Île de Sein : paradis de la pêche « multi-espèces » !

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L’île de Sein, située à l’ouest de la Bretagne est, après celle d’Ouessant, l’île la plus au large des côtes françaises ! Située à moins de 4 miles de la pointe du Raz, l’île est très connue des touristes qui apprécient la découverte de ce lieu emblématique, accessible uniquement par la mer et sur lequel seuls les piétons sont autorisés. À l’ouest de l’île se dresse le phare d’Ar-Men, célèbre pour ses impressionnantes photos les jours de tempête lorsque l’eau vient s’abattre sur lui, dépassant parfois ses 33 mètres de haut !

Entre l’île et le phare s’étend, sur un peu plus de 4 miles, la chaussée de Sein. Ce prolongement d’écueils battu par les forts courants de l’Atlantique est un endroit connu et craint par de nombreux navigateurs ! En effet, tous les ans, plusieurs accidents sont à déplorer, et ce, depuis que l’Homme y navigue ! Près de 200 épaves habitent les fonds marins aux alentours de Sein ! Ce sont les très forts courants et l’important relief de la zone immergée qui en font un endroit aussi dangereux, mais ce sont également ces atouts qui en font un lieu de pêche particulièrement exceptionnel ! La diversité de types de spot et de profondeurs présentes sur la zone permet d’abriter une grande quantité d’espèces différentes, avec de la quantité et de gros spécimens pour chacune d’entre elles !

Le départ depuis la côte se fait par le port d’Audierne ; il faut compter environ 30 minutes pour rejoindre l’île de Sein et 30 minutes supplémentaires pour arriver au niveau d’Ar-Men et de ces spots de pêche.

Pêche en mer sur l'ile de Sein

La particularité des conditions de pêche

Une sortie au large de l’île de Sein se prépare minutieusement, et pas seulement pour ce qui est de la pêche. En effet, les courants subis par la zone sont particulièrement forts et dangereux, en particulier lorsqu’ils sont couplés à une mauvaise météo. Il est donc impératif de bien vérifier la météo pendant plusieurs jours avant la sortie, et ce, jusqu’au dernier moment. La présence d’un trop fort vent est d’une part dangereuse pour la navigation et, d’autre part, gênante pour pêcher efficacement, en particulier pour les pêches profondes. L’analyse de la houle est également importante : évitez les périodes de houle courte qui peuvent créer des vagues scélérates, imprévisibles et meurtrières.

Il en va de même pour les coefficients de marée, l’idéal pour pêcher les abords de la célèbre chaussée sans prendre de risque est d’avoir un coefficient compris entre 50 et 75. Bien évidemment, il n’est pas toujours facile pour les pêcheurs de cocher toutes les cases sur la liste des conditions optimales, et quand vient parfois le seul jour du mois pendant lequel la météo est potable, et le pêcheur disponible, il est tout de même possible de pêcher la zone de Sein, quel que soit le coefficient ! Il suffit pour cela de chercher des remontées rocheuses isolées, loin de la chaussée, ou de pêcher entre la sortie d’Audierne et le Raz de Sein, qui abrite également bon nombre de spots intéressants.

Pêche en mer sur l'ile de Sein

Le matériel

La diversité des spots et des espèces à rechercher oblige les pêcheurs à remplir tous les porte-cannes du bateau avant de faire route. En effet, dans cette immense zone, il est possible de pêcher aussi bien dans 10-15 m d’eau sur la chaussée que dans plus de 100 m de profondeur sur les extérieurs de celle-ci ! Les pêcheurs aux leurres devront donc se munir de plusieurs types de leurres différents, leurres souples, jigs et leurres durs, le tout dans des grammages allant de 10 à plus de 150 gr pour les pêches profondes. Il en est de même pour les pêcheurs à l’appât qui, selon les profondeurs prospectées, seront obligés de se munir de tenyas assez lourds et n’ayant pas une grosse prise au courant. Les cannes et moulinets adaptés à chaque technique devront être de la partie, ce matériel sera détaillé point par point par la suite.

Il est également possible, si les périodes d’ouverture sont respectées et que vous en avez l’autorisation, d’embarquer un ou deux ensembles pour la pêche du thon sur chasse ! Il est très fréquent depuis quelques années de tomber sur des chasses de gros thons rouge, aussi bien à la sortie d’Audierne qu’au large de Sein.

