Parcs… d’attractions !

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Les parcs ostréicoles et mytilicoles sont de véritables garde-manger, ce qui en fait des zones privilégiées pour aller taquiner le bar aux leurres. Même s’il s’agit de véritables “parcs d’attractions”, il est hors de question d’y faire n’importe quoi. Suivons donc notre guide du jour, Danny Frigot, qui nous explique tout cela en détail.

L’histoire a commencé un soir, lors d’une conversation téléphonique avec Danny où nous discutions, comme d’habitude, de pêche du bar aux leurres. Nous avons conversé sur la pêche en bateau, du bord, puis est venue une discussion très intéressante sur la pêche du bord dans les parcs ostréicoles et mytilicoles. Autant dire de suite que Danny m’a immédiatement mis l’eau à la bouche et je ne demandais qu’une seule chose, m’y rendre rapidement en sa compagnie. Ni une, ni deux, le rendez-vous était pris ! Quelques jours plus tard nous nous sommes rencontrés sur la plage de la Madeleine, à Saint-Marie-du-Mont, communément connue sous le nom d’Utah Beach, dans le magnifique département du Cotentin. Utah Beach est la plage située la plus à l’ouest des 5 plages du débarquement. Lorsqu’on arrive sur ce secteur, il est impossible de ne pas être insensible à tout ce qui a pu se passer lors de la seconde guerre mondiale, plus particulièrement lors du débarquement du 6 juin 1944 et de la bataille de Normandie. Je tiens tout particulièrement à débuter cet article en rendant un profond hommage à l’ensemble des soldats, souvent très jeunes, qui ont participé et péri pour libérer la France. Il faut savoir qu’en ces lieux, et uniquement à Utah Beach, c’est un peu plus de 23 000 soldats et plus de 1 600 véhicules qui ont débarqué sur cette plage en un seul jour, le 6 juin 1944.

POURQUOI LES PARCS SONT-ILS SI PRISÉS PAR LES PÊCHEURS ?

Une fois sur place, nous nous dirigeons en compagnie de Danny vers les parcs à huîtres et les pieux à moules. À partir de la plage, ces zones se distinguent facilement grâce aux pieux qui ressortent de l’eau à partir de la mi-marée. Il faut bien comprendre que sur les zones où il n’y a pas de cailloux, les parcs ostréicoles et mytilicoles sont des endroits de vie. De véritables oasis au milieu d’un océan. Un peu comme les épaves, ces zones fourmillent de vie car les structures attirent toujours les poissons. On y trouve des coquillages de toutes sortes, des crevettes, des crabes et des petits poissons. Bref, toute une chaîne alimentaire se développe. Devant un tel garde-manger, on se doute bien que les carnassiers comme les bars ne sont jamais bien loin car ils n’ont pas de gros efforts à fournir pour trouver leurs proies. À partir du moment où vous avez l’autorisation du propriétaire, vous pourrez alors vous y rendre une bonne partie de l’année, mais c’est surtout à partir de la fin du printemps (à partir de fin mai), lorsque les eaux se réchauffent que vous pourrez véritablement espérer faire vos premières pêches de la saison. En été et comme souvent, suivant les heures de marée, c’est surtout en début de journée et en fin d’après-midi –en veillant toujours à sa sécurité – que vous aurez le plus de chances de faire quelques jolis coups de ligne. C’est à la fin de saison à partir de la mi-septembre jusqu’au début de mois de novembre que vous pourrez prendre les plus gros bars. En effet, à cette période de l’année, les bars se rapprochent des côtes et se gavent de nourriture avant de regagner le large en hiver pour s’y reproduire. Danny m’explique d’ailleurs qu’il n’est pas rare d’attraper des bars de plus de 60 cm, voire parfois de plus de 70 cm. Autant dire qu’il vous faudra utiliser du matériel adéquat qui vous permet de brider fermement les poissons pour éviter qu’ils se réfugient sous les tables ou partent de travers dans les pieds à moules, des zones ultra abrasives pour les tresses ! Ensuite, pour ce qui concerne la marée, Danny affectionne tout particulièrement les deux dernières heures de la marée descendante et la première heure de la marée montante. La marée descendante permet au secteur de se découvrir tranquillement et de pouvoir approcher plus facilement les zones prometteuses. Le début de la marée montante est également un moment important car les courants entrants apportent souvent du poisson. Ce sont des moments très intéressants pour la pêche. Bien entendu, cela dépend du coefficient des marées. Il faut effectivement que celui-ci soit suffisamment important pour découvrir ces zones. Vous l’aurez bien compris, évitez alors les marées de faibles coefficients au même titre d’ailleurs que les grandes marées. Danny m’explique qu’il faut avoir 1 m à 1,20 m maxi pour pouvoir pêcher correctement. Le plus important également étant de toujours jouer la carte de la sécurité, en surveillant toujours la marée montante car aucun poisson ne mérite qu’un pêcheur mette sa vie en péril.  Sur certains secteurs et notamment en Normandie, soumis à de forts marnages, on a vite fait de se laisser surprendre par la marée montante. Soyez donc toujours extrêmement prudents et vigilants.

