moulé se situe au centre du U dans le plancher, cette vaste zone pouvant recevoir le BIB (radeau de survie) ou un grand bakkan de leurres !
UN POSTE DE PILOTAGE DIGNE D’UNE VOITURE DE LUXE OU D’UN AVION !
On peut dire que l’ergonomie n’a pas été oubliée par les designers… La console est large et accueille de nombreux équipements et permet d’intégrer aisément l’électronique. Deux écrans de 12 pouces passent aisément laissant la place pour la VHF et la sonorisation Fusion du pack Premium Sound. Sur le bateau Seanox, un Garmin GPSMAP 8412XSV est encastré, couplé avec un GPSMAP 923 sur un support Seanox/Ram Mount fixé à un tube du t-top. Cette configuration d’écrans est complétée par trois sondes – on ne se refuse rien ! –, une GT51M tableau arrière montée sur glissière pour optimiser les fonctions de vision latérale Sidevü Clearvü et 2D, une sonde B60 Airmar/Garmin en 50/200 kHz 600 watts pour compléter la plage Chirp médium de la précédente et, bien entendu, une sonde Live de type Panoptix Livescope montée sur une perche inox orientable à 360° boulonnée au tableau arrière. Cette console polyester possède un haut pare-brise et présente un marchepied polyester à deux inclinaisons, avec un revêtement en EVA, qui aide à se caler confortablement en affinant sa position grâce également à l’inclinaison réglable du volant doté d’un pommeau boule pour aider à la manœuvre. Les interrupteurs sont présents en grand nombre et parfaitement intégrés dans ce tableau de bord noir réhaussé d’une zone plate avec un petit coussin, dont la sellerie évite aux accessoires (téléphone, pinces, leurres…) de glisser en navigation. Ces interrupteurs actionnent toutes les fonctions à bord dont l’éclairage qui est très complet. Outre les feux de navigation et mouillage, le bateau est équipé de feux de courtoisie, des éclairages bleus dans les pavois orientés vers le bas pour la partie cockpit, de LED trois couleurs (bleues, blanches et rouge) pour s’adapter aux conditions ; le rouge par exemple autorise la pêche de nuit avec une très grande discrétion car c’est la couleur qui disparaît en premier lorsque la lumière pénètre l’eau.
La boîte polyester qui se trouve sous la casquette du t-top possède une trappe à l’avant et une accessible depuis le poste de pilotage. Elle permet de stocker du petit matériel et est équipée de prises électriques 12 volts pour charger les appareils électriques. La console possède aussi deux prises de type USB, côté co-pilote, et un pad antidérapant pour poser des équipements bien à l’abri au niveau des deux porte-verres en rond d’inox. Tout est très bien étudié pour le confort des pêcheurs et du pilote avec ces aménagements de série qui font du 222 un bateau de pêche performant et optimisé. Il est clair que cette unité a été conçue et développée par des pêcheurs qui pratiquent de manière assidue…
L’ÉQUIPEMENT POUR LA PÊCHE
Le Wellcraft 222 Fisherman porte bien son nom. Tout a été étudié en ce qui concerne le stockage des cannes et la pêche, ce qui n’est pas toujours le cas sur certains bateaux qui sont annoncés comme des unités “fishing”… Même si la pratique de la pêche aux US peut être très différente de la nôtre par certains aspects, il faut reconnaître que ce Fisherman possède un accastillage pêche très complet et parfaitement adapté à l’approche française atlantique ou méditerranéenne. On ne compte pas moins de 20 porte-cannes de série dont quatre sur le t-top, quatre à l’arrière dans le dossier de la banquette, six dans les passavants/pavois pour stocker les cannes inutilisées et trois de chaque côté de la console qui ne gênent pas la circulation avec l’astucieux passages des scions de cannes à travers la structure polyester du t-top. Le 222 Seanox a reçu onze porte-cannes supplémentaires sur le leaning post et le dossier de ce dernier, ainsi que deux porte-cannes orientables à crans pour la traîne et deux encastrés 0° ou droits permettant indifféremment de recevoir une crosse pour compléter les modèles de traîne, pêcher au broumé avec des cannes à talons coudés, ou mettre une perche 360° amovible sur crosse pour la sonde Panoptix Livescope.
Pour pratiquer la traîne aux vifs (calamars, sévereaux, maquereaux…) en conservant ces derniers en vie le plus longtemps possible, le Wellcraft 222 possède à l’arrière bâbord un vivier muni d’une pompe qui permet à la fois de remplir, vider ou faire tourner en circuit fermé l’eau dans ce dernier. Ce système de pompe couplée au commutateur est très ingénieux. Avec les trois positions, ce boîtier de contrôle évite d’avoir deux pompes et limite ainsi le bruit en mode “recycle”.
