Pêche du lieu jaune au large des côtes bretonnes

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En cette fin de saison et dans ce contexte si particulier, il est important de trouver des moments pour se ressourcer. La bonne recette ? Prendre le large avec une équipe de potes extra-motivée et axer ses pensées sur une seule chose : la pêche ! Certains ingrédients sont impératifs : une sécurité optimale, du matériel adapté et, le plus important, de la bonne humeur…

Pour cette sortie, les conditions s’annoncent idéales et la météo est royale. Nous nous retrouvons la veille et nous organisons deux équipes. La première aux couleurs de “MC Technologies” se compose de Foucauld Bertrand, le responsable du marketing et de la communication et d’Arnaud Lamballe, le commercial du secteur Atlantique Sud. Le second équipage “Pro Staff Lowrance” est composée de Goulven Dolle (alias docteur Carbone, patron de la maison “Rodhouse”), de Thanh Ho (dit maître Thanh, la référence dans le Rodbuilding que vous pouvez retrouver sur “Bamboo Rod”) et moi-même, simple pêcheur devant l’éternel. Une fois réunis et après avoir longtemps échangé autour d’une bonne table, l’objectif est fixé : partir pêcher le lieu au large de nos terres.

Une sécurité optimale

Dans un premier temps, il est incontournable de vérifier les prévisions météo. Je privilégie les fenêtres où le vent ne dépasse pas les 10 nœuds et lorsque la houle n’est pas trop formée. En Bretagne, il faut aussi prendre en compte les coefficients et les heures de marée qui vous permettent de com­pren­dre vos dérives selon les spots pêchés et de cibler les bons moments de pêche. Un vent contre-courant fera lever la mer, ce qui la rendra parfois impraticable, donc méfiance ! Cette première analyse faite, il faut ensuite vérifier que votre bateau et votre permis sont adaptés à la distance à parcourir. Pour une navigation à plus de 6 miles d’un abri, le permis hauturier est de rigueur ainsi que l’ar­mement du bateau. Une bonne VHF, un radeau de survie pour les bateaux non classés insubmersibles et l’arme­ment côtier habituel sont obligatoires, autant pour la sécurité qu’en cas de contrôle. Pour cette sortie, nous prenons deux bateaux équipés en plus, avec des combinés HDS 12 live et un radar Halo 24 de chez Lowrance, le top !

Une navigation à l’aveugle

Une fois les deux bateaux à l’eau, nous mettons le cap au large, sur une zone dont Thanh et Goulven ont pris le temps d’étudier la cartographie, prenant en compte les couches sédimentaires et en exploitant les excroissances bathymétriques ainsi que les autres reliefs inhabituels générant des variations de courant. La brume est à couper au couteau, la navigation est difficile, les VHF sont branchées pour garder un contact audio permanent, et le radar qui équipe l’un des bateaux assure, pour le coup, une grande sécurité. Il permet d’identifier les embarcations présentes à proximité. 

Nous arrivons sur un premier poste qualifié de “multi-espèces” par Thanh. Les conditions de visibilité sont quasiment nulles et nous croisons la route d’un professionnel. Nous préférons lui laisser le secteur et partons prospecter une zone plus calme. Nous discutons sur les relations parfois compliquées qu’il peut y avoir entre le monde de la plaisance et celui des professionnels. Nous sommes d’accord pour dire que chacun doit se respecter et être plus raisonnable. Ne laissons pas le manque de civisme prendre le dessus et privilégions les bons rapports, la mer est grande et ses zones de pêche aussi. Le soleil arrive enfin, la brume se dissipe comme par magie et les premiers échos apparaissent sur le HDS Live. Nous entamons les premières dérives, le poisson est bel et bien présent mais semble inactif. Nous persévérons et après quelques dérives, les premiers lieus percent la surface.

Côté matériel et technique de pêche

Pour ma part, j’opte pour une canne casting, la RDR 70 M de chez Rainshadow que Goulven m’a conseillé, et je dois dire que je ne suis pas déçu. Montée en spirale, cette canne peut supporter de grosses charges (120 grammes pour cette journée) et reste progressive pour une souplesse et un super confort de pêche. Je pique les premiers poissons avec des animations très lentes sur le fond. Je dois également avouer que j’ai appliqué de l’attractant sur mes leurres. Sur cette pêche, j’ai opté pour un goût calamar. Certains diront que c’est inutile, mais j’ai souvent remarqué que lorsque les poissons sont présents mais inactifs, certains facteurs peuvent réveiller leur activité alimentaire. Une odeur ou la présence de phéromones peuvent déclencher l’agressivité des carnassiers. Et si c’est vrai en mer, c’est également vrai en eau douce. Parfois, il faut plusieurs passages pour rendre les poissons actifs. S’agit-il de coïncidences ou d’une réelle réaction biologique ? Je pense que seul le résultat compte. Certains poissons ont attrapé le leurre à la descente, dans les trois derniers mètres, montrant une réelle agressivité. Pour le lieu, je privilégie des leurres (orange, jaune, bleu, vert et blanc), imitations lançons, slug ou shad, en essayant plusieurs tailles ou plusieurs grammages. Les gros leurres sélectionnent souvent les plus gros poissons.

Thanh opte, quant à lui, pour la canne “Taï” de chez Black Hole, qu’il a montée également en spirale, ce qui permet à la tresse de ne jamais être en contact avec le blank et évite les nœuds sur le scion lors des pêches en jigging. Il pêche principalement avec la technique de l’ascenseur qui consiste à faire taper le leurre au fond 3 ou 4 fois et de mouliner plus ou moins rapidement pour faire décoller et suivre les poissons du fond. Avec une canne aussi slow et souple, le ferrage doit être retardé pour que le poisson puisse être piqué. Les touches sont sensationnelles et les poissons repartent vers le fond très rapidement. Thanh parvient à faire le poisson record de la journée : un énorme lieu vient gratifier sa technique. Le combat est fabuleux, le blank est cintré et il travaille à merveille, l’action de la canne est terrible et le poisson énorme.