DES ZONES SOUMISES À AUTORISATION

Les parcs ostréicoles et mytilicoles sont des concessions privées qui sont soumises à autorisation pour pouvoir y pêcher. Avant de vous y rendre, assurez-vous d’avoir systématiquement les autorisations nécessaires auprès des propriétaires. Consultez également la législation locale car il faut savoir que certaines d’entre elles sont même complètement interdites comme c’est le cas, par exemple, pour les zones mytilicoles qui sont situées dans le Pertuis Breton. Une fois que vous avez les autorisations nécessaires pour pratiquer, là encore, respectez toujours bien ces zones de travail. Ne touchez pas aux tables à huîtres ni aux pieux à moules. C’est en ayant toujours un comportement irréprochable que vous pourrez toujours continuer à pratiquer sur ces parcs, à condition, bien entendu, de toujours avoir les autorisations nécessaires auprès des propriétaires en amont..

QUEL MATÉRIEL UTILISER ?

Pour pêcher dans les parcs à huîtres et autour des pieux à moules, il est important d’utiliser du matériel adéquat. Avant toute chose et de toute évidence, il est important de posséder une bonne paire de waders. Peu importe la matière, que ce soit en néoprène ou en PVC. Il faut juste savoir que les waders en néoprène sont plus épais et par conséquent plus chauds. Ils vous seront plus adaptés si vous comptez pêcher en fin de saison, lorsque les eaux sont plus froides. Idéalement, optez pour une paire de waders dotée également d’une petite poche ventrale. Danny utilise cette petite poche pour ranger une petite boîte à leurres dans laquelle il place ses 6 ou 7 leurres incontournables ainsi qu’une petite pince lui permettant de décrocher rapidement et délicatement les poissons. Cela lui permet ainsi d’avoir systématiquement ses leurres incontournables à portée de main, sans avoir à retirer et à ouvrir son sac à dos. En complément de vos waders, un sac à dos étanche et assez compact pour conserver une bonne liberté de mouvement en cours de pêche est également recommandé. Dans celui-ci, vous pourrez ranger une plus grande boîte à leurres ainsi que du petit matériel. J’attire également votre attention sur le fait de disposer d’une bonne paire de lunettes polarisantes, non seulement pour bien visualiser les tables à huîtres, mais également pour voir où vous marchez.

En ce qui concerne maintenant le choix de la canne, un modèle de 2,20 m ou 2,30 m fera parfaitement l’affaire. Danny apporte toujours avec lui deux cannes. La seconde est soigneusement pliée et fixée sur le côté de son sac à dos. En canne principale, Danny possède une Artist en 7/21 gr de la marque Illex. Cette canne très sensible bénéficie d’une bonne réserve de puissance, ce qui l’autorise à bien brider les poissons lors du combat pour éviter qu’ils se réfugient sous les tables à huîtres. La seconde est plus “light” et un peu plus longue. Elle est plus adaptée pour pêcher avec des petits leurres souples montés sur des têtes plombées de 5 gr. Au niveau du moulinet, pas de grande surprise puisqu’un modèle de taille 2 500 convient parfaitement pour compléter l’ensemble. L’intérêt d’un moulinet de cette taille, c’est sa puissance de frein par rapport à sa taille compacte. Il est important également d’utiliser un moulinet avec une bonne récupération, idéalement comprise entre 85 et 90 cm de récupération par tour de manivelle. En plus de mieux brider sa capture, une bonne vitesse de récupération permet au poisson de toujours garder la tête bien droite ; du coup, le poisson a tendance à nager vers vous sans que vous lui laissiez l’opportunité de se réfugier sous les parcs. Autre petit détail, le choix de l’agrafe. Lorsque les eaux sont très claires, Danny n’en n’utilise pas. En revanche, lorsqu’elles sont plus troubles, il opte pour une agrafe rapide de marque Mustad 77144 BN en taille n°1. Très discrète et pratique, c’est vraiment l’agrafe idéale qui est à la fois petite et résistante.

ATTENTION AUX BARS JUVÉNILES !

Les parcs ostréicoles et mytilicoles sont des zones de prédilection pour la pêche du bar. Il faut dire que ces garde-manger sont de véritables mannes de nourriture et c’est pour cette raison que les carnassiers marins ne sont jamais bien loin. Attention, nous tenons toutefois à vous alerter sur le fait qu’il y a souvent des petits bars juvéniles qui y rodent également. Décrochez-les toujours avec beaucoup de délicatesse afin qu’ils puissent regagner leur milieu naturel dans les meilleures conditions. Vos pêches futures en dépendent !