Pêche en mer sur l'ile de Sein

La chaussée, repère à sparidés

La chaussée se présente comme une barre rocheuse affleurante avec plus de 80 m de fond tout autour. Entre l’île de Sein et le phare d’Ar Men, le courant y est très puissant puisqu’il vient buter dessus. La zone de la chaussée étant une zone de faible profondeur, elle est pratiquable uniquement lorsque les conditions sont très clémentes et par petit coefficient (inférieur à 50). On y retrouve beaucoup de bars lorsque c’est la saison, mais qui dit petit coefficient, dit peu de courant, condition durant laquelle le bar n’est pas très mordeur… Cependant, la zone accueille de nombreuses espèces de sparidés et en assez grande quantité. Toutes les espèces y sont présentes, les daurades roses et grises, les sars, mais également les pagres ! Bien que de tailles modestes, ces poissons offrent de véritables combats dont les coups de têtes atypiques régalent les pêcheurs amateurs de sensations sur des cannes lights. L’utilisation d’une canne light donnée pour une puissance de 5-25 gr, afin de pêcher efficacement avec des petits leurres souples de 6 à 10 cm – voire des tenyas assez légers (jusqu’à 30 gr) – permet alors d’avoir de bonnes sensations et d’enchaîner facilement les prises pour le plus grand plaisir des débutants comme des pêcheurs confirmés.

Pour ce qui est des leurres, l’idéal est d’utiliser des leurres souples qui se mettent en action à la moindre sollicitation afin de pouvoir pêcher lentement au-dessus du fond, et ce, malgré le peu de courant. Les sparidés ayant de petites bouches, la taille des leurres ne devra pas dépasser les 10 cm et ils devront être montés sur des têtes assez lourdes de manière à bien tenir le fond, soit en vertical à l’aplomb du bateau, soit en linéaire lent dans la couche d’eau inférieure.

Il est également possible de toucher quelques petits lieus jaunes ou lieu noirs qui chassent également dans la zone. Cependant, les gros spécimens se font plus rares dans ces faibles profondeurs.

Une autre espèce emblématique vient se nourrir sur les têtes de roche de la chaussée, au lever et au coucher du soleil plus particulièrement : la julienne ! Ce poisson préhistorique, pouvant dépasser le mètre, est aussi impressionnant que combatif, et bien qu’il soit difficile de le cibler spécifiquement, il arrive régulièrement de tomber dessus en grattant le fond particulièrement lors des coups du soir tardif pendant lesquels la luminosité baisse considérablement.

Pêche en mer sur l'ile de Sein

Les pêches du lieu jaune dans les grands fonds

LE poisson le plus présent autour de Sein est sans nul doute le lieu jaune ! Ce poisson, qui apprécie particulièrement les eaux froides, vit en banc dans les zones profondes autour de la chaussée. On le retrouve en assez grande quantité de 30 à plus de 80 m de fond, et même les jours de faible activité, il est très rare de ne pas arriver à capturer quelques lieus jaunes lors d’une partie de pêche à Sein.

Pour trouver les meilleurs spots susceptibles de l’accueillir, il faut bien observer les cartes marines et, grâce aux lignes de bathymétrie, trouver de grandes variations de profondeur. Ces tombants, pouvant descendre de plusieurs dizaines de mètres, tiennent généralement une grosse quantité de poissons fourrage, qui sont poussés contre par le courant. Et comme c’est souvent le cas, les prédateurs s’y tiennent également…

Une fois ces spots localisés, la pêche du lieu jaune se fait principalement en ascenseur. Cette technique assez simple consiste à laisser descendre son leurre le plus à l’aplomb du bateau possible, jusqu’au fond, et à remonter ensuite sur plusieurs mètres de manière linéaire. Le lieu jaune a alors tendance à suivre le leurre jusqu’à une certaine profondeur à laquelle il ne gère plus la décompression. C’est à ce moment-là qu’il se saisit du leurre et qu’il redescend aussitôt dans les profondeurs. Cette action offre alors au pêcheur des touches mémorables avant d’enchaîner sur un combat qui perd en intensité au fur et à mesure de la remontée. Cette technique se pratique plus particulièrement aux leurres souples, avec des slug comme le Fire Eel 18 cm montés en 80/100e ou 120 gr qui ont tendance à descendre vite dans la couche, ou avec des shads de grande taille comme le shad GT 22 cm pour brasser beaucoup d’eau et essayer de séduire les plus gros spécimens. L’utilisation de têtes plom­bées très lourdes (supérieurs à 150 gr) devient obligatoire pour réussir à pêcher correctement et bien à la verticale avec de gros shads, leur paddle imposant bridant la vitesse de descente. Pour pêcher efficacement ce poisson avec des grammages aussi lourds, une canne assez puissante doit être utilisée, avec une puissance pour la pêche en verticale de 50-150 gr pour la pêche au slug et/ou une de 100-250 gr pour la pêche avec des gros shads. L’utilisation d’un combo slow-jigging en casting est parfaitement adapté à ce type d’animation, bien qu’une canne spinning puissante avec un moulinet taille 5 000 ou 6 000 soit plus polyvalente et permette de lancer si le besoin s’en fait ressentir.

Les profondeurs de Sein étant très propices à la pêche du lieu du jaune, il n’est pas rare de tomber sur des poissons de plus de 80 cm et surtout d’enchaîner les prises. Dans les grands fonds, la relâche de ce poisson est assez compliquée car il subit généralement des troubles de décompression lors de la remontée. Chaque pêcheur doit alors prendre ses dispositions et trouver le bon compromis entre le fait de profiter du moment et de l’activité, sans pour autant avoir un trop gros impact sur la population. L’avantage de Sein et de sa multitude d’espèces est qu’il est possible, lorsque la pêche de lieu jaune est faite, de passer à un autre type de spot et de technique, pour toucher d’autres poisons.