Goulven, lui, a choisi de pêcher avec le blank SJ 804 Delta de chez NFC (North Fork Composite) monté en spin­ning. L’avantage c’est que l’on entend le mou­linet chanter. Il opte pour des leurres métalliques, type jigs et slow jigging pour diversifier et optimiser la pêche. Les résultats ne se font pas attendre. L’action des jigs sur le fond agace les poissons. La méthode est très dyna­mique, il faut animer le leurre avec des grandes tirées sur plusieurs mètres et le laisser redescendre pour le faire papil­lonner. Les attaques peuvent survenir aussi bien à la montée qu’à la descente, la touche est d’autant plus intense et surprenante. Le jig peut aussi être animé à l’ascenseur et l’un des avantages est que l’on peut également ajouter un morceau de calamar ou autre sur l’assist pour le côté olfactif et gustatif. Il ne faut pas hésiter non plus à changer les gram­mages suivant le courant et les profondeurs.

J’en profite pour souligner le professionnalisme, la disponibilité et la simplicité de l’équipe Rodhouse. Les nombreux blanks sélectionnés par Goulven et les conseils donnés sur les réseaux sociaux – la fanzone – par toute l’équipe de Pros Staff, notamment Thanh (je pense aussi à Laurent), permettent aux pêcheurs de monter des cannes excep­tionnelles adaptées à leur morphologie et à leur type de pêche.

Le problème du Rodbuilding, c’est l’addiction ! Une fois que vous aurez monté votre première canne, vous ne vous arrêterez plus ! Le Rodbuilding permet de combler les moments creux d’une saison et de se plonger dans une technicité qui optimise toujours plus le plaisir de la pêche. Déterminer le nerf d’un blank, le positionnement de la poignée en fonction de son bras et le positionnement des anneaux pour augmenter la distance de lancer…bref, contactez-les et vous verrez par vous-même. (rodhouse.fr / bâmboo rods.).

Une sortie riche en rencontres

Nous pêchons sur des fonds importants, compris entre 60 et 80 mètres. Nous chargeons les leurres avec des têtes plombées entre 80 et 120 grammes. Les poissons s’enchaînent, mais un bruit sourd vient perturber notre concentration. Nous cherchons l’endroit précis de ce souffle et nous voyons apparaître un Rorqual à une centaine de mètres du bateau. L’instant est magique et nous nous arrêtons pour observer et écouter ce moment exceptionnel. Aucun bateau à l’horizon, nous sommes seuls au monde, que du bonheur ! Mais avec cette présence, nous remarquons une grosse baisse d’activité. Nous décidons de faire une pause et de faire le point sur la prochaine zone.

Nous changeons donc de spot et partons dans un endroit où le courant est bien plus important. Le HDS 12 Live de chez Lowrance entre de nouveau en action, et nous permet de balayer la zone très rapidement. L’écran est divisé en trois parties : d’un côté la cartographie, de l’autre le sondeur et le structure scan 3D qui permet d’identifier et de localiser précisément le poisson. L’historique du sondeur permet aussi de revenir sur les endroits les plus poissonneux. Avec un peu d’habitude, nous pouvons quasiment savoir de quelle espèce il s’agit. Pour les personnes qui souhaitent avoir des astuces sur les différentes fonctions des appareils Lowrance, Foucauld a réalisé une série de tutos très efficaces sur Youtube, et les équipes commerciales de MC Technologies sont présentes également sur les réseaux sociaux. Ils savent vous dépanner et vous aiguiller au moindre problème.

Nous optimisons toujours la pêche en diversifiant les leurres. Thanh opte pour un ténia et un morceau de tête de seiche, Goulven reste sur les leurres métalliques et moi j’opte de nouveau pour un leurre souple. Dès les premières dérives, les premiers poissons arrivent : lieus noirs et jaunes, daurades roses et tacots vien­nent au bateau, et retrouvent vite le chemin de la liberté. Sur un des tombants, Goulven touche un poisson qui se fait happer à la remontée, bloqué propre et net. Le moulinet commence à chanter, il décide de resserrer le frein, mais le poisson continue de lui dérouler une cinquantaine de mètres de tresse avant qu’elle ne casse. On se regarde hagard, et on pense immédiatement à un thon. Et oui, depuis quelques années, la popu­lation de thons augmente grâce à une préservation de la ressource et une légis­­lation stricte. Nous avons d’ailleurs, lors de cette journée, croisé quelques spécimens qui chassaient sur notre route.

Nous poursuivons les dérives dans une ambiance “rock’n roll”, la mer s’agite fortement avec le relief de la zone, les lieus s’enchaînent et soudain, plus une touche. L’écho montre des poissons tapis au fond, un banc de grands dauphins vient nous tenir compagnie. Nous profitons de ce moment pour naviguer avec eux car ils sont très joueurs et restent ancrés à notre bateau. Nous parvenons à les semer en nous dirigeant vers une zone plus profonde. Nous visons les 80 mètres pour trouver éventuellement des gros lieus et pourquoi pas des pagres. Mais seuls les tacots viendront chiper les morceaux de seiches de nos ténias. Sur ce même spot, nous observons le passage de quelques thons venant percer la surface pour attraper du poisson fourrage. Les attaques sont isolées et brèves.

La journée touche à sa fin. Nous en avons pris plein les yeux et la nature nous a ressourcés. Les sourires sont sur tous les visages et les images resteront gravées à jamais. Merci les amis, on remet ça quand vous voulez !