APPROCHE MÉTHODIQUE ET LEURRES ADAPTÉS

Que ce soit sur les parcs ostréicoles comme sur les zones mytilicoles, on ne pêche pas au hasard. C’est d’ailleurs là qu’entrent en jeu les lunettes polarisantes qui vous permettent de bien visualiser les différentes structures. Pour les parcs à huîtres, la technique consiste à lancer votre leurre entre les tables et le récupérer toujours bien droit. Il est important de faire sortir les prédateurs qui se trouvent sous ces tables. Si vous faites évoluer votre leurre à proximité immédiate des tables, il y a fort à parier que vous n’aurez pas suffisamment de temps pour brider votre poisson. Autre détail important : les distances de lancer. Lorsqu’on pêche généralement du bord, on cherche toujours à optimiser ses distances de lancer pour mettre toutes les chances de son côté. Sur les parcs, c’est complètement différent. En effet, il vous sera inutile de lancer à plus de 25 mètres car plus vous allez lancer loin et moins vous aurez de bras de levier avec votre canne pour bien maîtriser votre poisson. Donc, optez systématiquement pour des lancers toujours au milieu de deux rangées de tables à huîtres, ou dans les allées, entre deux rangées de pieux à moules à distance de lancer raisonnable. Avancez ensuite doucement dans les parcs pour prospecter un peu plus loin et ainsi de suite. En suivant la marée descendante, ce sera la manière de procéder la plus logique et sécurisante. Une fois que vous allez enregistrer une attaque, bridez fermement votre poisson et ne lui laissez jamais (dans la mesure du possible) prendre le moindre mètre, car votre adversaire va très vite chercher à se réfugier sous les tables. C’est là qu’un fluorocarbone de bonne taille et de qualité est très important. Le 30/100e est le plus couramment utilisé par les locaux. Il en est de même pour les pieux à moules où vous devrez toujours lancer et avancer progressivement entre deux allées. Ne laissez jamais un poisson vous prendre du fil et partir de travers car ces pieux sont très abrasifs et, généralement, le combat ne durera que quelques secondes.

Pour ce qui est du choix des leurres, je vous recommande bien évidemment avant toute chose d’utiliser des leurres de surface, même en fin de saison. Ils vous permettent toujours de bien suivre visuellement votre leurre et d’être toujours plus réactif lorsqu’un poisson s’en empare. Lorsque les leurres de surface ne fonctionnent pas, vous pouvez alors opter pour des modèles qui autorisent de pêcher juste sous la pellicule. Qu’il soit bruiteur ou silencieux, c’est un peu à vous de juger. Le plus important à mon sens c’est toujours d’avoir confiance dans ce que vous utilisez. Danny opte également pour des petits casting jigs et également des leurres souples montés sur des têtes plombées de 5 gr. À ce petit jeu, il est important d’être très précis lors de vos lancers et de toujours bien viser entre les rangées de tables à huîtres, sinon, vous risquez de perdre votre leurre en un claquement de doigt.

CHOIX DE LEURRES : LA SÉLECTION ILLEX DE DANNY

 1. Les leurres métalliques : Silver Shade 12 ou 17 gr ; Deracoup 10 gr ; Micro Slow Lazy Jig 14 gr.

2. Les leurres souples : Nitro Shad 65 sur tête plombée de 5 gr ; Magic Slim Shad 4’’sur tête plombée de 7 gr.

3. Les leurres de surface : Bonnie 85 ; Riser Bait 006 ; Stream Ripper 90 coulant ; Chatter Beast 90.

Vous savez désormais à peu près tout sur comment aborder les parcs. Soyez toujours très respectueux de l’environnement sur lequel vous pratiquez. Ces zones sont effectivement très intéressantes à partir de la fin du mois de mai jusqu’à la fin octobre, voire jusqu’à mi-novembre (selon la température de l’eau) où vous pourrez réaliser de jolis coups de ligne ! ◆

DANNY FRIGOT, LE LOCAL DE L’ÉTAPE

C’est toujours un grand plaisir de retrouver Danny Frigot sur ses terres, à savoir dans le Cotentin. Danny est un vrai passionné de pêche et de chasse, mais également un grand spécialiste de la pêche aux leurres, que ce soit d’ailleurs en mer comme en eau douce. Il a également décidé de faire de sa passion son métier. Il est détaillant d’articles de pêche/chasse et plongée au magasin Univers Nature, à Cherbourg. N’hésitez d’ailleurs pas à lui rendre visite au magasin, il se fera un véritable plaisir de vous conseiller au mieux.