Pêche en mer sur l'ile de Sein

 Cibler les gros pagres

 Autre poisson de plus en plus présent à Sein et qui fait venir les pêcheurs de toute la Bretagne : le pagre ! Ce sparidé est très malin et tatillon, mais une fois qu’il est piqué, il livre un combat mémorable avec de longs rushs et des coups de têtes puissants caractéristiques des gros sparidés.

Sa pêche au leurre souple nécessite une bonne compréhension de son comportement. Le pagre est un opportuniste qui se nourrit aussi bien de mollusques, de coquillages que de crustacés, mais aussi de poissons lorsqu’il en a l’occasion. Cependant, ce n’est pas un grand chas­seur comme l’est son cousin le denti que l’on retrouve en Méditerranée, en témoigne sa mâchoire et sa dentition. En effet, le pagre possède des dents ressemblant à celles de la daurade royale, dont le but premier est de casser des coquillages pour se nourrir. Cependant, en tant qu’opportuniste par excellence, il aime se saisir des petits poissons lui passant sous le nez, en ayant la fâcheuse tendance à s’en saisir délicatement et en plusieurs fois.

Pour le traquer, il faut donc rester très subtile et tenter d’être plus malin que lui. L’idée est de pêcher à gratter derrière la dérive, lentement au-dessus du fond en rendant du fil régulièrement pour rester dans la couche d’eau inférieure. Il ne faut pas hésiter à faire ça sur de longues distances derrière le bateau : plus le leurre sera loin, plus sa nage sera parallèle au fond.

Il est très important de pêcher le pagre avec une canne très résonnante afin de sentir d’une part le fond, afin de savoir où se trouve le leurre, et, d’autre part, la moindre petite touche du prédateur. Une canne d’une longueur comprise entre 2 et 2,30 m pour une puissance d’environ 15-50 gr et qui peut prendre plus de 100 gr en verticale est idéale. Cette canne devra avoir une pointe assez douce afin que le pagre ne sente pas de résistance sur les premières touches, et une très grosse réserve de puissance pour encaisser les coups de têtes lors du combat. Un moulinet taille 5 000 garni de PE 1.2 à 2 formera alors un combo idéal avec un bas de ligne assez long en fluorocarbone de 25 lbs minimum pour conserver résistance à la traction et surtout à l’abrasion.

Une fois les premières touches ressenties, il ne faut surtout pas ferrer, au risque de sortir le leurre de la bouche du pagre et que celui-ci ne revienne plus. Il faut, à la manière dont les pêcheurs d’eau douce pêchent le black-bass, rendre la main ! C’est-à-dire baisser au maximum la canne pour éviter d’être trop en tension, et même ouvrir le pick-up de son moulinet pour rendre du fil. Cela permettra alors au pagre de bien se saisir du leurre et, au moment où l’on sent qu’il part véritablement avec (accélération de la tresse), le ferrage devra être puissant afin de faire rentrer l’hameçon dans la dure bouche du poisson. Ce qu’il est important de com­prendre, c’est que plus le leurre sera loin du bateau (parfois plus de 100 m derrière), moins les touches seront perceptibles et plus le ferrage devra être appuyé !

Pour ce qui est des leurres, de très bons résultats ont été obtenus avec le Swat shad en 13 ou 15 cm de chez Delalande, monté prêt-à-pêcher en 50 ou 60 gr. Ce leurre possède un hameçon texan qui permet de ne pas trop s’accrocher, ce qui est primordial pour les pêches au ras du fond. Le deuxième gros avantage de ce leurre réside dans son montage articulé et son hameçon qui ressort assez loin, au niveau de la queue du leurre, ce qui autorise de piquer les pagres même s’il ne se saisissent que d’une partie du leurre.

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La pêche d’épaves

Dans le circuit habituel des pêcheurs, il est assez fréquent de s’arrêter sur les épaves qui jonchent la zone pour y dénicher un ou deux poissons supplémentaires. Elles peuvent abriter tout un tas d’espèces vues précédemment, du lieu et du bar bien évidemment, mais également de la julienne et du Saint-pierre. La pêche sur épaves est assez technique et il ne faut malheureusement pas avoir peur de perdre du matériel pour essayer de toucher les plus gros poissons qui s’y trouvent. La pêche à gratter est la technique la plus efficace sur les épaves ; là encore, l’utilisation d’hameçons texans est fortement conseillée afin de limiter au maximum les accrochages, le but étant de passer juste au-dessus de la structure pour faire sortir les prédateurs qui s’y cachent ! Dès la touche, le ferrage devra alors être puissant et il faudra immédiatement extirper le poisson avant qu’il ne retourne dans sa cachette et que la ligne casse en frottant contre l’épave…  

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