Le vivier est équipé d’une LED immergeable et d’une trappe translucide pour toujours garder un œil sur l’état de santé des vifs car, nous le savons tous, le résultat de la pêche dépend énormément de la qualité de fraîcheur de ces vifs qui peuvent être parfois si difficiles à prendre et garder vivants lorsque l’on souhaite pêcher le denti, la sériole ou le thon au broumé, au fireball ou en traîne lente.
Dans le cadre d’une compétition, ou pour se donner la possibilité de sélectionner les spécimens d’espèces soumises à quota comme le bar, le vivier à vifs peut se révéler trop petit. Il est alors possible de transformer aisément un des coffres avant du cockpit en vivier plus grand que celui de l’arrière. Il suffit alors de boucher l’orifice d’évacuation d’eau au fond du coffre et de remplir rapidement ce dernier avec la pompe à eau de mer dont le robinet est accessible au niveau du râtelier à cannes du passavant tribord et le tour est joué !
VÉLOCITÉ ET AGRÉMENT DE PILOTAGE
Abordons maintenant la partie navigation qui est un autre point fort du Wellcraft 222. Ce qui ressort dès le début, c’est la maniabilité de ce bateau grâce à sa carène en V profond qui assure une très bonne accroche à basse vitesse permettant d’évoluer facilement dans les ports ou de placer avec précision le bateau sur une dérive. Cette manœuvrabilité est optimisée par la direction électrique du Yamaha et l’association volant réglable/pommeau.
Le temps de déjaugeage est très court grâce au rapport poids/puissance optimal qui permet d’atteindre une vitesse de croisière de 22-23 nœuds en seulement une dizaine de secondes. La consommation est alors de l’ordre de 30 litres par heure pour un régime moteur de 3 500 tours. À cette vitesse, le bateau est très confortable et ne nécessite pas d’avoir une grande technique de pilotage pour passer dans tous les types de plans d’eau. À noter cependant qu’en l’absence de flaps réglables, le positionnement des passagers (et donc l’équilibrage latéral) est très important pour ne pas “taper” du côté où le bateau gîte, mais cela est normal sur un bateau qui possède ce type de carène à V profond. Lors de notre essai, le plan d’eau est relativement plat sauf lors des passages répétés des bateaux effectuant des essais en mer, ce qui a permis de mettre en avant l’excellent passage dans le clapot désordonné formé ainsi. Un test a été effectué le lendemain en compagnie d’un prospect et d’un concessionnaire Wellcraft lors de la pire journée du salon en termes de conditions météorologiques, avec un vent de près de 25 nœuds et une combinaison de houle longue et de clapot, un temps à ne pas mettre le nez dehors sans salopette, veste de quart et bottes ! Les personnes à bord ont été bluffées par la vitesse de croisière élevée dans ces conditions, l’aspect “sec” à l’arrivée grâce à la déflection de l’eau par le haut de l’étrave et le plaisir pris à naviguer. Ces conditions, rappelons-le, nécessitent de respecter les règles de sécurité en portant gilet et coupe-circuit, mais aussi d’avoir un certain niveau de pilotage pour régler de manière optimale le trim et savoir mettre les coups de gaz et de volant pour décoller/atterrir avec la bonne vitesse et assiette du bateau.
Toujours dans le chapitre de la conduite sportive, évoquons à présent les performances maximales de ce bateau. Même si nous pilotons de plus en plus rarement avec la poignée de gaz poussée au maximum, il est parfois agréable de posséder de la réserve de puissance en cas de changement de temps, ou simplement pour rentrer plus rapidement au port après une session de pêche que nous prolongeons parfois au-delà du raisonnable… L’ensemble Wellcraft 222 avec son moteur de 250 cv est capable d’approcher la barre des 40 nœuds dans la configuration pleine charge avec les 390 litres d’essence, l’antifouling et le t-top, le tout pour une consommation instantanée de 75 litres par heure. À cette vitesse, le bateau reste impressionnant de stabilité, il navigue comme sur un rail et si un obstacle se présente le changement de cap se fait sans mouvement parasite dangereux. À noter qu’à 40 nœuds, la large console avec son haut pare-brise mettent parfaitement à l’abri le pilote et co-pilote sans protection supplémentaire, tout en sachant qu’il est possible d’ajouter un kit toile de t-top pour les journées plus fraîches. Le marché des coques open, ou à consoles centrales, est très “bataillé” dans les tailles 6,50/7,50 m car il s’agit de bateaux qui restent transportables, mais, surtout, qui sont très polyvalents, aussi à l’aise en “rase cailloux” côtier qu’en navigation hauturière. Parmi l’offre abondante, le 222 Fisherman n’est peut-être pas le plus rapide, mais il est indéniablement un bateau combinant d’excellentes qualités marines, des équipements et de l’accastillage haut de gamme et une magnifique ergonomie. Un excellent bateau de pêche sportive qui ravira les plus exigeants !
